Assainir les finances publiques par une baisse des dépenses en faveur des associations

OPINION. Les dépenses publiques aux associations sont des dépenses de fonctionnement. Elles sont en très fortes augmentation, environ 800% de hausse en valeur nominale entre 2011 et 2022. Par François Facchini, professeur agrégé des Universités, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Centre d’Economie de la Sorbonne).
(Crédits : Photo by Christian Dubovan on Unsplash)

Les agences de notation Fitch et Moody's ont maintenu inchangée la note souveraine de la France. Le 31 mai 2024 l'agence Standard & Poor's qui note la France AA soit Aa2 pour Moody's proposera son évaluation.

Pour des raisons indépendantes des coûts de la dette, et en particulier parce que la France s'est engagée auprès de ses partenaires de la zone euro à réduire son déficit public et finalement sa dette et parce qu'au-delà d'un certain niveau la dette publique et la dépense ont des effets négatifs sur la croissance et le rendement de l'impôt, la baisse des dépenses publiques doit rester une priorité. Cette baisse peut se faire à système institutionnel inchangé ou pas.

Si on ne touche pas au modèle social français (santé, retraite, famille) on peut envisager de réduire l'écart entre ce que verse la France au budget européen et ce qu'elle reçoit. L'économie potentiel est entre 5 et 10 milliards d'euros.

Une autre piste peut être explorée, la baisse des dépenses en faveur des associations.

Le gisement d'économie est équivalent. Il est entre 5 et 10 milliards d'euros. Les dépenses publiques aux associations sont des dépenses de fonctionnement. Elles sont en très fortes augmentation, environ 800% de hausse en valeur nominale entre 2011 et 2022. Ces dépenses sont passées de 1,2 milliard d'euros à 11 milliards d'euros (Figure 1).

Cette hausse spectaculaire des dépenses publiques en faveur des associations est en grande partie la conséquence de la politique dite du New Deal associatif de 2015. Cette politique avait fait des associations un vecteur de citoyenneté et d'égalité. Elle se plaçait dans la suite de la Grande Cause 2014 dédiée à l'engagement associatif, de la charte des engagements réciproques signée le 14 février 2014, et des travaux conduits par les parlementaires sur la situation des associations (rapports de Mme Dumas et M. Blein) et des réflexions sur la promotion de l'engagement des actifs.

Une telle baisse a plusieurs vertus.

i) Elle réduit les déficits grâce à la baisse d'une dépense de fonctionnement et ne touche pas aux dépenses publiques d'investissement (Recherches & Développement, Education, infrastructure, etc.). Elle améliore en ce sens la structure des dépenses publiques en baissant la part relative des dépenses improductives par rapport à la part des dépenses productives.

ii) La baisse des dépenses permet de réduire les déficits et finalement de diminuer la charge d'intérêt de la dette. Ce qui a aussi pour conséquence de réduire le montant des dépenses improductives.

iii) Le dernier argument que l'on peut avancer en faveur d'une telle politique est de limiter l'insincérité de l'engagement associatif. La croissance sans précédent des dépenses en faveur des associations a suscité la création d'associations opportunistes qui n'existent que pour toucher des aides publiques. Cela peut être approché par le nombre des versements qui ne cesse d'augmenter, des versements plus nombreux et d'un montant moyen de plus en plus élevé (Figure 1).

F Facchini

Figure 1

Histoire des dépenses publiques en faveur des associations, de leur montant moyen et du nombre des versements (2011-2022)

Sources : information obtenu grâce à la lecture des Jaunes Budgétaires. Annexe au projet de loi de finances entre 2014 et 2024. Effort financier de l'Etat en faveur des associations. Crédits attribués aux associations régies par la loi du 1° juillet 1901 relative au contrat d'association annexé au Projet de Loi de Finance (annexe jaune).

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Commentaires 10
à écrit le 06/05/2024 à 18:53
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Petite anecdote vraie , notre maire était en délicatesse avec la cour régionale des comptes , il invite ses avocats au restau pour faire le point sur l'affaire , en suivant le restaurateur adresse sa note à la mairie aussitôt interceptée par le dire...

à écrit le 06/05/2024 à 18:45
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Les associations servent surtout à employer des fidèles des politiques en place , en cas de changement de majorité au niveau local ou national l'assoc disparait faute de subventions et une autre apparait qui recrute des sympathisants de la nouvelles ...

le 07/05/2024 à 9:13
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Comme on dit en politique, quand tous les dégoûtés sont partis, il ne reste que les dégoûtants et ça s'applique aussi très bien aux électeurs, les derniers continuant à voter étant le plus souvent des retraités défendant leur avantages ou bien des em...

à écrit le 06/05/2024 à 15:19
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Il faut fermer le robinet à toutes les associations . L'état doit avoir un regards sur les activités et les financements mais ne doit pas financer ses associations et groupes de tous bords . Trop de magouille, de politique ,de manipulation, de mens...

à écrit le 06/05/2024 à 15:00
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Il faut fermer le robinet à toutes les associations . L'état doit avoir un regards sur les activités et les financements mais ne doit pas financer ses associations et groupes de tous bords . Trop de magouille, de politique ,de manipulation, de mens...

à écrit le 06/05/2024 à 9:17
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Le problème c'est toujours la vitesse et quantité de monnaie en circulation par manque de confiance !

à écrit le 06/05/2024 à 8:42
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Pourquoi pas ? mais il fait s attendre a une levee de bouclier des biens pensant quand on va supprimer leur subvention. De toute facon c est pas la ou est le principal gisement d economies. 50% des depenses c est pour les retraités (paiement des pens...

le 06/05/2024 à 10:35
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D'autant plus que les associations, c'est des emplois et donc de la consommation car une personne payée autour du Smic dépense tout ce qu'elle gagne alors qu'une bonne partie des dépenses versée aux retraités est au mieux stérilisé en épargne improdu...

le 06/05/2024 à 11:13
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Et quand j'écris "c'est des emplois", je sous-entends qu'à supposer qu'on taille dans les subventions, les bénéficiaires des emplois induits resteront quand même à la charge de l'Etat au titre de l'assurance-chômage ou des minimas sociaux.

à écrit le 06/05/2024 à 7:58
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Les religions ne devraient toucher aucune subvention déjà, les associations politiques économiques et financières également et toutes celles qui sont là pour gagner du fric au lieu de donner u nsens à leur travail. D'une bonne idée nos dirigeants inc...

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