Innover pour la santé des femmes : la femtech au service de la moitié de l’humanité

DOSSIER SANTÉ. L’innovation au service de la santé des femmes commence à se structurer. Mais les investisseurs boudent encore un secteur considéré à tort comme une niche. Une thématique qui sera au coeur du forum Impacts santé organisé par La Tribune qui se tiendra ce jeudi à Paris.
À l'échelle de la planète, plus de 1.000 femtech proposent des technologies et solutions pour le bien-être et la santé des femmes.
À l'échelle de la planète, plus de 1.000 femtech proposent des technologies et solutions pour le bien-être et la santé des femmes. (Crédits : DR)

Tabou des tabous depuis toujours, la santé féminine s'impose peu à peu sur la scène de la tech. En une décennie, le nombre de startups consacrées à la fertilité, l'endométriose, la santé sexuelle, ou encore la ménopause, a explosé. À l'échelle de la planète, plus de 1.000 femtech proposent des technologies et solutions pour le bien-être et la santé des femmes. Le marché mondial dépasse les 50 milliards de dollars et devrait approcher les 100 milliards en 2030, selon l'agence Femtech Analytics. Cette tendance est tirée par les États-Unis, où sont concentrés 40 % des acteurs, dont la licorne Maven, une « clinique virtuelle ».

En France, Station F accompagne depuis fin 2021 des startuppers avec son programme Femtech. « Notre ambition a été de lever quelques barrières et freins structurels, avance Marwan Elfitesse, responsable des programmes startup de l'incubateur. Certains sujets qui touchent à la santé des femmes restent tabous dans le monde de l'entreprise comme dans la vie privée. Dans la Femtech, beaucoup d'entrepreneurs sont des entrepreneuses, or une ribambelle de données confirme qu'une femme a encore plus de difficultés à lever des fonds, ce qui reste un blocage important ».

Les deux premières promotions ont levé environ 11 millions d'euros. Et le programme compte déjà plusieurs réussites notamment Emagina (Bordeaux), qui a récolté 1,3 million d'euros. De son côté, Sorella Care a ouvert un premier espace de santé pluridisciplinaire consacrée aux femmes à Issy-les-Moulineaux l'année dernière et vient d'annoncer une levée de fonds de 5 millions d'euros.

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« Plus de synergies et de collaborations »

Mais le financement reste un problème majeur pour le secteur, avec des fonds encore très masculins et des investisseurs peu sensibilisés aux thématiques abordées. Delphine Moulu est cofondatrice de FemTech France :

« Nous avons voulu réunir l'écosystème qui était beaucoup trop fragmenté, en créant plus de synergies et de collaborations entre les différents acteurs. Il y a quelques années le terme de marché de niche revenait assez souvent chez les investisseurs, alors que la moitié de la population est concernée. Mais les choses commencent à changer ».

Un quart des 115 startups recensées par le collectif interviennent en santé reproductive. Parmi les autres sujets de prédilection, la santé globale (par exemple des téléconsultations spécialisées), les maladies chroniques et la maternité.

La santé des femmes au travail, nouvel eldorado

La femtech française comprend aussi quelques succès. L'application de suivi de grossesse Efelya (Vannes) compte plus de 90.000 utilisateurs dans 120 pays. Et la sonde de rééducation périnéale de Fizimed (Strasbourg) est distribuée aux États-Unis, en Asie et en Europe. Elle est même remboursée en Allemagne.

Après la multiplication des solutions dédiées aux cycles menstruels ou à l'endométriose, de nouvelles perspectives s'ouvrent pour le marché. « La création de Ninti est partie du constat d'un manque d'accompagnement pour les femmes en entreprises sur les différents sujets liés à la santé féminine, que nous avons nous-mêmes vécu en tant que salariées, explique Olga Kokshagina, cofondatrice de la startup. Nous nous sommes positionnées sur les questions de fertilité, de post-partum, et de ménopause dans une approche holistique et interdisciplinaire. Un intérêt commence à émerger dans le monde du travail ».

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La jeune pousse parisienne, créée en 2021, propose aux entreprises des webinaires pour leurs salariées et l'accès à un réseau de professionnels pour répondre à leurs besoins. Elle s'adresse aussi directement aux femmes actives à travers sa plateforme. « Nous sommes en train d'inventer un nouveau modèle, ce qui est très déroutant pour beaucoup d'investisseurs. Pour que le marché des femtech soit durable, une vraie réflexion doit être conduite afin de créer une dynamique auprès des fonds d'investissement et être considérées comme des entreprises comme les autres intervenant sur la santé », souligne Fatoumata Ly, la deuxième cofondatrice de Ninti. Et avec seulement 4 % de l'ensemble des fonds de R & D en santé concernant spécifiquement les femmes, le défi à relever est de taille.

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Commentaire 1
à écrit le 25/04/2024 à 9:48
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Ça fait furieusement penser à "la technologie pour sauver la planète", plutôt que de s'occuper des racines du mal on préfère le soigner, ça rapporte plus ! Un système de déments fait par les déments pour les déments et des dirigeants faibles et apeur...

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