Le risque d'un défaut grec fait des ravages

Les investisseurs ont sanctionné l'absence de décision politique sur le dossier grec, indécision qui renforce encore l'hypothèse d'un défaut d'Athènes. Mais, selon AlphaValue, ce scénario redouté pourrait au contraire permettre aux indices de rebondir.
Copyright Reuters

Les marchés s'acheminent-ils, comme en 2008, vers un nouvel « octobre noir » ? On peut se poser la question après le violent décrochage des places boursières ce mardi . À la clôture, le CAC 40 a accusé un fort repli de 2,61 % à 2.850,55 points. Ailleurs en Europe, le Dax de Francfort a chuté de 2,98 % tandis que le Footsie londonien a reculé de 2,58 %.

Les indices boursiers peinent à se désembourber de la crise grecque. Lundi, Athènes avait déjà jeté un froid en prévenant que le pays ne tiendrait pas ses objectifs de déficit budgétaire en 2011 et 2012. Le lendemain, les investisseurs se sont cette fois inquiétés de l'absence de réponses politiques de la part des responsables européens. Réunis à Bruxelles, les ministres des Finances de la zone euro ont reporté leur décision sur la prochaine tranche d'aide qui doit être octroyée à Athènes pour lui éviter la faillite.

Par ailleurs, l'Eurogroupe a aussi annoncé que la participation du secteur privé au second plan d'aide à la Grèce devrait être revue. De quoi faire craindre un impact financier plus négatif que prévu sur les bilans des banques et assureurs européens.

Sans surprise, les valeurs financières ont donc de nouveau fait les frais des inquiétudes des investisseurs. À la Bourse de Paris, Crédit Agricolegricole et Axa ont cédé plus de 6 % tandis que Dexia plongeait de 22,46 % (lire aussi en pages 2 et 3). Mais les secteurs les plus cycliques, tels que la construction (Lafarge, - 8,48 %) et l'automobile (Renault, - 8,2 %) ont aussi largement souffert des craintes sur les perspectives économiques malgré le léger réconfort apporté par le discours du patron de la Fed, Ben Bernanke. Ce dernier a de nouveau assuré que la banque centrale américaine se tenait prête à prendre de nouvelles mesures pour soutenir l'économie.

Pressions à la baisse

Pas de quoi toutefois rassurer face au spectre de plus en plus présent d'un défaut de la Grèce. « Tant que les marchés restent dominés par cette peur, les pressions à la baisse devraient continuer à l'emporter », soulignaient ainsi les analystes d'IG Markets. Pour autant, un défaut effectif de la Grèce serait-il vraiment catastrophique pour les marchés d'actions ? Les équipes d'AlphaValue n'en sont pas si sûres, et estiment même que le « film catastrophe» d'un défaut de la Grèce (sans sortie de la zone euro), pourrait, au contraire, permettre un rebond des marchés d'actions !

D'après le bureau d'analyse financière, la prime de risque sur les actions européennes qui culmine actuellement à 11% suggère une chute de 25 % à 30 % des résultats des sociétés du Stoxx600 pour les deux prochaines années. Or, dans un scénario de défaut de la Grèce calculé par AlphaValue, le recul des bénéfices atteindrait 33 % en 2012 par rapport à 2011. En clair, les investisseurs ont donc largement pris le parti du «pire». Sans compter que les sociétés européennes, hors banques et assurances, affichent une santé de fer, avec un taux de marge opérationnelle, qui devrait passer de 18,4 % en 2010 à 18,8 % en 2011. «Elles ont parfaitement les capacités d'absorber un défaut grec», estime Pierre-Yves Gauthier, président d'AlphaValue. Il souligne que ces sociétés génèrent sufisamment de flux nets de trésorerie (100 milliards d'euros par an après paiement des dividendes), pour financer leur croissance.

Au final, AlphaValue estime le potentiel de hausse à 31,2 % sur l'indice Stoxx600. Le bureau d'études écarte toutefois dans son calcul le risque de contagion d'un défaut grec aux autres pays en difficultés de la zone euro (Espagne, Portugal et Italie). Encore faut-il que les investisseurs, une fois le dossier grec réglé, tournent la page des dettes souveraines.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.