Paris debout contre le terrorisme

Discours de la maire de Paris, Anne Hidalgo, devant les élus parisiens à l'occasion du Conseil de Paris du lundi 16 novembre 2015, en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre dernier.
Anne Hidalgo a rendu hommage aux 129 victimes des attentats de Paris.

Moins d'un an après les terribles attentats du mois de janvier, notre ville est à nouveau frappée en plein coeur par un terrorisme ennemi de toute humanité. Paris est de nouveau ensanglantée par le déchaînement d'une violence bestiale dépourvue de la moindre trace de sentiment humain, une violence où s'exprime la haine de la vie et la détestation de la liberté. Vendredi soir, cette haine viscérale est venue défier ce qu'elle déteste le plus : la vie cosmopolite, généreuse, insoumise et bruyante de Paris dans ses dixième et onzième arrondissements. C'est dans des quartiers où cohabitent toutes les générations, toutes les langues et toutes les cultures que les terroristes ont cherché par les armes à nous imposer le silence, à nous interdire de vivre et de vibrer, de parler et d'écouter, d'échanger et de partager.

Ce qu'ils ont voulu abattre, c'est notre liberté et je ne parle pas ici d'une liberté abstraite, mais de l'air que nous respirons, de la langue vivante que nous parlons, du sang qui bat dans nos veines. C'est le sang de Parisiens libres et c'est le sang de la liberté que les terroristes ont fait couler pour nous signifier à quel point ils détestent ce que nous sommes.

Nous devons cette vérité à nos concitoyens décédés et blessés et cette vérité fait d'eux nos héros : héros de notre liberté desquels nous ferons mémoire et auxquels nous ferons justice.

Au nom des Parisiens réunis et au nom de notre assemblée unie, j'adresse d'un coeur déchiré à leurs familles et à leurs proches les condoléances de notre ville. Et, dans le même esprit, je souhaite aux nombreux blessés de guérir pour vivre cette vie infiniment précieuse dont les terroristes ont voulu les priver.

Aux morts comme aux vivants, aux endeuillés comme aux blessés, à ceux qui savent qui ils ont perdu et à ceux qui, sans connaître aucune victime, ont l'impression d'avoir perdu une part d'euxmêmes, je ne veux pas parler de solidarité : je veux parler de communion. Tous les Parisiens communient et communieront au deuil et à la peine qui vous ont été infligés.

Nous resterons debout

Où votre coeur défaille, le grand coeur de Paris le soutiendra. Où votre coeur souffre, le grand coeur de Paris l'apaisera. Où votre coeur désespère, le grand coeur de Paris le consolera. Nous témoignons ce matin de cette communion et de cette union également sacrées face à ceux qui voulaient nous apeurer, nous diviser et nous dénaturer.

C'est donc encore en notre nom à tous et au nom de tous les Parisiens que je dis solennellement à la face du monde : nous n'avons pas peur. Aujourd'hui nous n'avons pas peur. Et au fond de notre coeur, nous le savons, nous serons plus forts, et nous vaincrons nos ennemis.

Nous resterons debout et nous resterons nous-mêmes, nous continuerons à assumer à la face du monde notre identité collective de Parisiens, c'est-à-dire l'identité de citoyens attachés, pour eux-mêmes comme pour l'humanité entière, à la liberté, à l'égalité et à la fraternité, attachés à notre singularité dans le monde autant qu'à notre ouverture sur le monde, attachés enfin à notre art de vivre passionnément en paix.

Bien sûr, nous sommes blessés et bien sûr la blessure est profonde. Mais j'affirme que nous ferons mieux qu'y survivre : nous continuerons à vivre. À vivre en honorant nos idéaux, en souscrivant à nos valeurs et en assumant notre culture. À vivre dans la paix et dans le respect. À vivre comme nous l'entendons dans une société qui est socialement, culturellement, religieusement cosmopolite et où les idéaux savent descendre de leur piédestal pour nourrir le vivre-ensemble.

Cette société, c'est la société parisienne dont nous voyons depuis trois jours la dignité, la générosité, et la détermination à rester debout et en mouvement face à ceux qui la rêvaient inerte.

Je pense au formidable mouvement de solidarité qui a répondu aux attaques vendredi soir, aux témoignages qui ont fleuri partout samedi malgré la sidération, et aux innombrables Parisiens que j'ai croisés hier dans nos rues et sur nos places. La place de la République, les grands boulevards, le parvis de Notre-Dame ont vu défiler toute la journée de dimanche des Parisiens attachés à vivre par-delà la souffrance et par-delà la peur.

Je veux ici saluer tous ceux qui nous protègent et qui, depuis trois jours, se relaient sur le front de cette guerre qui ne dit pas son nom : les policiers, les pompiers, les militaires, les soignants et toutes celles et ceux que l'horreur n'a pas paralysés mais mobilisés. Je me tourne une nouvelle fois vers les représentants de ces femmes et de ces hommes d'exception pour leur dire la gratitude de Paris, notre immense reconnaissance et notre soutien le plus absolu.

L'ensemble des parisiens rassemblés dans l'épreuve

Ils sont nombreux et infiniment respectables, les femmes et les hommes qui s'engagent depuis vendredi soir pour que la société parisienne résiste au choc qu'elle a subi. Nous nous inclinons devant le professionnalisme et la passion avec lesquels ils nous servent et nous les assurons à la fois de notre reconnaissance et de notre soutien également inaltérables. Avec eux, c'est l'ensemble de la société parisienne qui s'est rassemblée dans l'épreuve et c'est sur ce rassemblement que je voudrais conclure, en formant le voeu qu'il soit plus fort que tout et qu'il détermine, ces prochains jours et ces prochaines semaines, nos paroles et nos actes.

Ce Paris-là est notre Paris, il souffre mais il est debout et regarde droit devant lui, il est en vie et il vivra.

Vive la République ! Vive la France ! Vive Paris !

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Commentaires 4
à écrit le 22/11/2015 à 19:48
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Hidalgo est sur toutes les chaines avec des discours stériles. N' est ce pas elle qui début septembre 2015 qui a ouvert tous ses établissements parisien afin d'accueillir les migrants avec tous les flonflons et son sourire figé qu'on lui connait, n...

à écrit le 20/11/2015 à 14:36
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Ce genre de discours ne sert qu'à endormir les gens , Paris n'est plus celui que l'on a connu , la banlieue réside dans Ville et Grace à qui ?

le 20/11/2015 à 15:13
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Mais que dire, à la vue d'une résultante accablante de ce que l'on a fait ? L'endormissement des gens est plus profond qu'un surgissement subit du moment. Et ce que vous dites de la banlieue en Ville, c'est pareil dans toutes les villes. C'est très...

à écrit le 20/11/2015 à 12:41
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Certes, certes, comme c'est partagé mais une mise en perspective mériterait réflexion. Que n'avons-nous pas déjà vécu, il y a près de soixante ans contre le terrorisme ? N'est-il pas patent qu'il y a de la ressemblance ? Terroriser le terrorisme n...

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