63 ou 64 ans, "âge d'équilibre" pour les retraites, dit Delevoye

reuters.com  |   |  597  mots
63 ou 64 ans, age d'equilibre pour les retraites, dit delevoye[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Le Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a obtenu du gouvernement l'assurance que l'âge légal de départ à la retraite resterait fixé à 62 ans, mais estime que l'âge d'équilibre du régime est de 63 ou 64 ans.

La concertation sur la réforme des retraites, qui doit s'achever en mai, a pâti d'une cacophonie gouvernementale sur l'hypothèse d'un recul de l'âge minimum de la retraite, aujourd'hui fixé à 62 ans, auquel le chef de l'Etat s'était engagé à ne pas toucher durant la campagne de 2017.

Dans un entretien publié mercredi dans L'Est républicain, le Haut-commissaire à la réforme des retraites l'assure : "J'ai souhaité une clarification apportée par le Premier ministre qui a confirmé mon mandat : l'âge légal ne changera pas".

Jean-Paul Delevoye estime que le flou entretenu par le gouvernement a contribué au retrait de Force ouvrière des négociations et à "la position du Medef, qui aborde ce sujet avec une vision à caractère budgétaire".

FO s'est retiré le 16 avril des discussions en estimant que l'attitude de l'exécutif dévoyait "le sens et l'objectif de la concertation". Le Medef a proposé pour sa part la semaine dernière de repousser l'âge de la retraite à 64 ans d'ici à 2028.

"On veut donner la liberté de partir à 62 ans en responsabilisant la personne. Mais notre responsabilité à nous, pour la pérennité du système, c'est d'amener les gens à 63, 64 ans qui est l'âge d'équilibre du système", a dit Jean-Paul Delevoye mercredi à un groupe de journalistes.

"La droite a plutôt tendance à avoir une vision comptable et budgétaire des choses", a-t-il ajouté. "C'est une vision de court terme qui l'emporte sur le moyen terme".

ÂGE DE DÉPART MOYEN À 62,8 ANS

Reculer l'âge légal d'un an serait "une modification profonde du contrat puisqu'on demanderait de cotiser un an de plus pour avoir un an de retraite en moins", a-t-il ajouté.

Cela "fragiliserait complètement la franchise des cinq ans qui avait été annoncée" - le gouvernement a précisé que la réforme des retraites ne concernerait pas les Français devant liquider leurs droits cinq ans après l'adoption du projet de loi.

Cette option ne réglerait "qu'un aspect budgétaire" alors que l'objectif de la réforme est de "mettre en place un projet de société à dimension humaine", a-t-il poursuivi.

Dans les faits, les Français partent déjà en moyenne à 62,8 ans tous régimes confondus (hors catégorie active, c'est-à-dire professions à risque dans la Fonction publique).

Reculer l'âge de départ à la retraite d'un an permettrait de récupérer 6 à 7 milliards d'euros par an selon des calculs de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), dit le Haut-commissaire.

Mais ces chiffres ne tiennent pas compte des augmentations possibles du nombre d'arrêts maladie, coûteux pour la sécurité sociale. "Le résultat net est nettement inférieur", prévient-il.

Mais l'intervention de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, mercredi sur RTL, a contrecarré ses efforts de clarification.

"Il faut bien expliquer aux Français que si on veut maintenir le niveau de cotisation et maintenir le niveau de pension, il est clair qu'il faudra travailler un peu plus", a-t-il dit, plaidant pour un recul de l'âge de départ "de manière modérée".

"Je crois qu'il faudra aller dans cette direction, c'est la seule qui me semble aujourd'hui raisonnable pour financer l'avenir des pensions", a-t-il justifié.

(Sophie Louet, avec Caroline Pailliez édité par Yves Clarisse)