Guerre et paix à Davos

Les relations entre la Chine et le Japon, les perspectives de paix au Proche et Moyen Orient, la « normalisation » des relations d’un Iran sans armes nucléaires avec ses voisins, mais aussi l’Europe et les Etats-Unis, et enfin la question syrienne... Davos, enceinte diplomatique sans illusions.
Philippe Mabille

Un monde en paix en 2014 ? Il suffirait d'une simple étincelle en Asie du Sud Est, pour déclencher une guerre entre la Chine et le Japon. Shinzo Abe, le Premier ministre japonais a eu beau appeler à la transparence sur les budgets militaires lors de son intervention mercredi à Davos, personne n'a été dupe. Le lendemain, devant quelques journaliste, le même a été plus direct, soulignant le parallèle entre la rivalité entre le Royaume-Uni et l'Allemagne en 1914 et la Chine et le Japon de 2014. Une erreur de traduction..., assure-t-on à l'Ambassade du Japon à Paris. qui précise : "Certains médias britanniques ont rapporté que le Premier ministre ABE avait comparé lors du Forum de Davos les relations entre le Japon et la Chine à celles entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne avant la Première Guerre mondiale. Il s'agit là d'une traduction éronée de ses propos. En réponse à la question d'un journaliste, M. ABE a souligné fait que deux puissance économiques pouvaient entrer en guerre malgré les liens d'interdépendance étroits qu'elles entretiennent et insisté sur l'importance qu'il attachait à faire son possible pour éviter une telle éventualité par le dialogue".

Bruits de guerre à Davos ? Pas vraiment, ou en tout cas personne n'en parle. C'est comme un non dit. Cela fait partie de ce que l'on appelle ici les risques globaux. Mais le World Economic Forum se veut aussi une enceinte diplomatique. A quelques heures d'intervalle, ce jeudi 25 janvier 2014, un petit événement historique s'est produit, puisque Hassan Rohani, le président iranien, et Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, ont dialogué à distance en séance plénière, mais avec des styles, on s'en doute très différents.

L'iranien a joué l'ouverture de son pays qui affirme-t-il mérite sa place « parmi les pays émergents » et souhaite malgré les obstacles parvenir à un accord avec les pays du 5+1 sur la non militarisation de sa recherche nucléaire « sans céder son droit d'avoir comme 40 autres pays accès à une énergie nucléaire pacifique ». La suspicion demeure, mais l'Iran de Rohani assure vouloir vivre en paix avec tous ses voisins, enfin, ceux qui sont « reconnus par la République islamique ». Evidemment, il n'allait pas citer Israël, car là aurait été l'événement historique. Sur la Syrie, alors que se déroule à Montreux, à l'autre bout de la Suisse, une négociation sur l'avenir du pays martyrisé par la guerre civile, Rohani a dénoncé les « terroristes » et soutenu « la tenue d'élections libres et équitables ».

Benjamin Netanyahou, quelques heures plus tard, a fait entendre une autre chanson. L'Iran reste une nation agressive dans la région a-t-il affirmé, et les « paroles » ne suffisent pas. Il a même lié les perspectives de paix et d'un achèvement des accords d'Oslo entre Israël et la Palestine à cette situation car l'Iran en poursuivant son programme militaire balistique est une menace pour tous les pays arabes de la région. Dialogue de sourd…

Philippe Mabille

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