Gaz : TotalEnergies sécurise l'approvisionnement d'une très grande quantité de GNL du Qatar

Les deux accords de vente et d'achat doivent permettre de fournir jusqu'à 3,5 millions de tonnes par an de gaz naturel liquéfié (GNL) à la France, en provenance du Qatar. Le richissime émirat du Golfe est l'un des principaux producteurs de GNL au monde avec les Etats-Unis et l'Australie.
Les livraisons de GNL débuteront en 2026.
Les livraisons de GNL débuteront en 2026. (Crédits : GONZALO FUENTES)

Le Qatar et la compagnie française TotalEnergies ont signé deux accords d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL) d'une durée de 27 ans, a annoncé ce mercredi 11 octobre QatarEnergy. « Des filiales de QatarEnergy et de TotalEnergies ont signé deux accords de vente et d'achat pour fournir jusqu'à 3,5 millions de tonnes par an de GNL du Qatar à la France », a affirmé le géant gazier de l'émirat du Golfe dans un communiqué. Il a précisé que les livraisons débuteront en 2026 pour une durée de 27 ans.

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Dans le détail, le gaz proviendra des projets North Field East (NFE) et North field South (NFS), dans lesquels TotalEnergies détient respectivement des parts de 6,25% et 9,375%. Ces deux accords « démontrent notre engagement continu envers les marchés européens en général et le marché français en particulier, contribuant ainsi à la sécurité énergétique de la France », a déclaré le ministre qatari de l'Energie et PDG de QatarEnergy, Saad Sherida Al-Kaabi, cité dans le communiqué.

La France mieux armée pour affronter l'hiver

La signature des contrats a eu lieu à Doha, la capitale du Qatar, en présence du PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné. Le richissime émirat du Golfe est l'un des principaux producteurs de GNL au monde avec les Etats-Unis et l'Australie. Les pays asiatiques, notamment la Chine, le Japon et la Corée du Sud, figurent parmi ses principaux clients, mais il est de plus en plus courtisé par les pays européens, en quête d'alternatives au gaz russe depuis l'invasion de l'Ukraine. En novembre, le Qatar avait annoncé un accord permettant de fournir du GNL à l'Allemagne pendant 15 ans.

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Cet accord intervient alors que la crainte d'une pénurie de gaz semble provisoirement révolue. La France est mieux armée cet hiver pour s'approvisionner et exporter vers les voisins européens, selon les gestionnaires GRTgaz et Teréga, une situation qui devrait indirectement profiter au portefeuille des Français. « Cette année, le réseau français a la capacité d'assurer les approvisionnements nécessaires pour alimenter les consommations et les exportations, y compris en cas d'hiver froid », ont indiqué les deux principaux gestionnaires dans leurs perspectives pour l'hiver 2023-2024 publiées lundi.

Mais alors que la France se prépare à un nouvel hiver sans pouvoir compter sur les gazoducs russes, « la vigilance » reste de mise. Et pour cause, « la marge de sécurité reste faible en cas de pointe de froid en deuxième partie d'hiver ». Selon les gestionnaires, « des situations de déficit ponctuel pourraient apparaître si les stockages ont été trop sollicités en début d'hiver notamment », sachant que ces stocks contiennent l'équivalent du tiers environ de la consommation annuelle française de gaz.

L'équilibre du système gazier français impliquera donc cet hiver « des imports soutenus en GNL » (gaz naturel liquéfié), « une gestion prudente des stockages » et « un maintien de la sobriété à des niveaux similaires à ceux observés l'hiver dernier ».

17% des approvisionnements européens en provenance de Russie

Grâce à des efforts de sobriété, qu'elle soit choisie ou contrainte par la hausse des prix de l'énergie, la France a baissé sa consommation gazière de 14,3% (données corrigées du climat) entre le 1er août 2022 et le 31 juillet 2023 par rapport à la même période de 2018-2019. Pour les gestionnaires, tout indique que la tendance va se poursuivre, parce que les prix restent toujours plus hauts qu'avant la crise énergétique, mais aussi parce que des habitudes prises l'an dernier s'installent. « On ne s'attend pas vraiment à une reprise (de la consommation) du côté des particuliers et de l'industrie », a signalé Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz.

D'autant que, depuis l'invasion de l'Ukraine en février 2022, Moscou a fortement réduit ses acheminements par gazoduc vers l'UE, poussant les Etats à diversifier tout azimuts leurs approvisionnements. Sur les sept premiers mois de 2023, les Vingt-Sept ont perdu 86% de ces livraisons par rapport à 2021, selon GRTgaz.

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Investissant dans des terminaux d'importations portuaires, les Etats ont compensé en gonflant de 70% en 2022 leurs achats de GNL, transporté par navires et venu à plus de 40% des États-Unis, mais aussi de Russie (17% des achats européens entre janvier et juillet 2023). Sur janvier-juillet 2023, le GNL russe représentait même la deuxième source d'approvisionnement en France (11%, comme l'Algérie), derrière le gaz norvégien (31%), selon GRTgaz.

Mais la commissaire européenne de l'Energie Kadri Simson a appelé en septembre les Etats à réduire leurs importations de GNL russe, « voire les éliminer », tandis que les associations écologistes comme Greenpeace dénoncent les entrées massives de GNL américain issu du controversé gaz de schiste.

Détente des prix sur les marchés

Cette réorganisation des routes du gaz, conjuguée à la sobriété et à une reprise molle en Chine, a eu pour conséquence de détendre les prix sur les marchés début 2023. Les gestionnaires anticipent qu'ils se stabiliseront en dessous de 50 euros le MWh pour livraison cet hiver, une baisse de 30% par rapport à l'hiver dernier. De quoi potentiellement soulager la facture gazière des Français dont une partie dépend des prix du marché.

« La situation est meilleure que l'année dernière pas seulement parce que les stocks sont bien remplis - ils l'étaient déjà avant l'hiver 2022 et le sont à 95% à date en France (96,7% en UE) - mais parce qu'il y a une moindre consommation » et que la France a musclé ses capacités d'approvisionnement, a précisé Thierry Trouvé à l'AFP.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 11/10/2023 à 21:47
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La lubie de la suppresion des chaudières à gaz et du gaz en général est d'une imbecilité déconcertante , une de plus me direz vous. La France dispose de 16 sites de stockage de gaz naturel, de 37 500 km de gazoducs pour le transporter à haute pressi...

à écrit le 11/10/2023 à 21:14
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ah ben en cas de taxe qui sauve les ours blancs, histoire de reduire les inegalites dans le profit et la disponibilite du gaz, peut etre que ca va aller vers d'autres pays, ce qui reduira les inegalites avec des pays qui n'y avaient pas acces comme c...

à écrit le 11/10/2023 à 12:13
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Certainement à mettre en perspective avec le sabotage en Finlande, après l'enracinement de l'augmentation du prix du pétrole, l'installation de l'augmentation du gaz ? Vive le réchauffement climatique ? lol. Quand on a plus d'idée faut arrêter hein.

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