Skoda, vous connaissez ? La stratégie de la marque tchèque est claire : proposer des Volkswagen beaucoup plus spacieuses et économiques. Et ça marche. La filiale du groupe allemand a battu des records de vente l'an dernier avec 939.200 unités dans le monde. Et la firme vise 1,5 million de voitures par an d'ici à 2018. Voici donc la dernière-née, l'Octavia III. Un modèle emblématique, puisque cette série est la plus vendue de la marque. Depuis la première génération lancée en 1996, plus de 3,7 millions d'Octavia ont d'ailleurs été écoulées. Techniquement, rien à redire : la nouvelle mouture utilise les ingrédients les plus modernes, puisqu'elle repose sur la toute dernière plate-forme modulable de la Golf VII.
Solide, spacieux et efficace...
La carrosserie, assez géométrique, est nette, équilibrée et indémodable. Très bien. A l'intérieur, c'est pareil, propre, rigoureux, efficace, avec des commandes repérables facilement, sans chichis. Les plastiques sont solides. La position de conduite ne souffre d'aucune critique. Et on apprécie de pouvoir lire en gros chiffres devant les yeux la vitesse à laquelle on roule, comme sur toutes les voitures du groupe Volkswagen (mais aussi du groupe PSA !). Le nouveau modèle, comparé à la précédente génération qui était déjà spacieuse, s'est allongé de 9 centimètres, tandis que sa largeur progresse de 4,5. Parallèlement, l'empattement (distance entre les essieux) croît de 10,8 centimètres, ce qui a permis de redimensionner l'espace intérieur, principalement aux places arrière. Du coup, l'habitabilité, point fort habituel de la marque, est remarquable, avec un coffre carré, logeable, immense. Et vous pouvez l'agrandir encore grâce aux dossiers arrière rabattables. Astuce esthétique : l'Octavia dispose d'un hayon dissimulé permettant une excellente accessibilité pour les bagages, mais que l'on ne devine pas. Car la carrosserie est plutôt celle d'une berline traditionnelle à quatre portes, pas d'un break. Jusqu'ici, on ne peut qu'être convaincu. C'est fonctionnel, pratique, polyvalent. Parfait.
...Mais quelle austérité !
Seulement, voilà : il faut bien qu'on retrouve des économies quelque part ! Alors, on a droit à des matériaux durs, peu raffinés, d'apparence bas de gamme, des tissus de sièges rêches et une austérité générale franchement peu chaleureuse. Notre modèle d'essai était tout noir à l'intérieur. Lugubre ! Et les placages « décoratifs » en plastique luisant gris ne rehaussent pas le niveau. Bref, c'est à peu près aussi gai qu'un matin d'hiver en plein brouillard à Mlada Boleslav, la localité tchèque où l'Octavia est fabriquée - nous en avons fait l'expérience. On peut choisir un intérieur gris, au lieu de noir, mais ce n'est pas mieux ! Pour échapper à cette sinistrose, il faut en fait grimper jusqu'à la finition de pointe Elégance qui propose un intérieur beige, nettement plus seyant. En revanche, question équipements, on a ce qu'il faut... La version d'accès baptisée « Active » reçoit déjà la climatisation manuelle, une radio CD MP3, le contrôle de la pression des pneus et les vitres électriques à l'avant. Le deuxième niveau de finition « Ambition », que nous avions durant notre essai, ajoute la climatisation automatique, la préparation Bluetooth, les radars de stationnement arrière, des détecteurs de pluie et de luminosité, des vitres arrière électriques.
Une mécanique rugueuse
Le diesel TDi 105 du groupe allemand est connu pour sa sobriété et... sa rugosité ! Si, sur une Golf, on a réussi un peu à le civiliser; ce n'est nullement le cas ici. Skoda a visiblement fait des économies sur l'insonorisant. On ne perd donc rien des vocalises peu agréables de ce fichu diesel. Braillard, celui-ci est aussi plutôt rude de fonctionnement. Notre modèle, équipé d'une boîte à double embrayage « DSG », lissait quelque peu son fonctionnement. Il n'empêche. Ce TDi est moins plaisant qu'un HDi de puissance comparable chez PSA. Nous avons été aussi déçus par la boîte, réglée pour diminuer les émissions de C02 à l'homologation (102 grammes à peine il est vrai au kilomètre) et consommer le moins possible. Autant dire que ces réglages dits économiques sont un désastre pour l'agrément. Dès lors, cette transmission automatique apparaît plutôt lente, avec même des trous générant des à-coups dans les passages de rapports. Et on se retrouve très souvent en sous-régime, c'est-à-dire en sixième à 50 à l'heure. Agaçant. Trop placide en position normale « D », la boîte devient certes réactive, mais brutale en « S » (Sport) ! Du coup, on passe constamment d'un mode à l'autre sans être vraiment satisfait. Enfin, le « Stop and Start » (arrêt et redémarrage automatique du moteur au feu rouge) est également un peu lent et tout aussi rugueux. Si notre Octavia n'est pas très plaisante mécaniquement, elle demeure quand même globalement performante et plutôt sobre. Nous avons consommé un tout petit peu plus de 7 litres de gazole aux cents avec beaucoup de ville. Un résultat très correct.
Confort ferme
La tenue de route ne pose aucun problème. L'excellente base de Golf VII demeure. Mais, ici, on a droit au train arrière simplifié des Golf de base. Bof. La voiture apparaît ainsi moyennement précise, rebondissante, assez pataude. Et les pneus « verts » n'arrangent pas grand-chose, comme d'habitude. Les clients peuvent toutefois être rassurés, leur Skoda restera fidèle en ligne droite et en virage à sa trajectoire. Mais ils ne s'amuseront pas vraiment au volant. Le confort, lui, est du genre ferme, comme c'est traditionnellement le cas chez Skoda, malgré une monte pneumatique normale, pas « sportive ». On aurait aimé moins de sécheresse sur une familiale.
Tarif intéressant
La gamme Octavia débute à 17.850 euros. Les Octavia équipées du moteur 1.6 TDi de 105 chevaux bénéficient même d'un bonus de 200 euros, qu'elles soient équipées d'une boîte de vitesse manuelle ou « DSG ». Notre Octavia Ambition vaut 23.690 euros en boîte manuelle (soit 2.740 de plus qu'une Active) et 25.190 en boîte à double embrayage « DSG » (disponible uniquement à partir de la finition Ambition). Pour 2.500 euros de plus, on a droit à la version Elégance, plus cossue et dotée d'équipements de pointe, mais affublée de pneus à flancs très bas qui rendent cette voiture, déjà pas vraiment douce par nature, très, très inconfortable. Un choix éminemment absurde. En fait, les prix sont exactement les mêmes que ceux de la Golf, à quelques équipements près ! Mais, pour le même tarif, on dispose d'un espace intérieur qui n'a rien voir. On a autant de place à bord que sur une Volkswagen Passat, de la catégorie supérieure. La vocation familiale est donc ici totalement justifiée. En contrepartie, on perd beaucoup en agrément. Une Skoda, ce n'est pas une voiture à bas prix, comme une Dacia. Loin de là. Non, il s'agit d'une berline familiale - en attendant un prochain break - économique au prix d'une compacte. Un positionnement intéressant et judicieux. Bref, le constructeur s'y retrouve, mais le client qui veut une voiture efficace, sans histoires et extrêmement habitable, aussi !
Alain-Gabriel Verdevoye
Modèle d'essai : Skoda Octavia TDi 105 Ambition : 23.690 euros (-200 euros de bonus)
Puissance du moteur : 105 chevaux (diesel)
Dimensions : 4,66 mètres (long) x 1,81 (large) x 1,46 (haut)
Qualités : Habitabilité exceptionnelle, coffre très logeable, finition solide, prix intéressant (pour le gabarit), lignes indémodables, moteur assez sobre...
Défauts : ... mais bruyant et rugueux, boîte « DSG » trop placide (D) ou brutale (S), suspensions sèches, austérité générale
Concurrentes : Volkswagen Jetta TDi 105 Trendline Blue Motion: 24.120 euros ; Renault Laguna dCi 110 Black Ed : 27.700 euros
Note : 13 sur 20
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