La dichotomie du CAC

Alors que les bénéfices des quarante plus grandes entreprises françaises ont bondi de 87 % sur les six premiers mois de l'année, l'indice parisien recule de 8 % depuis janvier. Des chiffres à la réalité, il y a un monde.

La planète finance a parfois des subtilités qu'il est difficile de comprendre. Comment explique-t-on de façon rationnelle que le CAC 40 recule de 8 % depuis le début de l'année, alors que dans le même temps les entreprises qui le composent, affichent à seulement mi-parcours de l'exercice 2010, 41,58 milliards d'euros (selon nos chiffres) soit un bond de 87 % par rapport aux 22,2 milliards d'euros enregistrés l'an dernier sur la même période ? Quarante Et Un Milliards ! C'est seulement 7 milliards de moins que la totalité des profits engrangés sur l'année 2009. Mieux encore ! Seulement deux ans après la plus grave crise économique et financière depuis celle de 1929, à 80 milliards d'euros de bénéfices attendus par projection sur l'ensemble de l'année 2010, les grands mastodontes de la cote tricolore ne sont plus qu'à quelques encablures du record historique de 100 milliards de profits engrangés en 2007 ! En deux ans seulement ... Alors qu'en moyenne le CAC 40 s'est établi en 2007 à 5.700 points, celle-ci n'est que de 3.700 points depuis le début de l'année.

Force est de constater que les profits n'ont plus la même valeur, qu'ils ne se paient plus aussi chers qu'auparavant. Le gap est encore plus important si l'on remonte dix ans en arrière, le 4 septembre 2000, date à laquelle l'indice de référence de la place parisienne flirtait avec les 7.000 points, en touchant son record historique à 6.922,33 points. A cette époque, les quarante sociétés du CAC 40 ne cumulaient que 59 milliards d'euros de bénéfices ! C'est dire le peu de considération faite désormais au baromètre de résultats. Mais les investisseurs ne sont pas dupes et savent que ce fort rebond des profits ne tient qu'à plusieurs effets d'aubaine. Effet de base favorable, effet de re-stockage, effet des plans de relance ... autant de bonnes raisons artificielles pour ne pas croire en la poursuite du phénomène sur la fin de l'année et peut-être l'an prochain. La vérité du marché est en fait ailleurs. Dans les liquidités précisément. Les 80 milliards de trésorerie (autant que les bénéfices attendus) sur lesquelles sont assis les pachydermes industriels français. Ces tombereaux de cash qui font les OPA d'aujourd'hui, les rachats d'actions de demain et les dividendes d'après demain. Bref, la seule animation capable de remettre les investisseurs sur le chemin des actions. Les liquidités, voilà la seule vérité du marché aujourd'hui !

 

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