Diversité des origines : les médias doivent aller plus loin

D'après un rapport du CSA remis à l'Elysée, le bilan de la représentation de la diversité des origines et des cultures à la télévision et à la radio en 2005 est globalement positif. Toutefois, de nombreux efforts restent à fournir, notamment sur le plan de l'emploi de cadres. Surtout, la diversité doit aussi passer par la fin des discriminations.

Le voeu pieux de la diversité des cultures et des origines dans les médias devient petit à petit réalité. C'est en tout cas ce que laisse entendre le rapport du CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) sur la représentation de la diversité des origines et des cultures à la télévision et à la radio. "Nous sommes en train de rattraper un retard par rapport à la réalité, un retard par rapport à ce qui se passe dans d'autres pays voisins en Europe. Il reste encore du chemin à faire mais le mouvement est engagé et j'ai confiance qu'il se poursuivra dans l'avenir", a déclaré Dominique Baudis, président du CSA, venu à l'Elysée remettre à Jacques Chirac le premier rapport.

"Le bilan, qui repose sur la visibilité des minorités et les contenus montre une amélioration par rapport à l'année précédente", explique à Latribune.fr Amirouche Laïdi, président du Club Averroes, observatoire de la diversité dans les médias. "On a réussi notamment à mettre un terme au tabou du présentateur noir au journal télévisé", ajoute le président.

Cette saison a ainsi vu sur les écrans de télévision Harry Roselmack au journal de 20 heures de TF1, mais aussi Rachid M'Barki sur BFM TV, Elé Asu qui présente les quatre journaux de La Matinale de Canal Plus... En outre, de nombreux journalistes ont été recrutés. "Côté contenu, TF1 a réalisé une belle opération en choisissant de traiter les informations des territoires d'Outre-Mer de la même manière que ceux de la métropole", explique Amirouche Laïdi. "TF1 travaille avec des agences de casting pour trouver de nouveaux talents dans ses séries", ajoute Laure Leclerc, chef du département des télévisions hertziennes nationales au sein de la direction des programmes du CSA, interrogée par Latribune.fr. Elle confirme d'ailleurs que dans l'ensemble le bilan 2005 est positif.

Cette tendance globalement positive résulte d'une prise de conscience de la part des chaînes de télévision. "Le conseil se félicite de la prise de conscience par les diffuseurs de leurs responsabilités (en termes de diversités)", explique le CSA, qui rappelle que TF1 notamment se déclare "consciente qu'elle a un rôle essentiel à jouer dans la "recréation" d'une partie du lien social en voie de désagrégation dans la France d'aujourd'hui, notamment dans les banlieues". M6 pour sa part a indiqué au CSA "être consciente de son rôle particulier auprès des jeunes adultes, qui représentent le coeur de son audience et qui doivent retrouver à l'écran la réalité du monde qui les entoure, avec des exemples d'intégration réussie. La télévision en général et les chaînes qui recueillent l'écoute des jeunes publics ont une responsabilité particulière en la matière".

Encore des efforts

Toutefois, malgré les progrès enregistrés, force est de constater que beaucoup de chemin reste à parcourir pour assurer une véritable diversité. "On constate une meilleure présence des minorités visibles à l'antenne", explique Laure Leclerc. "Toutefois, nous apportons quelques bémols à cette situation", tempère-telle. En effet, chez TF1, dans les contenus comme les séries, il n'y avait toujours pas en 2005 de héros issu des minorités. Pour sa part France Télévisions ne valorise pas suffisamment l'apport de RFO. Chez M6, l'information est à la traîne dans le cadre de la diversité. "D'une manière générale, dans les programmes pour la jeunesse, les minorités sont peu présentes. En outre, les minorités asiatiques sont quant à elle très peu représentées", précise Laure Leclerc.

"Nous partons de très loin dans ce domaine, explique Amirouche Laïdi. Malgré le succès enregistré, le compte n'y est toujours pas...". Sur Arte notamment, aucune minorité n'est représentée. De même, côté emploi, la diversité n'est pas du tout représentée dans les postes d'encadrement, notamment éditoriaux. "On a même régressé car la diversité était représentée chez France Télévisions avec un responsable de programmes, qui a été licencié", rappelle Amirouche Laïdi.

Pour SOS Racisme, le problème plus fondamental reste la discrimination. "Il ne faut pas que la télévision pense se faire une bonne image avec la diversité sans faire le diagnostic de la discrimination", explique Samuel Thomas, le vice président de SOS Racisme à Latribune.fr. "Cette diversité peut devenir un écran de fumée et laisser la discrimination s'exercer derrière lui", ajoute-t-il. Pour le responsable de l'association, lutter contre la discrimination est le seul moyen pour atteindre une véritable égalité et obtenir une diversité de fait dans les médias, afin qu'il n'y ait pas de "rattrapage de façade".

Reste que, malgré la lenteur de ce "rattrapage", il a au moins le mérite d'exister, grâce notamment au contrôle imposé par le CSA depuis mars 2006. "S'il y a un milieu qui s'est ouvert à la diversité, c'est bien la télévision", soutien Amirouche Laïdi. "Ce qui n'est pas le cas dans la politique ou dans l'économie" ajoute-t-il. "Nous restons vigilants, mais si l'on regarde un an en arrière, l'évolution est très positive dans les médias", conclut-il.

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