Qui est Jerome Powell, le nouveau patron de la Fed ?

Donald Trump a annoncé ce jeudi la nomination de Jerome Powell à la présidence de la Réserve fédérale. Déjà gouverneur de la banque centrale, celui-ci devrait s'inscrire dans la continuité de Janet Yellen, hormis sur les questions de régulation bancaire.
Jean-Christophe Catalon
A la veille de ses 65 ans, le 3 février 2018, Jerome Powell devrait succéder à Janet Yellen à la tête de la Réserve fédérale.

| Article publié le 02/11/2017 à 11h17, mis à jour à 21h12

Un calendrier flou, des déclarations dithyrambiques sur l'économiste John Taylor et même sur l'actuelle patronne de la Fed, Janet Yellen (dont il voulait la peau quelques mois plus tôt)... en expert de la télé-réalité, Donald Trump a su faire durer le suspense avant de désigner le prochain président de la Réserve fédérale.

Le président américain a enfin donner son verdict ce jeudi. Son choix s'est finalement porté sur Jerome "Jay" Powell qui, à la veille de ses 65 ans le 3 février prochain, succédera à la première femme de l'Histoire à occuper la présidence de la banque centrale américaine.

"Il a su forger un consensus autour des politiques monétaire et financières saines auxquelles il est attaché", a déclaré Donald Trump, lors d'une conférence de presse jeudi depuis le jardin de la Maison Blanche. "Je suis confiant dans le fait que Jay a la sagesse et le leadership pour guider notre économie."

Par ce choix, Donald Trump rompt avec la tradition. Depuis la fin de la Second Guerre mondiale, tous les présidents de la Fed ayant accompli un premier mandat ont été reconduits. De même, il s'agissait habituellement d'économistes de renom, or Jerome Powell est juriste de formation.

Les faveurs des républicains, des démocrates...

Avant de prendre officiellement son nouveau poste pour les quatre années à venir, Jerome Powell devra être confirmé par le Sénat. Une formalité pour celui-ci, tant son CV s'attire les faveurs des républicains comme des démocrates.

Membre du Grand Old Party, il a servi sous l'administration Bush père en tant que sous-secrétaire du Trésor. Après son passage en politique, il entre en 1997 comme associé dans le Groupe Carlyle, une société américaine de gestion d'actifs, avant de la quitter en 2005. Un argument supplémentaire en sa faveur pour les élus républicains, majoritaires au Sénat, qui généralement apprécient les candidats avec une expérience dans le privé.

La désignation de Jerome Powell est aussi un gage pour les démocrates. En tant que membre du Board de la Fed depuis 2012, sa fidélité aux décisions de la démocrate Janet Yellen rassure l'opposition. Jerome Powell a soutenu sans discontinuité la politique de taux bas de la patronne de la Réserve fédérale, ce qui le classe parmi les "colombes", ou "dovish" en anglais.

Ben Bernanke, ex-président de la Fed de 2006 à 2014, le décrit comme un "modéré", "bâtisseur de consensus", et rares sont ceux qui contredisent cette vision selon Market Watch.

... et des marchés

La nomination de Jerome Powell a rassuré les marchés car elle leur donne de la visibilité. Allergiques à l'incertitude, les investisseurs s'attendent eux aussi à une continuité des choix de politique monétaire, notamment la remontée progressive des taux et la poursuite de la réduction du bilan amorcées en septembre.

"Les taux vont rester bas longtemps, même s'ils vont remonter un peu, et la liquidité va continuer d'abonder même si la Fed a entamé un processus de réduction de son bilan, mais les choses seront si lentes que ce ne sera pas de nature à affecter les marchés financiers", estime Eric Bourguignon, directeur général délégué chez Swiss Life Asset Managers.

En revanche, la possible nomination du professeur John Taylor au poste de vice-président, un temps évoquée, pourrait créer le doute sur les orientations de la Réserve fédérale. Classé parmi les "faucons", ou "hawkish" en anglais, l'économiste plaide depuis longtemps pour une hausse plus marquée des taux, afin d'endiguer tout potentiel dérapage de l'inflation. Si Donald Trump confirme les spéculations, difficile de savoir comment ce duo s'entendra sur les décisions de politique monétaire.

En outre, sur les sept sièges qui composent le Board de la Fed, seuls quatre sont aujourd'hui occupés. De quoi laisser la voie libre pour la Maison Blanche de nommer des personnalités en accord avec ses ambitions politiques.

Dérégulation bancaire

Il ne faut pas s'y méprendre, Jerome Powell n'est pas une complète version masculine de son prédécesseur. A l'inverse de Janet Yellen, il ne s'oppose pas à l'allègement de la réglementation bancaire prévue par la Maison-Blanche, bien au contraire.

Lui-même partisan d'un allègement des contraintes de la loi Dodd-Frank de 2010 encadrant les activités des institutions financières, il a évoqué la possibilité de revoir la "règle Volcker", qui interdit aux banques de réaliser des transactions pour leur compte propre.

"Evidemment, les règles ont leur rôle à jouer mais elles devraient toujours tenir compte de l'impact qu'elles ont sur les marchés ; c'est un équilibre qu'il faut constamment évaluer. Réglementer plus n'est pas la meilleure réponse à n'importe quel problème", a insisté Jerome Powell début octobre lors d'une réunion de banquiers, d'avocats et d'investisseurs.

Cette position a certainement dû plaire au secrétaire du Trésor, Steven Mnuchin, chargé de porter la réforme. Celui-ci était en première ligne pour le choix du nouveau patron de la Fed, accompagnant Donald Trump à chacun de ses entretiens avec les candidats. Steven Mnuchin avait fait de Jerome Powell son favori et avait fortement incité le président américain à le désigner, selon Politico.

Sa nomination est cohérente avec celle, très récente, de Randal Quarles, confirmée début octobre par le Sénat en tant que vice-président de la Fed en charge de la supervision bancaire. Bien que critique envers la politique de Janet Yellen, il est surtout un fervent défenseur de la dérégulation. A ce sujet, il devrait s'entendre avec Jerome Powell, d'autant plus que leurs CV se ressemblent étrangement. Randal Quarles a servi comme sous-secrétaire du Trésor sous l'administration de Bush... fils cette fois, avant d'entrer comme associé... au Groupe Carlyle.

Jean-Christophe Catalon
Commentaire 1
à écrit le 05/11/2017 à 14:15
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Donc on en revient à la dérégulation CLINTON dont a résulté la folie financière qui nous a conduit à la crise de 2007 et au crash de septembre 2008 ! Et bien sûr le Comité de direction de la BCE ne trouvera rien à redire, pas davantage que le Conseil...

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