Macron part en guerre contre "les mercenaires de la santé"

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Macron part en guerre contre les mercenaires de la sante[reuters.com]
(Crédits : Pool New)

ANGERS (Reuters) - Emmanuel Macron s'est dit jeudi résolu à lutter contre "les mercenaires de la santé", qui fragilisent selon lui les hôpitaux, et à renforcer l'implantation de fonctionnaires sur le terrain, face aux inquiétudes de maires des Pays de la Loire.

Lors d'un déjeuner à la préfecture du Maine-et-Loire, à Angers, pour l'un des derniers débats organisés face à la crise des "Gilets jaunes", le chef de l'Etat a en particulier été confronté à des revendications sur les "déserts médicaux".

Il dit vouloir développer le principe du "médecin salarié" pour faciliter l'installation de jeunes. "Ensuite, il faut qu'on mette plus de contrainte sur les vacataires et les remplaçants, en tous cas une contrainte de durée", a-t-il dit.

"On a de plus en plus des mercenaires de la santé, qui viennent pendant quelques mois, payés beaucoup mieux que tout professionnel libéral, travailler dans l'hôpital et creuser encore plus ses finances", a-t-il ajouté. "Cela déséquilibre beaucoup les territoires (...) mais aussi les finances des hôpitaux périphériques."

La loi réformant le système de santé, dont le but premier est de remédier aux "déserts médicaux", a été adoptée mardi par l'Assemblée nationale et doit désormais être examinée au Sénat.

Elle supprime notamment le "numerus clausus", crée le métier d'assistant médical pour libérer du "temps médical", et étend aux Praticiens à diplômes hors Union européenne (PADHUE) le système permettant de rémunérer au smic des étudiants qui acceptent de travailler en zone tendue une fois diplômés.

DES FONCTIONNAIRES "À PORTÉE D'ENGUEULADE"

Emmanuel Macron a également mis en avant son ambition de réorganiser les services de l'Etat, un des leviers susceptibles de répondre à la colère exprimée par des manifestants qui se disent délaissés par les pouvoirs publics qu'ils financent.

"On doit réinjecter beaucoup plus de monde sur le terrain, et réduire au niveau central et au niveau régional", a-t-il dit. "On a trop de fonctionnaires qui font des règles et pas assez à portée d'engueulade."

"Un fonctionnaire (...) qui est dans un bureau, qui ne croise jamais ceux qu'il a à administrer, il va même parfois créer des règles à des problèmes qui ne se posaient pas", a ajouté le chef de l'Etat.

Le projet de loi de transformation de la fonction publique, présenté mercredi au conseil des ministres, s'inscrit dans le cadre de cette stratégie. Il doit contribuer à réduire les dépenses de trois points de PIB à l'horizon 2022 et à la suppression de 120.000 postes sur la durée du quinquennat.

S'il faut mettre davantage de fonctionnaires sur le terrain, les services publics où il n'y a plus d'activité doivent être réorganisés, a insisté Emmanuel Macron : "j'ai entendu beaucoup de maires râler contre des fermetures de trésoreries mais je n'ai jamais vu de manifestations de citoyens".

Cette volonté de réorganisation s'accompagne d'une simplification, a-t-il dit, assurant avoir fait supprimer 20.000 circulaires sur les 30.000 qui existaient à son arrivée à l'Elysée.

"Je n'ai entendu personne hurler. Donc je suis convaincu que, dans les 10.000 qui restent, il y en a beaucoup qu'on pourrait supprimer sans problème", a-t-il déclaré.

(Guillaume Frouin, édité par Jean-Baptiste Vey)