Reprise économique et hausse des prix du pétrole : le cercle vicieux

Par Thomas Porcher, docteur en économie, consultant en stratégies pétrolières et enseignant à l'université de Paris I Panthéon Sorbonne et Paris V René Descartes (auteur d'"Un baril de pétrole contre 100 mensonges", Editions Respublica).

Certains économistes, en se basant sur le rétablissement des indicateurs comme les ventes de maisons aux Etats-Unis ou les exportations chinoises, annoncent une reprise économique fin 2009, début de 2010. Espérons qu'ils aient pris en compte dans leurs prévisions, l'éventualité d'une augmentation des prix du pétrole. Car un prix du baril élevé pourrait peser sur la croissance et rendre plus difficile que prévu la sortie de crise.

Or, la demande de pétrole est étroitement liée à la croissance économique mondiale et l'analyse actuelle du marché du pétrole semble indiquer qu'une reprise de la demande risque de provoquer de fortes tensions sur les prix pour plusieurs raisons.

Premièrement, l'offre de pétrole mondiale est soumit à une double compression de l'offre : la compression de l'offre des pays de l'Opep annoncée au deuxième semestre 2008, et toujours maintenue suite à la dernière réunion à Vienne, et la compression de l'offre des pays non-Opep décidée par les compagnies pétrolières qui refusent d'utiliser des gisements non rentables. En effet, la hausse des prix du baril avait fortement augmenté les investissements dans la recherche de nouveaux gisements plus coûteux avec un coût du baril rentable à plus de 100 dollars le baril.

La baisse des prix du pétrole a tout simplement stoppé ces investissements car, avec le prix actuel, la vente de ces barils serait une perte. Au final, la baisse du prix du pétrole baisse également l'offre future de pétrole pouvant provoquer des pénuries futures. Le marché pétrolier est donc géré par un stabilisateur automatique qui empêche le prix du baril de rester durablement bas quand il a été haut pendant une certaine période.

Deuxièmement, et malgré la double compression, l'offre reste supérieure à la demande. Il faut noter que depuis le début de la crise, l'offre n'a fait que poursuivre la chute de la demande sans jamais la devancer. Or si la chute de l'offre est inférieure à la chute de la demande, alors le prix ne peut être que ralenti dans sa baisse. Pour que les prix remontent, il faut que la chute de l'offre soit au moins équivalente à celle de la demande, ou inversement que la demande se rapproche de l'offre.

Donc, dans ce contexte d'annonce de reprise, le bon choix stratégique serait de ne pas toucher son offre et de laisser la demande augmenter car à mesure qu'elle s'approche de l'offre, des tensions s'exercent sur le marché et le prix du baril augmente : c'est d'ailleurs le choix stratégique adopté par l'OPEP à leur dernière réunion.

Dans ce contexte, la reprise économique pourrait créer un cercle vicieux car elle augmenterait la demande de pétrole qui provoquerait une forte hausse des prix ce qui pèserait à nouveau sur la reprise économique.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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T Porcher vient de réinventer la loi de l'offre et de la demande. Une grande découverte...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Sauf que beaucoup d'économistes n'ont pas vraiment l'air de la comprendre... retour aux fondamentaux au lieu de cherhcer l'équation qui tue...

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