CDC : des résultats records, à la veille des négociations sur Natixis

La Caisse des Dépôts a franchi la barre des 2 milliards d'euros de résultats en 2005, une manne qu'elle reversera en partie à l'État qui engrangera près de 3 milliards d'euros à divers titres. Lors de la présentation des résultats, le directeur général Francis Mayer a déclaré qu'il exercerait son droit de veto si ses intérêts n'étaient pas respectés dans le dossier Natixis.

La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) a qualifié de "plus haut historique" le résultat annoncé aujourd'hui, qui "conforte sa stratégie de développement équilibré de ses activités pour compte propre et pour le compte de ses filiales". La Caisse des Dépôts a réalisé en 2005 un bénéfice net consolidé en hausse de 34% à 2,087 milliards d'euros. Le groupe a retraité ses résultats 2004 pour extraire la plus-value exceptionnelle de 376 millions réalisée sur la cession de sa filiale Ixis au groupe Caisse d'Épargne, ce qui explique le bond de son bénéfice net. Le produit net bancaire a augmenté de 12% à plus de 5 milliards, conséquence d'une "activité soutenue de l'ensemble des pôles", dans un "environnement économique favorable".

Par pôles, l'établissement public proprement dit a vu son bénéfice progresser de 33% à 1,129 milliard d'euros, ce qui représente 54% du résultat net consolidé du groupe. Les filiales et participations stratégiques de la Caisse ont généré un bénéfice en progression de 36% à 958 millions. La contribution de la participation stratégique dans la Caisse nationale des Caisses d'Épargne, dont la CDC détient 35% du capital, a augmenté de 28% à 389 millions. L'assureur de personnes CNP Assurances a apporté pour sa part 313 millions en 2005, soit une hausse de 15%. Le pôle immobilier, Icade et SNI, a contribué à hauteur de 107 millions, en progression de 64% par rapport à 2004, et le pôle services (Trandev, Egis, Compagnie des Alpes, VVF) a vu son résultat net multiplié par 2,3 à 35 millions d'euros, en raison de la restructuration d'Egis. Enfin, le pôle de capital-investissement CDC Entreprises a apporté 114 millions, soit une multiplication par 2,3 de son résultat net qui s'explique par des cessions importantes réalisées en 2005, telles Nexity et Ipsen Beaufour.

Une partie de ces résultats ira remplir les caisses de l'État à qui la CDC versera 690 millions au titre des dividendes perçus par l'État-actionnaire et 560 millions d'euros sous forme d'impôts. L'État engrangera également 1,709 milliard d'euros au titre des excédents de gestion réalisés en 2005 sur les fonds d'épargne. Au total, la Caisse devrait donc verser à l'État près de 3 milliards d'euros, contre 2,8 milliards en 2004.

Pour 2006, elle a déclaré s'engager à "poursuivre la stratégie d'investissement dans les sociétés cotées" sur la place de Paris, comme l'y avait invité le Premier ministre Dominique de Villepin début mars en plein débat sur le patriotisme économique. Sur le volet des missions d'intérêt général, elle souhaite développer "vigoureusement" le financement par les fonds d'épargne de la construction et de la réhabilitation du logement social.

La Caisse a également réaffirmé vouloir jouer un rôle de premier plan en tant que financeur et investisseur dans les infrastructures. En 2006, elle est entrée au capital de la Sanef à hauteur de 15% dans le cadre de la vente de la société d'autoroutes au consortium Abertis. Elle a également annoncé son intention de monter à 35% dans le capital de la société du Viaduc de Millau.

Francis Mayer, directeur général de la CDC, en a également profité pour exposer sa position sur le dossier Natixis dont l'ouverture des négociations avec les Caisses d'Épargne devrait intervenir dans quelques jours. La balle est dans le camp des Caisses d'Épargne dans le projet de fusion avec le groupe Banque Populaire au sein de Natixis, a-t-il insisté, précisant qu'il était "prêt à exercer son droit de veto". Si "les intérêts patrimoniaux" de la CDC "ne sont pas respectés, son directeur général devra exercer son droit de veto", "c'est même son devoir", a-t-il ajouté.

"Nous avons lancé une procédure de conciliation en vertu de l'article 15 du pacte d'actionnaires qui lie la CDC à l'Écureuil. Cette procédure expire le 15 mai", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse. "D'ici là, nous demandons une notification substantielle du projet Natixis que nous considérons comme étant déséquilibré au détriment des Caisses d'Épargne" et donc de son actionnaire, la Caisse des Dépôts.

Les deux groupes bancaires mutualistes, la Caisse d'Épargne et les Banques Populaires avaient annoncé le 12 mars dernier leur projet de fiançailles, créant ainsi le groupe Natixis. Les préparatifs s'étaient faits dans le plus grand secret, mettant devant le fait accompli la CDC. Celle-ci, qui est détentrice de 35% de la Caisse nationale des Caisses d'Épargne (CNCE), organe central de l'Écureuil, a annoncé qu'elle mettrait son veto au projet, contestant à la fois la méthode et le fond. Nicolas Mérindol, membre du directoire de la Caisse nationale des Caisses d'Épargne, a toutefois affirmé mercredi qu'un veto de la CDC au projet Natixis "n'empêchera pas le projet de se faire".

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