Samuel Alito, une énigme à la Cour suprême

Le juge qui vient de prêter serment est connu pour ses positions conservatrices sur les questions de société. Mais ses convictions demeurent méconnues en matière d'économie, terrain sur lequel intervient régulièrement la plus haute juridiction des Etats-Unis.

Faut-il avoir peur de Samuel Alito? Pour les élus démocrates du Sénat qui, jusqu'à la dernière minute, ont cherché à bloquer la nomination du juge à la Cour suprême, l'homme incarne le mal absolu: "Cette personne ne sera pas favorable aux intérêts du travailleur moyen, aux droits des femmes ni à ceux des minorités", s'est enflammé le sénateur Edward Kennedy, quelques jours avant que Samuel Alito ne soit confirmé dans ses fonctions.

Mais que sait-on vraiment du nouveau membre de la Cour suprême? Né le 1er avril 1950 à Trenton, dans le New Jersey, Samuel Alito est diplômé de Yale et a fait ses armes de juriste dans l'administration Reagan. Depuis quinze ans, il siégeait dans une cour d'appel fédérale compétente pour les Etats de Pennsylvanie, New Jersey et du Delaware.
Le site On The Issues qui référence les commentaires et décisions des neuf membres de la Cour le qualifie de "conservateur populiste modéré". Il est opposé à l'avortement, estime que le Congrès n'a pas vocation à infléchir les ventes d'armes à feu, adhère aux "idées philosophiques" de Ronald Reagan... et le président Bush assure qu'il s'agit d'un "homme très, très intelligent et capable".

Ses détracteurs affirment qu'à l'heure des choix, Alito risque de privilégier les entreprises face à leurs employés et leurs clients, et qu'il pourrait aussi se montrer hostile à la politique d'action affirmative. Force est de reconnaître pourtant que ces accusations sont prématurées et spéculatives. Budget, entreprises, énergie, commerce, santé et fiscalité sont autant de sujets sur lesquels le nouveau juge ne s'est jamais exprimé. Les audiences qui ont précédé sa nomination n'ont pas permis d'en savoir beaucoup plus sur ce deuxième choix du président Bush qui a alors su esquiver les questions pièges et rester imperméable aux critiques.

L'arrivée d'Alito ne sera toutefois pas sans conséquence sur le cadre législatif qui régit la première économie mondiale. Au cours des trois dernières années, celle-ci a, à titre d'exemple, (tardivement) invalidé la condamnation d'Arthur Andersen dans l'affaire Enron, s'est prononcée pour la condamnation des sociétés qui permettent le téléchargement illégal de contenus audiovisuels, a fait réduire des dommages et intérêts exemplaires auxquels avait été condamnés l'assureur State Farm...

Reste à savoir s'il demeurera fidèle en toute circonstance à ses convictions conservatrices ou s'il se révélera comme David Souter, juge nommé par le premier président Bush, plus modéré que prévu, au grand dam de la base républicaine.

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