La probabilité que le réchauffement climatique dépasse les +1,5°C de l’Accord de Paris est de 86% (ONU)

Les engagements climatiques pris par les pays du monde entier placent la planète sur une trajectoire de réchauffement catastrophique allant jusqu'à 2,9°C au cours de ce siècle, alerte lundi l'ONU, dont le patron a appelé les dirigeants à « redoubler d'efforts » à l'approche de la COP28.
(Crédits : Reuters)

A quelques jours de la COP 28, la prévision est inquiétante. Bien loi de l'objectif de l'Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5° d'ici à la fin du siècle par rapport à la période préindustrielle, les engagements climatiques pris par les pays du monde entier placent la planète sur une trajectoire de réchauffement bien plus élevée, allant jusqu'à 2,9°C au cours de ce siècle, a alerté lundi l'ONU. Plus précisément, le réchauffement atteindrait 2,9°C pour les promesses inconditionnelles, et 2,5°C en intégrant leurs engagements conditionnels, selon un rapport du Programme de l'ONU pour l'environnement (PNUE) publié avant le début des grandes négociations internationales sur le climat à Dubaï dans le cadre de la COP28 (30 novembre - 12 décembre). Cette publication fait suite à un autre rapport de l'ONU, publié mi-novembre, qui concluait que les engagements actuels des pays mènent à 2% de baisse des émissions entre 2019 et 2030, au lieu des 43% préconisés pour limiter le réchauffement à 1,5°C, un seuil au-dessus duquel le réchauffement risque de déclencher de dangereux points de basculement dans le système climatique, selon les scientifiques.

« Dans le scénario le plus optimiste, la probabilité de limiter le réchauffement à 1,5°C est de seulement 14% », calcule le PNUE.

« Quand on voit que le G20 est responsable de 76% des émissions mondiales, on sait qui doit prendre la responsabilité fondamentale », fait remarquer Inger Andersen, enjoignant ces grosses économies (Etats-Unis, UE, Chine, Arabie saoudite...) à « aller de l'avant ». « On compte 193 pays dans le monde et ce ne sont pas ce que font les 173 autres qui feront la différence », souligne la responsable.

En 2030, les émissions mondiales devront être de 28% inférieures à ce que laissent présager les politiques actuelles, pour rester sous 2°C, et de 42% inférieures pour la limite de 1,5°C. L'ONU appelle donc les Etats à renforcer leurs engagements, qui sont formalisés tous les cinq ans sous la forme de « contribution déterminée au niveau national » (NDC, en anglais) par les 195 signataires de l'accord de Paris de 2015.

Dans 6 ans, la barre du 1,5°C de réchauffement pourrait être franchie

Ce rapport intervient alors qu'une nouvelle étude publiée récemment confirmait qu'il reste moins de temps que prévu pour limiter les émissions et le réchauffement climatique. Selon cette analyse parue dans Nature Climate Change, au rythme actuel des émissions de carbone -- environ 40 milliards de tonnes (Gt) chaque année -- il reste en effet environ 6 ans avant que la barre de 1,5°C de réchauffement ne soit franchie.

Se fondant sur des données et une méthodologie réévaluées par rapport aux précédentes estimations, notamment le dernier rapport du Giec, Robin Lamboll de l'Imperial College et son équipe ont recalculé le « budget carbone » restant (RCB). Cela correspond à la quantité nette de CO2 qui peut encore être émise sans dépasser un seuil de réchauffement donné. Selon les experts mandatés par l'ONU, en 2020, le budget carbone permettant de rester sous +1,5°C était de 500 Gt et de 1.150 Gt pour +2°C. Les calculs de la nouvelle étude aboutissent à la conclusion que pour avoir 50% de chances de rester sous 1,5°C, le RCB devrait être de 250 GtCO2 à compter de janvier 2023.

Depuis l'ère industrielle, la planète s'est déjà réchauffée de 1,2°C en moyenne. Et les dernières estimations de l'observatoire européen Copernicus montrent que +1,5 °C pourrait intervenir d'ici à 2034, et non au milieu du siècle comme le prévoient les politiques climatiques à travers le monde. Pour être effectivement atteinte, cette limite devra être mesurée sur plusieurs décennies, mais son franchissement pourrait être observé ponctuellement beaucoup plus tôt, etc, ouvrant la voie à des conséquences funestes en cascade comme la fonte des calottes glaciaires, le dépérissement des forêts, l'extinction des coraux... Il est ainsi « hautement probable que 2023 excède 1,5 degré », estimait Robin Lamboll.

2°C, un dernier recours

Pour rester sous les 2 degrés, un « dernier recours » selon les scientifiques, la marge de manœuvre n'est guère plus élevée. Pour avoir 50% de chances de rester dans les clous, si les émissions restent au niveau actuel, la fenêtre de tir est de 30 ans. Et pour 90% de chances, environ 13 ans. Les émissions mondiales de dioxyde de carbone, essentiellement dues à la combustion des énergies fossiles et à l'origine du réchauffement de la planète, devraient augmenter d'environ 1% pour atteindre un nouveau record en 2023, ont annoncé des scientifiques dans une étude préliminaire.

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Commentaires 5
à écrit le 20/11/2023 à 20:21
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La boule de cristal a de l'avenir. Comment savoir que c'est 2,6 et non 2,5 ou 2,7, alors que nombre d'évènements imprévus peuvent arriver ? Et des conflits tels que Ukraine ou Gaza/Israel n'ont-ils aucune influence sur la pollution, étant donné tout ...

à écrit le 20/11/2023 à 20:19
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La probabilité qu'António Guterres enfonce une porte ouverte est de 100%

à écrit le 20/11/2023 à 18:41
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Inutile de penser qu'il va être fait quelque chose pour le climat. C'est mort et ça va s'aggraver tant qu'il.y aura du pétrole, du gaz et du charbon. Largement de quoi rendre la planète inhabitable.

le 21/11/2023 à 12:08
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Ne vous faites pas d’illusions, une fois les énergies fossiles supprimées, on nous trouvera d’autres objectifs permettant de nous mettre la pression et nous poussant à renoncer à ne plus utiliser d’autres éléments que nous considérons comme faisant p...

à écrit le 20/11/2023 à 18:14
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J'ai appris au collège que déjà à l'époque il était inéluctable, certainement la raison pour laquelle ils n'ont rien fait,que le climat virerait tropical adapté à nos latitudes vers chez nous et ça y ressemble, mais cela a au moins le mérite de fair...

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