Deutsche Telekom lance une alerte sur ses résultats

Deutsche Telekom, le numéro un européen des télécommunications, vient de réviser à la baisse ses prévisions d'excédent brut d'exploitation et de son chiffre d'affaires pour 2006 et 2007 en raison de la concurrence intense sur les prix en Allemagne. Le groupe a également vu ses bénéfices s'éroder au deuxième trimestre, essentiellement à cause de la faiblesse de ses activités sur son marché domestique.

Mauvaise passe pour Deutsche Telekom. En effet, le groupe de télécommunications allemand a annoncé hier soir qu'il révisait à la baisse ses prévisions pour son excédent brut d'exploitation (Ebitda) et de son chiffre d'affaires pour les deux prochains exercices. Les analystes attendaient que le groupe abaisse ses prévisions 2007, mais ils n'anticipaient pas une telle révision avant septembre, l'époque à laquelle le groupe doit finaliser son business plan pour l'année en question. "C'est perturbant", a réagi Hannes Wittig, analyste de JP Morgan, qui est à "sous-pondérer" sur le titre. "La direction revoit à la baisse son objectif d'Ebitda de plus de 10% neuf mois après avoir fait connaître cet objectif", note Wittig. "Cela revient à admettre que le marché allemand est rude. C'est un appel à l'aide, fondamentalement c'est une capitulation".

L'opérateur allemand a indiqué s'attendre en 2007 à ce que son chiffre d'affaires "continue de croître à un rythme modéré" et à ce que son Ebitda ajusté demeure approximativement au même niveau que cette année. Il table désormais pour 2006 sur un bénéfice avant intérêts, impôt, dépréciations et amortissements (Ebitda) annuel de 19,2 à 19,7 milliards d'euros, alors qu'il attendait jusqu'ici un Ebitda ajusté compris entre 20,2 et 20,7 milliards. Souffrant comme ses concurrents du déclin du marché de la téléphonie fixe traditionnelle et des pressions des autorités de tutelle en faveur d'une diminution des tarifs, il a également abaissé son objectif 2006 de chiffre d'affaires à 61,5-62,1 milliards d'euros, contre 62,1-62,7 milliards anticipés jusqu'à présent.

"Il devient clair que la pression sur les prix en particulier va s'intensifier dans des proportions plus sensibles que prévu précédemment à travers l'ensemble des trois segments stratégiques d'activité", a précisé le groupe dans un communiqué. Cependant, malgré la révision des objectifs, l'opérateur a fait part de son intention de maintenir son dividende 2006 "au moins en ligne" avec le niveau de l'année passée, soit 0,72 euro par action.

L'opérateur a également annoncé un résultat brut d'exploitation ainsi qu'un chiffre d'affaires inférieur aux attentes pour son deuxième trimestre. Le bénéfice net du groupe a ainsi accusé une baisse de 14% à 1,01 milliard d'euros, et l'excédent brut d'exploitation (Ebitda ajusté), qui sert d'étalon aux prévisions du groupe, s'est établi à 4,82 milliards, en baisse de 7% et en deçà d'un consensus de 5,04 milliards. Le chiffre d'affaires a crû légèrement de 3% à 15,13 milliards mais uniquement grâce aux activités hors du pays.

Sur la période le groupe a en effet souffert de la faiblesse de son marché domestique face à un véritable exode de ses clients dans la téléphonie fixe, pourtant son coeur de métier. Un mouvement qui se poursuit depuis plusieurs trimestres mais la filiale mobile T-Mobile avait pu compenser les pertes de la filiale téléphonie fixe et internet T-Com et la filiale télécommunication professionnelle T-System. En Allemagne, les activités sont ainsi en recul de 4% sur la période. Entre avril et juin 500.000 abonnés lui ont tourné le dos, soit trois fois plus qu'au premier trimestre. Deutsche Telekom lutte sur ce segment à la fois contre la concurrence de nouveaux entrants et celle du téléphone portable.

L'activité de téléphonie fixe a cependant continué d'assurer au groupe l'essentiel de sa croissance, principalement aux Etats-Unis. Mais là aussi, conformément aux attentes, le rythme s'est quelque peu ralenti. T-Mobile USA a attiré 613.000 nouveaux abonnés au deuxième trimestre, bien moins qu'encore au trimestre précédent (+1,035 million). Pour compléter le tableau, T-Systems, la division de services aux entreprises, a peiné une fois de plus à s'affirmer dans un marché très concurrentiel, et a vu son Ebitda ajusté chuter de 18%.

"A l'avenir, le groupe va concentrer sa gestion financière plus étroitement sur la production de cash flow. Le déclin de l'Ebitda ajusté doit être compensé par des ajustements au niveau des investissements", a souligné le groupe.

Suite à cette annonce, le titre chute de 5,32% à 11,40 euros en fin de journée à Franfort.

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