Vodafone prévient d'un ralentissement prochain de sa croissance

Le premier opérateur mobile mondial révise en baisse sa prévision de chiffre d'affaires pour l'exercice en cours et annonce une baisse de sa marge. Il va également passer pour 28 milliards de livres de dépréciations d'actifs.

Pendant longtemps porté aux nues, le beau modèle de Vodafone serait-il en train de s'effriter? Le premier opérateur mondial de téléphonie mobile ne cesse d'envoyer des signaux en ce sens. Après l'avertissement lancé en novembre dernier, le Britannique persiste et signe. Certes, il avait déjà préparé le terrain en prévenant que la croissance sur l'exercice en cours serait sûrement inférieure à celle de 2005/2006. Aujourd'hui, il confirme que désormais il attend pour l'exercice clos le 31 mars 2007 une hausse de son chiffre d'affaires comprise entre 5 et 6,5%, contre une précédente prévision de 7,5% en moyenne. La marge d'Ebitda (équivalent de l'excédent brut d'exploitation) va continuer à baisser. Elle sera inférieure de 1 point à celle de l'an passé en raison d'une baisse des prix et d'une croissance des dépenses.

Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, l'opérateur a également annoncé une dépréciation d'actifs de 28 milliards de livres, concernant ses filiales en Allemagne, en Italie et probablement au Japon. Mais l'annonce, qui reflète les acquisitions surpayées des années de la bulle Internet, n'a pas étonné les analystes.

C'est surtout l'avertissement sur le chiffre d'affaires et donc les marges qui est inquiétant. Il confirme que Vodafone est définitivement entré dans une phase de ralentissement dont il ne voit pas le bout. La croissance a déjà reculé de deux points sur l'exercice 2005-2006 à 9% alors qu'elle était de 11% en 2004. L'année 2006-2007 marquera ainsi la troisième année de contraction. Le patron de Vodafone Arun Sarin n'a pas donné de détails sur les zones les plus particulièrement concernées par ce ralentissement.

Alors que les revenus de la 3G, dans laquelle Vodafone a massivement investi, ne sont pas encore significativement palpables, le seul espoir de croissance de l'opérateur réside dans le gain de nouveaux abonnés. Et c'est bien tout le problème. Car, sur les marchés matures comme l'Europe ou le Japon, les nouveaux clients se font rares et sont toujours plus chers à convaincre. En Allemagne par exemple, où Vodafone s'est implanté en rachetant Mannesmann pour 113 milliards de livres en 2000, l'opérateur n'a cessé de perdre des parts de marché au profit d'O2 et de KPN. En outre, T-Mobile (Deutsche Telekom) a décidé de sacrifier à court terme sa croissance pour investir en marketing afin d'attirer de nouveaux chalands. Dans ce contexte, pas étonnant que le chiffre d'affaires de l'opérateur et ses marges soient constamment mis à l'épreuve.

Plus globalement, la stratégie de Vodafone dans son ensemble pourrait finalement être remise en cause. L'opérateur qui a uniquement misé sur la mobilité fait aujourd'hui face à des opérateurs multi-réseaux, qui imaginent de plus en plus d'offres de communications mêlant fixes et mobiles. D'autant que les technologies aujourd'hui, avec le WiMax par exemple, facilitent l'empiétement du réseau fixe sur le réseau mobile. Une perspective qui pourrait aussi dans une certaine mesure entamer une partie des revenus des licences 3G (UMTS) si chèrement acquises.

A Londres, le titre Vodafone recule de 2,71% en fin de séance.

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