L'appel de détresse tombe mal, alors que la France vient d'être désignée par le classement Thomson Reuters comme le troisième pays le plus innovant au monde en 2015. Mais cela n'empêche pas les opérateurs télécoms de s'inquiéter. Au point de tirer la sonnette d'alarme.
Les opérateurs télécoms "bâtissent les infrastructures sur lesquelles se déploient les écosystèmes numériques", rappelle la Fédération française des télécoms, dans une étude publiée par Arthur.D. Little jeudi 12 novembre. Ils s'estiment donc en bonne position pour anticiper le "risque de décrochage" de la France et de l'Europe dans le numérique.
Baisse des revenus des opérateurs télécoms européens
L'organisation prend pour témoin la baisse de revenus des opérateurs en Europe entre 2010 et 2014 (382 milliards d'euros à 343 milliards d'euros), s'appuyant sur une étude Thomson Reuters, ainsi que le recul des autres acteurs de l'Internet (299 milliards d'euros à 247 milliards d'euros) sur la même période. A contrario, l'Asie et l'Amérique du Nord ont enregistré une hausse des revenus issus des opérateurs télécoms et acteurs Internet de 9% et 7% respectivement.
Rappelant des chiffres de l'Arcep, l'étude souligne que la tendance européenne morose se retrouve en France. Les revenus des opérateurs télécoms français ont baissé (-17%) en même temps que leurs investissements entre 2010 et 2014. Et selon Arthur D. Little, la part des technologies de l'information et de la communication dans la valeur ajoutée totale dans l'Hexagone grimpe à environ 4% contre 5,5% dans les autres pays de l'Union européenne.
"Il faut un Digital Act à la française !"
Pour remédier à cette situation, la FFTélécoms réclame un Digital Act. c'est-à-dire mieux privilégier l'offre par rapport à la demande. Concrètement, l'organisation réclame que les politiques françaises se focalisent moins sur "la baisse des prix et augmentation de la pression concurrentielle sur le marché des télécoms, voire l'augmentation de la fiscalité spécifique. Et ce, pour "rééquilibrer les politiques publiques du numérique". La Fédération française des télécommunications, qui regroupe Orange, Numéricable-SFR et Bouygues Télécom, s'était d'ailleurs opposée récemment à une partie du projet de loi numérique d'Axelle Lemaire permettant aux personnes de garder leur connexion internet si elles ne peuvent plus le payer.
Pour l'organisation, ce "digital act" doit représenter un allègement de la pression fiscale, la promotion de la portabilité des données et le développement d'un cursus européen de métiers du numérique, entre autres.
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