Casino : Jean-Charles Naouri gardera-t-il le contrôle de son groupe ?

Le PDG et premier actionnaire du groupe de distribution, Jean-Charles Naouri, se donne avec la procédure de sauvegarde sur Rallye du temps pour renégocier sa lourde dette. La question de sa perte de contrôle sur le groupe se pose.
Casino emploie 220.000 personnes, dont 70.000 en France (ici, à Nemours).
Casino emploie 220.000 personnes, dont 70.000 en France (ici, à Nemours). (Crédits : Sipa)

« Aucune conséquence pour Casino » ! C'est ce qu'a martelé le directeur financier du groupe de distribution stéphanois après l'annonce du placement en procédure de sauvegarde jeudi 23 mai de Rallye, la maison mère de Groupe Casino (avec 51,7 % du capital et 63 % des droits de vote) ainsi que de Go Sport. La décision inquiète cependant les syndicats du groupe employant 220.000 personnes dont 70.000 en France. Le Groupe Casino, qui possède les enseignes Franprix, Leaderprice, Monoprix, Naturalia, mais aussi Cdiscount et le premier distributeur brésilien Groupo Pao de Açucar, est certes endetté à hauteur de 2,7 milliards d'euros mais il n'est pas concerné par cette procédure. L'agence S&P a toutefois dégradé mardi 28 mai la note de crédit de Casino de BB- à B, estimant que la procédure crée un risque pour Casino et ses créanciers.

Le PDG de Groupe Casino et son premier actionnaire, Jean-Charles Naouri, a demandé au tribunal de commerce de Paris cette procédure pour Rallye et la cascade de holdings (Euris, Finatis, Foncière Euris) qui lui assure le contrôle, afin de suspendre le paiement de ses dettes pendant six mois (renouvelable sur 18 mois en tout) dans le but de négocier un rééchelonnement avec ses créanciers. Rallye ploie sous une dette nette de 2,89 milliards d'euros, dont 1,3 milliard sous forme d'obligations (celle de Foncière Euris s'élève à 180 millions, celle de Finatis à 104 millions, celle d'Euris à 112 millions).

Or Casino constitue son principal actif (98 % de son chiffre d'affaires), mais sa capitalisation boursière, qui s'élève à 3,4 milliards d'euros (quatre fois moins que Carrefour) a baissé de 40 % en trois ans. C'est aussi sa garantie pour sa dette bancaire auprès de ses créanciers (dont BNP Paribas, Crédit Agricole CIB, CIC-Crédit Mutuel, HSBC, Natixis-BPCE) : Rallye a indiqué avoir nanti la « quasi-totalité » de ses actions.

Bien avant Patrick Drahi dans les télécoms, Jean-Charles Naouri, 70 ans, a construit depuis 1991 son empire de la distribution sur de la dette. Sa gestion et sa gouvernance sont attaquées depuis 2015 par le fonds activiste américain Muddy Waters, qui dénonce « le siphonnage de Casino, de ses actifs et de ses liquidités » par Jean-Charles Naouri.

L'étalement ne suffira pas

L'action Casino a rebondi de plus de 10 % depuis l'annonce de la procédure de sauvegarde qui a pris de court les vendeurs à découvert (« short-sellers »), comme Muddy Waters, qui représentent 35 % du capital flottant : c'est le titre le plus « shorté » de la Bourse de Paris. Si Rallye indique ne pas avoir perdu le contrôle de Casino, le maintien ne semble pas assuré.

Un simple étalement de la dette (jusqu'à dix ans) risque de ne pas suffire. Il faudra sans doute passer par une conversion des obligations en capital, les créanciers obligataires devenant ainsi actionnaires de Rallye, potentiellement majoritaires.

« La seule voie de sortie consisterait en une réduction drastique de la dette se soldant par un changement de contrôle et un départ de Jean-Charles Naouri », estiment même les analystes de Kepler Cheuvreux.

Cet éventuel changement laisse craindre aux salariés des conséquences sur le plan social dans un groupe qui a évité les plans d'ampleur de son concurrent Carrefour.

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Commentaires 3
à écrit le 06/06/2019 à 10:10
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Impossible de lier commerçant et financier, Mr Jean Charles Naouri a construit son empire par des combines boursières et Mr Max (Monoprix) a construit son empire en faisant du commerce. Philippe Houzé a modernisé monoprix, peut être pas assez mais s...

à écrit le 06/06/2019 à 10:08
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Impossible de lier commerçant et financier, Mr Jean Charles Naouri a construit son empire par des combines boursières et Mr Max (Monoprix) a construit son empire en faisant du commerce. Philippe Houzé a modernisé monoprix, peut être pas assez mais s...

à écrit le 04/06/2019 à 9:23
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je veux pas etre mechant, mais outre les pbs structurels qui existent, rallye a ete envoye au tas par un fonds ( muddy waters, de memoire), qui apres avoir pris des positions short, en expliquant que le titre etait en faillite, a revendu une fois l'o...

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