La plupart des jeunes ne savent pas distinguer les vraies informations des fausses

Malgré un usage très fréquent des réseaux sociaux, il manque aux collégiens, lycéens et étudiants en université les bases éducatives pour identifier la différence entre les articles de publicité, les faux articles et les vrais articles, montre une étude de Stanford.
Laszlo Perelstein
Dans un test, réalisé parmi 203 collégiens, plus de 80% se sont révélés incapables de distinguer une publicité native d'un véritable article.

Satirique, sponsorisée ou tout simplement mensongère, l'information prend des tournures différentes sur Internet, tant et si bien que certains s'y perdent et ne savent plus vraiment distinguer le vrai du faux. Un constat particulièrement vrai pour les jeunes, qui manquent de formation en la matière et font trop confiance au contenu qu'ils trouvent sur les réseaux sociaux, selon une étude réalisée par les chercheurs de la Stanford Graduate School of Education (pdf du résumé de l'étude).

Réalisée sur 7.804 étudiants de collèges, lycées et universités dans 12 États entre janvier 2015 et juin 2016, l'étude interrogeait à travers une série d'exercices - différents pour chaque niveau scolaire - portant sur l'information sur les réseaux sociaux, les pages d'accueil des sites d'informations ou encore les commentaires en bas de page d'articles.

Dans un test, réalisé parmi 203 collégiens, plus de 80% se sont révélés incapables de distinguer une publicité native - une pub publiée dans le style d'un article, une méthode de plus en plus utilisée dans la presse avec la baisse des revenus - d'un véritable article, et ce alors que les mots "contenu sponsorisé" étaient inscrits sur la page, suggérant que "beaucoup d'étudiants n'ont aucune idée de ce que cela signifie".  Au cours d'un autre test, plus de 30% des lycéens interrogés ont déclaré faire plus confiance à un article mensonger publié sur Facebook par un compte imitant Fox News qu'à un article du compte Facebook vérifié (la petite marque bleue à côté du nom) à cause d'éléments graphiques.


"Fleurs nucléaires de Fukushima", titre la photo publiée sur la plateforme d'hébergement d'images Imgur avec cette légende : "Pas grand chose à dire, voici ce qui se passe quand des fleurs ont des défauts de naissance à cause du nucléaire." Interrogés pour savoir si cette publication apportait "une preuve forte" du milieu naturel près de la centrale nucléaire de Fukushima, moins de 20%des lycéens ont questionné la source de la publication ou de la photo, tandis que près de 40% ont estimé que la preuve était "forte parce qu'elle présentait une preuve photographique".
Crédits : Stanford. Capture d'écran de l'étude.

La plupart des cas montrent au final que les étudiants testés n'ont pas prêté assez - voire pas du tout - d'importance à la source de l'information, préférant se concentrer plus sur le contenu du post partagé sur les réseaux sociaux, et n'ont pas cherché à recouper l'information avec d'autres sources.

La démocratie "menacée"

"Beaucoup de gens présument que parce que les jeunes utilisent couramment les réseaux sociaux, ils sont d'autant plus avisés à propos de ce qu'ils y trouvent. Notre travail montre l'opposé", expose dans l'étude son auteur, le professeur Sam Wineburg. Et d'ajouter :

"Nous espérons produire une série de vidéos [...] démontrant le lien entre culture numérique et citoyenneté. En attirant l'attention sur cette connexion , une série de vidéos pourrait aider à mobilier éducateurs, législateurs, et autres, afin de faire face à cette menace contre la démocratie."

Depuis l'élection de Donald Trump à la tête des États-Unis, nombreux sont ceux qui accusent Facebook d'avoir contribué à la défaite d'Hilary Clinton en participant à la propagation de fausses informations, relayées majoritairement par des sites d'extrême droite (alt-right) et de suprématistes blancs. Le réseau social de Mark Zuckerbeg s'est toujours défendu d'avoir favorisé la victoire du milliardaire américain, estimant que les fausses informations n'étaient que peu vues et que Facebook n'était "pas un média", et ce alors même qu'une majorité croissance d'Américains s'informent via les réseaux sociaux (63% en 2015 contre 47% en 2013, selon une étude de Pew Research). Face à la monté de la polémique outre-Atlantique, Facebook, de même que Google, a néanmoins annoncé des mesures pour lutter contre la désinformation. Comme par le passé, les outils risquent toutefois de montrer une efficacité limitée, les algorithmes n'étant pas faits pour remplacer une bonne éducation en la matière.

| Correction du 25/11 : un lien vers le résumé de l'étude en pdf a été ajouté. Il avait été oublié dans une version précédente de l'article.

Laszlo Perelstein

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Commentaires 4
à écrit le 25/11/2016 à 9:52
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Certains grands journaux (Le Monde, Libé) ont des rubriques "décodeurs" ou "désintox" qui prouvent surtout, hélas, que le reste du journal ne s'embarrasse pas trop de vérifications ...

le 26/11/2016 à 14:45
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Vous dîtes n'importe quoi ! Quel rapport. Les décodeurs ou désintox sont justement sur des déclarations de personnalités. C'est la différence avec un article qui ne fait que reporter des propos ou déclarations.

à écrit le 24/11/2016 à 19:27
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Facebook censure beaucoup plus facilement une belle paire de seins bien vrais qu'une propagande bourrée de fausses informations, tout simplement parce que l'algorithme reconnaît plus facilement la paire de nibards et donc censure automatiquement selo...

à écrit le 24/11/2016 à 15:33
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"les algorithmes n'étant pas faits pour remplacer une bonne éducation en la matière" Tout est là. Si les jeunes se font avoir c'est donc à cause d'une défaillance totale de notre éducation qui ne nous apprend pas à nous méfier de la société m...

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