Relance du nucléaire : un « couple franco-britannique » plutôt que franco-allemand

A défaut de s’entendre avec plusieurs de ses voisins européens sur le sujet, en premier lieu l’Allemagne et l’Espagne, la France se tourne vers le Royaume-Uni pour renforcer ses positions dans le nucléaire. En effet, les deux pays ont signé ce vendredi un partenariat afin de consolider leur collaboration dans le domaine, alors qu’EDF participe à la construction des deux EPR de Hinkley Point C, et est entré au capital du projet de la nouvelle centrale Sizewell C, prévue dans l’est de l’Angleterre.
Marine Godelier
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Rishi Sunak se rencontrent ce vendredi 10 mars à Paris lors d'un sommet visant à rétablir les relations après les tensions post-Brexit, à améliorer les liens militaires et commerciaux et à renforcer les efforts contre les traversées de migrants par la Manche.
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Rishi Sunak se rencontrent ce vendredi 10 mars à Paris lors d'un sommet visant à rétablir les relations après les tensions post-Brexit, à améliorer les liens militaires et commerciaux et à renforcer les efforts contre les traversées de migrants par la Manche. (Crédits : Kin Cheung / Pool via Reuters)

Il n'y a pas qu'avec les pays de l'Union européenne que la France fraternise pour relancer le nucléaire sur le Vieux continent. Car après avoir annoncé, fin février, le coup d'envoi d'une « alliance » sur le sujet avec dix membres des Vingt-Sept, Paris tisse cette fois sa toile au Royaume-Uni. Et projette d'entamer une coopération encore plus étroite avec Londres sur le sujet, alors que l'entreprise tricolore EDF participe déjà à la construction des deux réacteurs EPR dans le Somerset (Hinkley Point C), mais aussi au projet de nouvelle centrale à l'est du pays, baptisée Sizewell C.

Lire aussiLes déboires s'accumulent pour EDF dans le nucléaire: le chantier des EPR de Hinkley Point dérape encore, la facture s'envole

En effet, à l'occasion du sommet franco-britannique organisé ce vendredi 10 mars à l'Élysée, le Premier ministre anglais Rishi Sunak a signé avec le gouvernement français deux partenariats majeurs, en-dehors des textes sur la lutte contre l'immigration illégale ou la défense. L'un porte sur l'énergie en général, et cible une collaboration globale plus poussée qu'avec « n'importe quel autre pays » entre Paris et Londres afin de « coordonner leurs positions », explique le cabinet de la ministre tricolore de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

Rishi Sunak, Emmanuel Macron

Déploiement de l'hydrogène issu du nucléaire

L'autre se focalise sur le nucléaire en particulier, et « illustre une convergence assez unique » sur cette question. « Il s'agit de textes symboliquement très forts » qui se traduiront par des « échanges sur les plans technique et politique », notamment pour ce qui est du « développement des compétences » et des « technologies nucléaires innovantes », précise-t-on dans l'entourage de la ministre.

Dans la déclaration de coopération sur l'atome, signé en présence des PDG d'EDF et d'Orano, de l'administrateur général du CEA, de la directrice du projet Sizewell C et de son homologue à Hinkley Point C, les deux pays s'engagent ainsi à renforcer leur collaboration pour « les nouvelles constructions, la diversification énergétique, le démantèlement, la gestion des déchets, la recherche et le développement (y compris pour le déploiement sûr et sécurisé de petits réacteurs modulaires, les SMR), les compétences, la chaîne d'approvisionnement, la fusion et la sûreté ».

Alignés sur l'hydrogène bas carbone

Et pour cause, « les événements mondiaux récents ont mis en évidence l'importance et la valeur de l'énergie nucléaire pour parvenir à un approvisionnement énergétique résilient et diversifié », peut-on lire dans le document.

Par ailleurs, Londres et Paris y réaffirment leur intention de s'attaquer aux obstacles au déploiement de l'hydrogène bas carbone (c'est-à-dire issu du nucléaire), un sujet pour le moins électrique dans l'UE, puisque l'Allemagne, le Luxembourg, l'Autriche ou encore l'Espagne se montre très réticents. A défaut de s'entendre avec son voisin allemand, décidément opposé à la fission de l'uranium, l'Hexagone peut donc compter sur la Grande-Bretagne pour l'épauler en la matière, trois ans après le Brexit.

700 millions de livres sterling pour le lancement de Sizewell C

Il faut dire que Londres a fait du développement du nucléaire l'une des priorités de sa stratégie énergétique. Alors que la plupart de ses quinze réacteurs arrivent en fin de vie et que la seule centrale en construction, Hinkley Point C portée par EDF et le chinois CGN, a vu ses coûts s'envoler et n'entrera pas en service avant 2027, l'exécutif a lancé un vaste programme de renaissance de l'atome. Dès avril 2022, l'ancien Premier ministre Boris Johnson a en effet annoncé son intention de bâtir huit nouveaux réacteurs, avant de promettre en septembre 700 millions de livres sterling (788 millions d'euros) pour le lancement des deux EPR Sizewell C - le premier soutien de l'État à un projet nucléaire en Grande-Bretagne depuis plus de 30 ans.

Lire aussiNucléaire : Londres sort le groupe chinois CGN du projet de centrale de Sizewell C et devient actionnaire aux côtés d'EDF

En novembre dernier, CGN est d'ailleurs sorti du capital de Sizewell C, et ses parts ont été rachetées à proportion égale par EDF et la Grande-Bretagne. Une « décision historique » qui « réitère la confiance que le Royaume-Uni accorde à la technologie EPR et au nucléaire dans sa politique énergétique », s'était alors félicité EDF. « Vous nous aidez à sécuriser notre approvisionnement en nucléaire grâce à l'incroyable travail d'EDF à Sizewell C », a ainsi déclaré Rishi Sunak ce vendredi. Reste néanmoins à trouver un accord de financement avant de pouvoir prendre une décision finale d'investissement, et commencer la construction de la fameuse centrale.

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Commentaires 15
à écrit le 12/03/2023 à 9:01
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On ferait mieux de profiter des bienfaits du célibat quitte a aller aux tepus en achetant des réacteurs américains, coréens ou autres. Une tendre et légitime pour la vie c'est vraiment trop cher, on a plus les moyens.

à écrit le 11/03/2023 à 15:35
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Emmanuel Macron est un bon Président

le 11/03/2023 à 18:13
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MQCRON: 600 milliards d'euros de dettes supplémentaires en 3 ans; 3.000 milliards en tout; balance des paiements à moins 160 milliards lorsque l'Allemagne en engrange 200 et SCHOLZ fait fi de l'UE et de MACRON; MACRON se prend pour un Xi Jing PING qu...

le 12/03/2023 à 7:13
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Votre commentaire demande une argumentation sinon il n'a pas de valeur

à écrit le 11/03/2023 à 11:10
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SUNAK aujourd'hui, SCHOLZ hier, MACRON est le Pigeon utile, pour l'un de sa politique migratoire "je paie 500 millions" et tu gardes ta frontière à Calais; l'autre je suis riche et je m'affranchit de tout ce que MACRON et l'UE, demandent ou exigent c...

le 11/03/2023 à 13:48
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la renaissance du déclin est en marche )

à écrit le 11/03/2023 à 9:55
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Bonjour, L'avenir de la france est dans l'union européenne.... Donc ils est inutiles d'envisager des relation économique spécifique avec la GB ... D'ailleurs cela s'est toujours terminé de la même fassions ... l'Angleterre se joue de la france ...

le 11/03/2023 à 10:19
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Comme avec l'Allemagne qui se joue également de la France et avec qui nous finissons également toujours par être les dindons de la farce .

à écrit le 11/03/2023 à 1:55
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La France a enfin compris que l'Allemagne n'est pas un partenaire fiable et encore moins un pays ami, c'est notre pire ennemi. Par contre le RU constitue un allier plus naturel , béni soit le Brexit qui l'a éloigné de l'UE. Et à notre tour de prend...

le 11/03/2023 à 10:02
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Arrêter de la GB n'a jamais etait un alliés de la france... Lors des deux guerres mondiale, l'action de la GB a toujours était ambigus vie a vie de la france ... Ensuite , la GB a toujours etait opposé a la vivions européenne de la france... Don...

le 11/03/2023 à 10:49
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« RU allié naturel de la France ». J’en doute.Par contre,allié des USA pour faire capoter le contrat des sous -marins australiens,c’est sûr.GB= porte d’entrée en Europe des USA.

à écrit le 11/03/2023 à 0:18
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Un bel attelage de financiers ou la marche des fiertés franco-britanniques... reste à savoir qui mène la danse.

à écrit le 11/03/2023 à 0:13
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Zut ! On m'avait dit que sortir de l'UE, c'était se replier sur soi...

à écrit le 10/03/2023 à 23:42
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Le freluquet va se faire rouler par plus malin que lui.

à écrit le 10/03/2023 à 18:36
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Sur le fond, nous avons plus d'atomes (crochus) en commun avec les Anglais qu'avec les Allemands...d'où les centrales nucléaires 😂.

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