Le Président de la République a récemment effectué des annonces bienvenues visant à favoriser le financement des PME par les marchés financiers. Elles interviennent à un moment où les investisseurs cotés ont singulièrement déserté le compartiment des « small caps » depuis plusieurs années, où les introductions en bourses sont inexistantes même pour les licornes, sans parler des sociétés financées par le capital-risque qui ne trouvent pas leur liquidité.

Cependant, ces annonces ne pourront effacer le fait que l'évolution des réglementations a pratiquement supprimé la recherche-action, donc la liquidité, sur les capitalisations boursières inférieures à un milliard d'euros, rendant la cotation boursière structurellement peu attractive pour les entreprises et leurs actionnaires. Ni combler le gouffre qui sépare les valorisations affichées lors des tours de capital-risque et le vrai prix que des industriels ou des investisseurs sont prêts à payer sur le marché du private equity ou le marché coté.

Or ces PME et ETI sont les véritables piliers de l'économie française. Représentant 55% des emplois du secteur privé et près de la moitié de nos exportations, ces entreprises sont le cœur battant de notre économie. Leur relative absence du débat public, par rapport aux médiatiques « licornes », dissimule une résilience remarquable, essentielle à la création et à la pérennité de la richesse nationale.

Plus spécifiquement, parmi les PME et ETI, on distingue un groupe de 15 000 entreprises qui créent la quasi-totalité de l'emploi en France, il s'agit des « Lionnes ». Elles partagent des caractéristiques communes : plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires, une croissance annuelle supérieure à 10%, et une rentabilité à même de financer leur développement. Elles constituent le terreau économique indispensable à la prospérité et à l'emploi dans notre pays, et ce dans tous nos territoires.

Elles sont surtout le principal gisement de croissance dans un pays où les PME peinent à franchir le cap vers le statut d'ETI. Combler ne serait-ce qu'une infime partie de l'écart entre la France et ses voisins d'outre-Rhin ou transalpins permettrait de créer de nouvelles Lionnes et des centaines de milliers d'emplois.

Vers une plus grande valorisation des Lionnes

Trop souvent reléguées au second plan, les Lionnes méritent pourtant une place de choix dans notre débat public. La France gagnerait à valoriser et à accompagner davantage ces entreprises qui contribuent de manière durable et significative à notre économie. Leur modèle de développement, particulièrement adapté à la majorité des PME, esquisse une voie de croissance mêlant innovation, développement du capital humain et engagement durable.

La valorisation des Lionnes ne doit pas se limiter à une reconnaissance symbolique. Elle implique l'adoption de mesures concrètes visant à faciliter leur accès au financement, à simplifier le cadre administratif et réglementaire, et à les soutenir dans leurs projets d'innovation, de digitalisation et d'internationalisation. Saluons à cet égard le programme ETIncelles initié par le ministère des PME, qui a parfaitement saisi l'importance de ces enjeux.

Promouvoir ces Lionnes, c'est donc investir dans l'avenir de la France, de ses entrepreneurs qui s'inscrivent dans le temps long, avec patience et ambition, et qui visent la création de valeur durable. En soulignant collectivement l'importance de ces entreprises robustes, et en encourageant leurs succès, nous pavons la voie vers une économie solidement ancrée dans nos territoires et prête à relever les défis du XXIe siècle.