Gaz : la France se prépare à passer l'hiver plus sereinement même si des tensions demeurent possibles

La France est mieux armée cet hiver pour s'approvisionner en gaz et exporter vers les voisins européens selon les gestionnaires du réseau de transport de gaz, GRTgaz et Teréga. Grâce à des stocks bien remplis, une consommation qui a baissé et des approvisionnements renforcés. Reste que des tensions demeurent possibles en fin d'hiver en cas de coup de froid tardif.
La France a baissé sa consommation gazière de -14,3% (données corrigées du climat) entre le 1er août 2022 et le 31 juillet 2023 par rapport à la même période de 2018-2019.
La France a baissé sa consommation gazière de -14,3% (données corrigées du climat) entre le 1er août 2022 et le 31 juillet 2023 par rapport à la même période de 2018-2019. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

Pas d'inquiétude à l'horizon - à savoir l'hiver - concernant le gaz. « Les analyses montrent que cette année le réseau français a la capacité d'assurer les approvisionnements nécessaires pour alimenter les consommations et les exportations, y compris en cas d'hiver froid », estiment les deux principaux gestionnaires du réseau de transport de gaz GRTgaz et Teréga, dans leurs « perspectives du système gazier français pour l'hiver 2023-2024 » publiées ce lundi 9 octobre.

Mais puisque la France se prépare à un deuxième hiver sans pouvoir compter sur les gazoducs russes, la prudence reste de mise. « La marge de sécurité reste faible en cas de pointe de froid en deuxième partie d'hiver », préviennent les gestionnaires. Selon eux, « des situations de déficit ponctuel pourraient apparaître si les stockages ont été trop sollicités en début d'hiver notamment ».

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Les stocks contiennent l'équivalent du tiers environ de la consommation annuelle de gaz en France. L'équilibre du système impliquera donc plusieurs conditions : « des imports soutenus en GNL (gaz liquéfié), une gestion prudente des stockages ainsi qu'un maintien de la sobriété à des niveaux similaires à ceux observés l'hiver dernier ».

Moins de consommation, plus d'approvisionnements

« La situation est meilleure que l'année dernière pas seulement parce que les stocks sont bien remplis - ils l'étaient déjà avant l'hiver 2022 et le sont actuellement à 95% en France - mais parce qu'il y a une moindre consommation » et que la France a renforcé ses capacités d'approvisionnement, a expliqué à l'AFP Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz.

La France a en effet baissé sa consommation gazière de -14,3% (données corrigées du climat) entre le 1er août 2022 et le 31 juillet 2023 par rapport à la même période de 2018-2019.

Et concernant son approvisionnement, puisque la Russie a fortement réduit ses acheminements par gazoduc, la France a augmenté ses achats de gaz naturel liquéfié (GNL). Notamment auprès des États-Unis, qui sont devenus son premier fournisseur en 2022, devançant la Norvège et la Russie, d'après le rapport « Chiffres clés de l'énergie 2023 » publié fin septembre. La France s'est d'ailleurs dotée d'un terminal d'importation de gaz liquéfié opéré par TotalEnergies au Havre, pour une capacité d'environ 22 térawattheures (TWh). En outre, les capacités d'entrée de gaz via l'Espagne ont été augmentées, permettant d'injecter sur l'hiver un volume additionnel pouvant atteindre 6 TWh, selon GRTgaz et Teréga.

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Situation aussi sous contrôle dans l'UE

Au niveau européen, les stocks de gaz affichent aussi un bon niveau puisqu'ils sont remplis à 96,7%, selon Gas Infrastructure Europe. « Nous sommes en meilleure position » cette année, assurait le 18 septembre le chef de l'Agence internationale de l'énergie Fatih Birol, restant cependant prudent car l'hiver peut être « plus rude que l'an dernier ».

Si les Vingt-Sept ont diversifié leurs approvisionnements suite à la décision de la Russie de réduire le robinet du gaz, l'UE a maintenu ses importations russes à un niveau élevé. Certes, leur part (gazoduc et GNL) est tombée à 15% au cours des sept premiers mois de 2023, contre 24% en 2022 et 45% en 2021. Mais ce recul camoufle le bond des achats de GNL russe, à 12,4 milliards de m3 (bcm) sur janvier-juillet (17% des achats européens de GNL), contre 19,3 bcm sur l'ensemble de 2022 et 13,5 bcm pour toute l'année 2021, selon la Commission européenne. La moitié du gaz russe importé par l'UE était du GNL en janvier-juillet, contre seulement un quart l'an dernier.

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« Nous pouvons et devons réduire ces livraisons russes de GNL, voire les éliminer complètement. J'exhorte entreprises et États membres à tous faire leur part », a lancé la commissaire à l'Energie Kadri Simson mi-septembre depuis Varsovie. Bruxelles a rappelé qu'il s'agit d' « un volume relativement limité », et qu'États-Unis et Norvège ont parallèlement gonflé leurs livraisons.

Plusieurs pays (Portugal, Suède...) ont déjà sabré leurs achats de GNL russe en 2022, tandis que France, Espagne et Belgique - principaux ports d'entrée du continent - gonflaient les leurs de 55% au total, selon le think-tank IEEFA.

Lire aussi« Il ne faut pas baisser les bras sur le gaz car la transition énergétique prendra du temps » (Dominique Mockly, PDG de Teréga)

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 09/10/2023 à 14:28
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Il y a aussi beaucoup de paramètres liés à nos voisins. L'article mentionne une meilleure desserte du gaz en provenance d'Espagne grâce à des travaux effectués sur un gazoduc. On peut ajouter que l'Espagne poursuit une course effrénée vers les renouv...

à écrit le 09/10/2023 à 14:04
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La comparaison avec 2022 ne s'arrête pas là. La production électrique a appris à se sevrer de son addiction au gaz. Le nucléaire s'annonce moins catastrophique que l'année dernière (bien moins qu'en 2019 cependant). Deux nouveaux parcs éoliens offsho...

à écrit le 09/10/2023 à 12:46
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Vite, une taxe sur les superstocks!! Comment ca se fait qu'il n'y ait pas de manifs de gauche contre les approvisionnements en gaz? C'est pas censé tuer les ours comme les chansons de sardou ?

à écrit le 09/10/2023 à 11:11
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Quant on dit que les réserves sont pleines, ça fait environ 2 mois de consommation et donc ne suffit pas, il y a des approvisionnements en cours d'hiver (dont du gaz liquéfié russe), pour compléter. L'hiver passé ma nouvelle chaudière à consommé env...

à écrit le 09/10/2023 à 10:35
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Bah vu les températures...

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