Le 8 juillet dernier, après la présentation de la stratégie d'électrification de Stellantis, les observateurs étaient sceptiques. Certes, le groupe, né de la fusion début 2021 de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler, avait bien annoncé casser sa tirelire avec un plan d'investissement de 30 milliards d'euros d'ici 2025 pour électrifier sa gamme. Mais une donnée majeure manquait : l'agenda précis de cette transformation industrielle massive qui impactera toutes les marques du groupe. Seules les échéances autour d'Opel (à horizon 2028), Fiat en 2030 et Abarth (dès 2024) avaient été été communiquées. Dès la fin du mois de juin, le géant Volkswagen annonçait, lui, la fin de la commercialisation de l'ensemble de ces véhicules thermiques sur le marché européen entre 2033 et 2035, en accord avec la nouvelle réglementation européenne.
11 véhicules de la gamme en plus seront 100% électriques
Lors d'une communication financière ce mardi 3 août - dans laquelle le groupe affiche une marge opérationnelle record de 11,4% et un bénéfice net au premier semestre 2021 de 5,9 milliards d'euros -, l'entreprise franco-italienne a levé un peu plus le voile sur son calendrier. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que Stellantis compte bien accélérer. Les marques premium du groupe seront parmi les premières à prendre le virage 100% électrique, face à Jaguar qui prévoit la grande bascule en 2025 et Volvo en 2030.
Le groupe mise sur la mutation de ses marques premium, avec un calendrier ambitieux. Lancia deviendra ainsi 100% électrique en 2026 dans le monde et Alfa Romeo en 2027 sur ses principaux marchés (Europe, Amérique du Nord, Chine), a annoncé mardi la maison mère des marques italiennes. Quant à la troisième marque premium du groupe, DS, le constructeur ne lancera que des véhicules électriques à partir de 2024. Toutefois, ces marques ne représentent pas l'intégralité des volumes de ventes du groupe.
L'entreprise a annoncé ce mardi ajouter à sa gamme 11 véhicules 100% électriques au cours des 24 prochains mois soit un total de 22 véhicules à cette échéance. Selon les projections du groupe, Stellantis commercialisera 55 voitures électrifiées en Europe et aux Etats-Unis avant 2025. Lors de la présentation du plan stratégique, début juillet, le PDG du groupe Carlos Tavares annonçait vouloir ainsi atteindre un mix d'électrification de 70% de ses ventes d'ici 2025 en Europe, soit 10 points au-dessus de ce qui est attendu sur l'ensemble du marché. Il vise les 40% aux Etats-Unis où il va accélérer la transformation de ces gammes, récupérées dans l'escarcelle du rachat de FCA : Dodge et RAM.
Une nouvelle division afin de booster l'expertise logicielle
Pour cela, le groupe va devoir accélérer la mise en place d'un chaîne de valeur tournée vers l'électrification. Et la partie logicielle est un des segments clés. Carlos Tavares a annoncé ce mardi qu'une division software est en cours de déploiement au sein du groupe. L'expertise logicielle est une nouvelle donnée à prendre en compte pour les constructeurs automobiles, permettant d'optimiser la gestion des équipements et des batteries. C'est notamment le cœur de la révolution Tesla.
Il s'agit également, dans ce modèle industriel tourné vers le 100% électrique, de répondre à la demande de batteries. Lors de l'Assemblée générale des actionnaires de Stellantis, Carlos Tavares avait ainsi indiqué qu'après la gigafactory de Douvrin (Nord de la France) et de Kaiserslautern (Allemagne), deux autres sites, notamment en Amérique du Nord, devraient être construits. Ces deux sites, en cours de construction, auront une capacité de 50GWh, or, Stellantis table sur une demande de 130 GWh en 2025 et 250 GWh en 2030. La construction de sa troisième usine de batteries sera localisée en Italie.
Enfin, pour faciliter la transition, les quatorze marques du groupe pourront également piocher dans un catalogue commun mais restreint de bases technologiques pour développer leur modèles: quatre plateformes, trois modules de propulsion électrique incluant moteur, boîte de vitesses et convertisseur.
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