Télévision : bienvenue à l’école d’autrefois

Dès lundi soir, M6 plonge une quinzaine d’élèves dans les classes des années 1880, 1930, 1950 et 1980. Une immersion insolite et instructive.
Quinze collégiens et trois professeurs embarquent pour un voyage dans le passé avec « L’École à remonter le temps ».
Quinze collégiens et trois professeurs embarquent pour un voyage dans le passé avec « L’École à remonter le temps ». (Crédits : © CÉCILE ROGUE/M6)

Que vois-je, mademoiselle, vous écrivez de la main gauche ? Je vais vous l'attacher à votre banc, afin que vous ne soyez pas tentée d'écrire avec. » Assise à son pupitre en bois, Léna, 14 ans, en lâcherait presque son porte-plume. Face à elle, droit comme un I, se dresse M. Lecomte, son professeur de français. Le quinquagénaire tiré à quatre épingles entend bien faire régner une discipline de fer dans cette salle de classe relookée du sol au plafond dans un style fin XIXe siècle. Le décor est planté ! Dans L'École à remonter le temps, quinze collégiens - ainsi que trois professeurs - embarquent pour un voyage dans le passé sur les bancs de l'école.

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Objectif de cette « téléportation » cathodique : découvrir à quoi ressemblait l'enseignement reçu jadis par leurs aînés. « L'école a énormément évolué en cent ans, explique Lorànt Deutsch, narrateur de ce docu-fiction qui a demandé trois semaines de tournage. Le contenu des leçons bien évidemment, mais aussi la manière de les transmettre. Nous voulions rendre hommage à ce pilier de la République, cette formidable institution dont il faut prendre soin car on sent bien qu'elle est fragile et menacée. »

Afin d'offrir un aperçu complet aux adolescents, quatre périodes ont été retenues. À commencer par les années 1880, au cours desquelles l'instruction a été rendue obligatoire. Et c'est peu dire que les mœurs sont à l'époque très différentes de celles d'aujourd'hui ! Les filles reçoivent des cours de couture, dans le but d'être parfaitement préparées à leur « futur métier de femme au foyer, qui est un rôle très important », glisse le plus sérieusement du monde l'enseignante chargée de les dispenser. Les garçons, eux, enchaînent pendant ce temps-là dans la cour de l'école les exercices militaires (« En avant, marche ! »), afin de se préparer à l'éventualité d'une nouvelle guerre. Avant de se voir tous proposer du vin rouge à l'heure du déjeuner. Une tradition calamiteuse en matière de santé publique, mais qui perdurera jusqu'au milieu du XXe siècle et l'apparition du lait dans les cantines.

En 1930, les jeunes « cobayes » découvrent avec sidération un cours d'histoire-géographie sur le colonialisme et les « races » telles qu'on les enseignait autrefois. Glaçant. Mais accrochent immédiatement avec les travaux pratiques comme la menuiserie.

En amont, les équipes ont effectué un minutieux travail de recherche, à la Bibliothèque nationale ainsi qu'au musée de l'Éducation nationale à Rouen

Les années 1950 - marquées par l'essor de la voiture et l'apparition des cours de prévention routière - et 1980 complètent cette traversée de l'Histoire pour laquelle rien n'a été laissé au hasard. « Tout ce qui est dit correspond exactement aux programmes scolaires de l'époque », assure Renaud Rahard, directeur des programmes chez Warner Bros., qui a produit ce format déniché en Angleterre. En amont, ses équipes ont effectué un minutieux travail de recherche à la Bibliothèque nationale ainsi qu'au musée de l'Éducation nationale à Rouen. Un établissement fondé en 1879 par Jules Ferry et qui abrite près de 1 million d'objets et documents. Soit la plus importante collection de patrimoine éducatif en Europe. « Le contenu de chaque séance a ensuite été validé par Jérôme Krop, maître de conférences en histoire contemporaine et spécialiste de l'enseignement, poursuit Renaud Rahard. Nous avons également beaucoup travaillé sur les tenues et les décors pour être au plus près de la réalité. On espère que cela va susciter des discussions chez les téléspectateurs qui regarderont le programme en famille. » Fort probable, tant certains thèmes résonnent avec l'actualité, à l'image de la tenue unique, la valeur des diplômes délivrés ou encore la question de l'autorité des professeurs.

« Je suis intimement convaincu que pour savoir où l'on va il faut connaître son histoire », glisse de son côté Alexandre Toussaint, qui a endossé le costume - chapeau melon inclus - de directeur de cette école d'antan. Un rôle sur mesure pour celui qui, dans la « vraie vie », dirige à Évreux l'établissement Notre-Dame - Saint-François avec ses 1 500 élèves allant de la maternelle au postbac. Selon lui, tout n'est pas à jeter dans l'enseignement d'autrefois. « Notamment la façon d'enseigner la grammaire, l'orthographe ou l'arithmétique, précise-t-il, dont on pourrait aujourd'hui s'inspirer. Le "lire, écrire, compter" doit être renforcé par la remise au goût du jour des dictées et du calcul mental. Par ailleurs, à l'heure où beaucoup sont convaincus qu'il faut équiper les établissements de tablettes, je pense qu'il serait préférable de valoriser davantage l'écriture cursive. Écrire joliment et proprement fait partie de l'identité d'un l'élève. » Alors, l'école, est-ce que c'était mieux avant ? À vous de juger, lundi soir à 21 h 10 sur M6.

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