
Les difficultés de recrutement induites par l'inflation en France (en décélération à 4,3% en juillet dernier) touchent aussi les collectivités territoriales. C'est ce qui ressort d'une enquête publiée ce mardi par des associations d'élus locaux (communes, départements et régions). Face à des besoins croissants de recrutement, plus de neuf collectivités sur dix (92,9%) jugent ainsi « nécessaire » d'augmenter la rémunération de leurs agents territoriaux.
Ces stratégies d'attractivité sont indispensables à l'heure où 57,4% des répondants à l'enquête disent éprouver des difficultés à recruter ou fidéliser leurs agents. Une grosse moitié des collectivités interrogées (51%) déclarent envisager de recruter prochainement, contre 49,2% en 2022 et à peine 17% en 2015.
L'enquête, à l'initiative de cinq organisations d'élus, dont l'Association des maires de France, Départements de France et Régions de France, a été réalisée par téléphone entre le 15 mai et le 30 juin. Le tout, auprès d'un échantillon de 1.000 collectivités territoriales.
L'augmentation du point d'indice, cœur du problème selon les élus
Pour ce faire, ils comptent avant tout sur l'Etat, qui a la main sur le traitement (l'équivalent du salaire de base dans la fonction publique) des 2 millions d'agents des collectivités.
« Près des trois-quarts, des répondants considèrent que l'augmentation de la valeur du point d'indice ainsi que l'adaptation des grilles indiciaires », deux mesures qui relèvent du gouvernement, « sont les formes de revalorisation les plus adaptées », constatent les auteurs de l'enquête.
Fin juin, un décret a confirmé la hausse de 1,5 % de la valeur du point d'indice pour les agents publics à compter du 1er juillet 2023. Le point d'indice est ainsi passé de 4,85 € à 4,92 €. Près de 6 millions d'agents publics sont concernés par cette hausse (personnels civils et militaires de l'État, personnels des collectivités territoriales et des établissements publics d'hospitalisation).
Primes, télétravail, image de marque comme autres pistes de solutions
Le recours aux primes et indemnités, qui sont, elles, du ressort des collectivités, n'est préconisé que par environ un tiers des répondants. Plus d'un élu local sur deux (51,7%) affirme néanmoins s'être déjà servi des primes pour « favoriser l'attractivité » de sa collectivité et fidéliser les agents déjà en poste.
En 2022, seuls 45,2% des employeurs territoriaux déclaraient recourir aux primes pour attirer ou fidéliser leur personnel - dont les trois-quarts appartiennent à la catégorie C, la moins bien rémunérée de la fonction publique. Pour financer les hausses de rémunération sans grever leur budget, les collectivités prônent à 59,6% une baisse de leurs cotisations et charges, et à 56,8% une augmentation de leurs recettes.
La stratégie consistant à miser sur les primes pour recruter est davantage déployée dans les communes, car « elles disposent de moins de moyens (que les autres collectivités, NDLR) pour mettre en œuvre d'autres leviers d'attractivité » comme le financement par l'employeur de la mutuelle ou le télétravail. Les plus grosses collectivités - régions, métropoles, départements - mettent plutôt en avant la possibilité offerte aux agents de télétravailler. Un argument inopérant dans les petites communes, où « peu d'agents exercent des fonctions télétravaillables ».
L'enquête pointe aussi ces deux autres problèmes : le vieillissement des agents territoriaux et les problématiques d'usure professionnelle, qui sont « impactants » pour près de la moitié des répondants (51,9 %). « Il est à noter que cette thématique du maintien dans l'emploi et du reclassement professionnel des agents de la fonction publique territoriale est un sujet de préoccupation depuis plusieurs années déjà », précise l'étude.
D'après la Grande consultation des entrepreneurs (GCE) menée par Opinion Way pour CCI France, La Tribune et LCI, au premier trimestre 2023, les pénuries de main-d'œuvre dans le secteur privé était toujours d'actualité en France. D'après cette enquête, 56% d'entreprises ayant des objectifs de recrutement, 29% ont toujours des difficultés pour embaucher.Une pénurie de main d'œuvre commune à tout le secteur privé
(Avec AFP)