Si chez EDF on fulmine contre la décision de l'Etat de vendre l'électricité à prix cassés aux concurrent, les consommateurs sont au contraire ravis : sans les mesures prises par l'Etat et celles imposées à EDF, qui limitent l'augmentation du tarif réglementé de l'électricité de 4% à partir de février, il aurait bondi de 44,5% pour les particuliers au 1er février.
Selon la Commission de régulation de l'énergie (CRE), la hausse, qui aurait été de 330 euros par an pour un client résidentiel, ne sera que de 38 euros. Soit près de 300 euros d'économies. Pour un client professionnel, l'augmentation ne sera que d'environ 60 euros par an contre 540 euros. Pour en arriver-là, le gouvernement a annoncé jeudi dernier qu'il augmenterait de 100 à 120 térawatts-heure (TWh) les volumes qu'EDF doit céder à ses concurrents dans le cadre du dispositif Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), une mesure susceptible d'avoir un impact de 7,7 à 8,4 milliards d'euros sur les résultats du groupe. Ces mesures interviennent alors que l'État va d'abord abaisser au minimum la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité (TICFE), une mesure qui permet à elle seule ramener la hausse des TRVE à 20,04% TTC pour les ménages.
Le gendarme de l'énergie a annoncé une évaluation de l'éventuel rattrapage à réaliser en 2023 sur les tarifs réglementés de vente d'électricité (TRVE), dont le niveau dépendra des prix de marché en 2022 et des éventuelles mesures qui seront prises.
Pas de rente indue pour les concurrents
Face à ce qui pourrait être une aubaine pour les concurrents d'EDF, la CRE entend jouer à plein son rôle de régulateur. Jean-François Carenco, le président de la CRE, chargée de surveiller la vente d'électricité à bas prix par EDF à ses concurrents, a promis dimanche de dénoncer toute éventuelle "rente indue" de ces fournisseurs.
Le Sénat critique
Par ailleurs, la commission des Affaires économiques du Sénat a critiqué ce mercredi les mesures gouvernementales, en jugeant qu'elles "fragilisent durement" l'énergéticien alors qu'il "doit financer des investissements colossaux". Dans son communiqué, la commission, des Affaires économiques du Sénat, présidée par la LR Sophie Primas, déplore des mesures "mal anticipées, peu évaluées et mal calibrées" et dit "s'interroger sur la stratégie d'ensemble du gouvernement face à la flambée des prix des énergies".
Elle estime ainsi que "le gel tarifaire annoncé quelques semaines avant le premier tour de l'élection présidentielle est une mesure de court terme, qui pèsera sur l'ensemble des fournisseurs d'énergie et se répercutera in fine sur les consommateurs, particuliers comme professionnels, dès 2023".
La commission déplore également que le relèvement du plafond de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique, ndlr) "associé à la limitation des tarifs réglementés de vente de l'électricité (TRVE), représente une perte de 8 milliards d'euros pour le groupe EDF".
"Ce relèvement intervient alors qu'EDF, grevé d'une dette de 42 milliards d'euros, doit financer des investissements colossaux" dans le secteur nucléaire ou pour la transition énergétique, et "cette situation, à laquelle s'ajoutent les incertitudes sur l'ampleur, le calendrier et les financements de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, fragilise durement l'énergéticien français", affirme la commission.
"Je regrette que les mesures annoncées par le gouvernement pour remédier à la flambée des prix des énergies soient prises par à-coups, avec un manque d'anticipation, d'évaluation et de cohérence. Car cette flambée des prix, au sortir de la crise de la Covid-19, avait été prédite par bon nombre d'économistes", a commenté Daniel Grémillet (LR), président du groupe d'études Energie du Sénat, cité dans le communiqué.
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