Quand l'envie d'entreprendre germe dès l'école

Les premiers incubateurs sont apparus dans les écoles dans les années 1990. Depuis, les cours sur l'entrepreneuriat ont fait leur chemin. Aujourd'hui, le statut d'étudiant-entrepreneur reconnaît l'ambition de créer une entreprise tout en décrochant un diplôme.
Pour Emmanuel Carli, directeur général de l'Epitech, « nous sommes aujourd'hui dans la troisième génération d'incubateurs : ce sont les jeunes qui s'en emparent avec des hackathons, des week-ends start-up. Je constate que la création d'entreprise est de plus en plus une affaire de jeunesse.»
Pour Emmanuel Carli, directeur général de l'Epitech, « nous sommes aujourd'hui dans la troisième génération d'incubateurs : ce sont les jeunes qui s'en emparent avec des "hackathons", des week-ends start-up. Je constate que la création d'entreprise est de plus en plus une affaire de jeunesse.» (Crédits : reuters.com)

Depuis le lancement du statut d'étudiant-entrepreneur à la rentrée, 800 étudiants ont déposé leur candidature et 600 ont été acceptés, dont 300 poursuivant le diplôme étudiant-entrepreneur (DEE) en parallèle de leur formation principale.

Nicolas Valin et Benjamin Metenier, respectivement en master entrepreneuriat à l'IAE Grenoble et en DUT technique de commercialisation à l'IUT 2 Grenoble, font partie de ces pionniers à la double casquette (Arnaud Koenig, jeune ingénieur diplômé de CPE Lyon, complète leur équipe depuis Zürich où il travaille pour Schneider).

Accompagnés par le Pepite (Pôle étudiants pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat) oZer, les deux étudiants consacrent en ce moment leur stage de fin d'études à la concrétisation de leur projet d'entreprise, une galerie d'art en ligne baptisée Chall.

« Nous voulons répondre à certaines questions avant de créer l'entreprise, nous espérons nous lancer en juillet», explique Nicolas Valin, adepte de la méthode du « lean startup».

Jean-Pierre Boissin, qui porte le projet du statut et des Pepite depuis plus de quatre ans pour le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, est satisfait des premiers résultats.

« Nous avons fait la preuve de concept. Le mouvement sera plus important encore à la rentrée 2015, résume-t-il. C'est un statut national et les 29 Pepite qui couvrent le territoire instruisent tous les dossiers, y compris ceux des étudiants issus d'écoles privées.»

Son prochain combat est la mutualisation :

« C'est une grave erreur de rester entre soi dans son établissement. Il faut créer une communauté, de la pluridisciplinarité pour ces jeunes entrepreneurs. Dans le modèle américain, il n'y a pas de segmentation.»

Autre combat connexe, l'espace de travail

La création d'espaces de travail collaboratif pour faire bouillonner les idées et les pratiques est nécessaire. Jean-Pierre Boissin est pragmatique : il verrait bien les bibliothèques et les restaurants universitaires libérer de l'espace inutilisé pour accueillir les jeunes entrepreneurs.

« Le statut ne coûte pas des millions et pourtant ces entrepreneurs vont créer de la valeur.»

Pour Emmanuel Carli, directeur général de l'Epitech, l'esprit d'entreprise fait partie de l'ADN de cette école d'informatique emblématique créée en 1999. « Dix-sept pour cent de nos étudiants ont une activité entrepreneuriale et 10 % créent une boîte à la sortie», constate-t-il. Depuis dix ans déjà, le modèle des Epitech Innovation Project permet aux étudiants de s'atteler à un projet concret - potentiel futur projet d'entreprise - sur une durée de trois ans. Mais le directeur veut aller plus loin.

Après avoir lancé la «Piscine Moonshot» pour plonger les étudiants dans l'innovation et la disruption, il leur a concocté cette année la «Piscine Forward» : deux semaines pour s'acculturer à l'environnement de l'entreprenariat, histoire de sortir du fantasme. Viabilité financière, désirabilité, faisabilité technique, il faut que les projets se frottent à la réalité.

« Mon ambition est d'augmenter la pertinence des projets et d'arriver peut-être à 30 % de créations d'entreprises», affiche-t-il.

Parmi les autres initiatives de l'Epitech en faveur de l'entreprenariat, le Hub Innovation est un espace de collaboration entre étudiants et entreprises autour de projets liés aux mégadonnées, à la sécurité ou encore à l'embarqué. Et depuis quelques semaines, l'Anti-Incubateur propose des sessions pour répondre aux questions techniques des jeunes entrepreneurs, histoire de combattre « la solitude de l'entrepreneur» selon Emmanuel Carli.

Et de citer le cas exemplaire de Docker, une start-up informatique lancée par des anciens de l'Epitech et installée à San Francisco, qui a levé 40 millions de dollars en septembre dernier.

Voilà dix ans, les écoles de la CCI de Paris se sont dotées de leur incubateur, Incuba'School, ouvert aux étudiants (les Gobelins, l'école de cuisine Ferrandi, HEC...) et aux autres. « On fait de la cocréation d'entreprise en s'appuyant sur la diversité des entreprises présentes. Il y a une grande effervescence autour de l'entrepreneuriat, car ils voient d'autres jeunes réussir et ils ont des cours sur ce sujet. Ils se sentent plus légitimes et plus capables de concrétiser», explique Joël Saingré, le responsable d'Incuba'School. Il vient de fonder l'association IES (Incubateurs de l'enseignement supérieur) qui compte une trentaine de membres.

« Nous sommes aujourd'hui dans la troisième génération d'incubateurs : ce sont les jeunes qui s'en emparent avec des "hackathons", des week-ends start-up. Je constate que la création d'entreprise est de plus en plus une affaire de jeunesse.»

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