Singapour instaure à son tour une taxe carbone

La ville-État de Singapour annonce, ce lundi 19 février, que les entreprises émettant plus de 25.000 tonnes de gaz à effet de serre par an devront s’acquitter d’une taxe à compter du 1er janvier 2019.
Dominique Pialot
Singapour envisage de mettre en place une taxe carbone en 2019.

Un prix unique du carbone appliqué dans le monde entier, s'il reste le Graal espéré par de nombreux acteurs économiques, et parfois un prétexte pour repousser à plus tard les investissements qui ne seraient pas immédiatement rentables dans les conditions actuelles, semble encore loin. Pour certains économistes, cette obsession serait même contre-productive dans la lutte contre le changement climatique.

En revanche, la multiplication de tarifications du carbone ne peut qu'être saluée. En avril 2017, la Banque mondiale recensait leur existence dans 42 États, et plus de la moitié des signataires de l'accord de Paris se sont engagés à mettre en place ou étudier un mécanisme de financement climat.

Multiplication de marchés du carbone régionaux

Celui-ci peut prendre deux formes, soit un marché « cap and trade », soit une taxe. Le premier consiste en un marché de quotas dont la quantité est plafonnée (cap), que peuvent s'échanger les entreprises assujetties selon qu'elles ont ou non atteint leurs objectifs d'émissions de gaz à effet de serre. Ce système, appliqué en Europe depuis 2005 au sein de l'ETS, est également testé par la Chine dans sept provinces et doit être élargi prochainement à l'ensemble du territoire. Des systèmes similaires existent par exemple aux États-Unis, où le Regional Greenhouse Gas Initiative (RGGI) regroupe dix états du Nord-Est depuis 2009.

Suède,  Royaume-Uni et France ont choisi la taxe

D'autres pays optent pour une taxe carbone. La Suède, l'un des pionniers, l'a mise en place dès 1991. Elle atteint aujourd'hui 120 € la tonne de CO2. C'est grâce à une taxe carbone que le Royaume-Uni a mis fin à l'exploitation de ses centrales à charbon.

En France, la « contribution climat-énergie » (CCE) prend depuis 2014 la forme d'une « composante carbone » ajoutée progressivement à la taxe existante sur les carburants, dite "taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques" (TICPE , anciennement TIPP). Elle est proportionnelle aux émissions de CO2 du produit concerné. De 44,50 € la tonne au 1er janvier 2018, elle augmentera progressivement dans les prochaines années, jusqu'à atteindre un montant de 100 euros minimum en 2030.

Seulement 15% des émissions mondiales couvertes

C'est aujourd'hui Singapour qui annonce une taxe pour 2019. D'un montant de 5 dollars de Singapour (3 euros) jusqu'en 2023, elle pourra être augmentée pour atteindre 10 à 15 dollars de Singapour (6 à 9 euros) d'ici à 2030. Elle s'applique aux entreprises de tous secteurs émettant plus de 25.000 tonnes de GES par an, c'est-à-dire principalement les raffineries de pétrole, les industries chimiques et les fabricants de semi-conducteurs.

Certes, la taille de Singapour ne changera pas réellement la donne quant au volume total des émissions couvertes, qui plafonne à 8 milliards de tonnes équivalent CO2, soit à peine 15 % des émissions mondiales. Mais sur un plan symbolique, c'est un acteur de plus qui se convertit à l'économie bas-carbone.

Dominique Pialot

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Commentaire 1
à écrit le 19/02/2018 à 15:24
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"elle augmentera progressivement dans les prochaines années, jusqu'à atteindre un montant de 100 euros minimum en 2030" et 200(250?) en 2050 ? Là le prix du gaz sera (sans doute) équivalent à celui de la taxe CO2, 50% de la facture.

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