Introductions en Bourse en Europe : l'année 2022 sauvée du désastre par Porsche

Les volumes levés lors des introductions en Bourse (IPO) en 2022 ont reculé de 57% par rapport à 2021, à près de 36 milliards d’euros, sur la zone Europe/Moyen-Orient/Afrique. Sans l'IPO de Porsche, le recul aurait pu atteindre jusqu'à -70%. En France, les IPO se sont effondrées à moins de 500 millions d’euros, contre 4 milliards en 2021. En revanche, les recapitalisations ont décollé à 7,5 milliards, avec quatre augmentations de capital importantes (EDF, Air France-KLM, Faurecia et ALD).
L'introduction en Bourse du constructeur automobile a été la seule opération d'envergure en Europe cette année sur le marché primaire actions.
L'introduction en Bourse du constructeur automobile a été la seule opération d'envergure en Europe cette année sur le marché primaire actions. (Crédits : Reuters)

Dans la dernière ligne droite de l'année, la cotation de Porsche aura permis d'éviter une véritable déroute du marché des introductions en Bourse sur la zone Europe/Moyen-Orient/Afrique (EMEA), après une année 2021 exceptionnelle. Selon les chiffres compilés par Société Générale, le volume des introductions en Bourse a reculé cette année de 57% à 36 milliards d'euros, une baisse qui aurait été de près de 70% sans la mise en Bourse du constructeur automobile de haut-de-gamme par sa maison-mère Volkswagen pour un total de 9,1 milliards d'euros levés.

L'opération a été un succès, malgré une moitié des titres émis sans droit de vote. Le faible flottant, la notoriété de la marque, et un visa direct pour entrer dans l'indice DAX ont fait « qu'aucun gérant ne pouvait se désintéresser de l'opération », selon un banquier.

Sur la place de Paris, c'est pratiquement le désert, avec seulement 483 millions d'euros levés, dont 150 millions d'euros pour le seul producteur d'énergies vertes Lhyfe, et autant pour le SPAC eureKING (ciblé sur la santé).

Fort impact des taux sur les investisseurs

Globalement, l'activité s'est concentrée cette année sur les secteurs liés à l'énergie et la transition énergétique alors que les introductions dans les secteurs industriels ou de la Tech, généralement issues du private equity, ont clairement disparu du marché.

Le changement radical de politique monétaire - et la chute concomitante des marchés - est souvent avancé comme principale raison de la chute de l'activité sur les marchés primaires actions.

L'absence de visibilité sur l'évolution des taux rend en effet difficile la prise de décision pour investir. Cette incertitude devrait cependant se dissiper dans les prochains mois alors que la situation sur les taux devrait se stabiliser.

Des « perspectives pas très bonnes »

A noter cependant que les principales introductions en Bourse de l'année se sont en fait réalisées au Moyen-Orient, ce qui est un fait nouveau et montre combien ce marché a gagné en liquidité ces dernières années.

Toutefois, l'année 2023 s'annonce compliquée.

« Je m'attends à très peu d'introductions en Bourse sur le premier semestre. Les investisseurs vont attendre les résultats des entreprises et leurs perspectives à l'horizon 2025 avant de se prononcer. Et je pense que ces perspectives ne seront pas très bonnes », avance un banquier.

Quant à la Tech, elle devra sans doute reporter ses projets d'introduction en Bourse à 2024 compte tenu de l'effondrement des valorisations.

Boom des recapitalisations

Sur le marché primaire, ce sont surtout les augmentations de capital qui se sont distinguées cette année, avec plusieurs grosses opérations, notamment en France, avec EDF (3,16 milliards d'euros), Air France-KLM (2,25 milliards), ALD (1,2 milliard, en cours de closing), Faurecia (705 millions) ou bien Voltalia (490 millions).

« Cette thématique de recapitalisation, qui a déjà commencé cette année, devrait croître l'an prochain », estime ce même banquier. Les entreprises se sont en effet massivement endettées à bas coûts ces dernières années, quitte à dégrader leur ratio d'endettement, et pourraient être contraintes de se refinancer via des augmentations de capital ou via des émissions de dettes hybrides, comme les obligations convertibles en actions, un autre compartiment qui pourrait se développer fortement.

Sur le marché français, les recapitalisations ont ainsi représenté plus de la moitié (51%) des montants levés sur le marché primaire en 2022 (soit 7,5 milliards sur un total de 14,7 milliards), une proportion inédite depuis la crise de 2009, mais qui ne devrait pas se renouveler l'an prochain.

« Le sentiment est que les entreprises sont plutôt en attente avant de se lancer dans de la croissance externe, et elles sont globalement bien capitalisées », estime le banquier.

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