Pour la troisième fois depuis l'élection d'Emmanuel Macron, les fonctionnaires battent le pavé et font grève mardi, pour défendre leur statut et s'opposer à la future réforme du gouvernement, qu'ils perçoivent comme une "attaque".
Et l'opération déminage, tentée hier dans Libération, par le secrétaire d'État à la Fonction publique, Olivier Dussopt, qui a martelé que le gouvernement ne touchera pas au statut des fonctionnaires - il y aura seulement des "ajustements" et "une modernisation"-, n'empêchera évidemment pas les 130 à 140 manifestations programmées partout en France de se dérouler.
Face à ces nuances avancées par Olivier Dussopt, Pascal Pavageau, numéro un de FO et issu de la fonction publique, est resté sceptique, s'attendant à un "statut peau de chagrin".
"On est dans une logique de dogme, d'idéologie, qui est de casser le bien public, pour pouvoir ensuite notamment privatiser".
Le plan choc du gouvernement vise 120.000 suppressions de postes
Pour rappel, en février, le gouvernement français a proposé de lancer un plan de départs volontaires pour les fonctionnaires qui souhaiteraient partir en raison des réformes qu'il compte engager. L'objectif reste de réduire le nombre d'agents de 120.000 d'ici à la fin du quinquennat, dont 50.000 dans la fonction publique de l'Etat, a précisé Matignon. On comptait, selon les chiffres OCDE, environ 5,8 millions d'agents publics fin 2015, soit 1 salarié sur 5 (environ 88,5 pour 1.000 habitants).
[Cliquez sur le graphique pour l'agrandir. Source OCDE. Crédit : Statista*]
La baisse du nombre de fonctionnaires sera un des leviers pour réduire comme promis les dépenses publiques de trois points de PIB d'ici 2022, soit plus de 60 milliards d'euros. Certaines missions assurées aujourd'hui par l'Etat pourraient être abandonnées.
Mobilisation unitaire
Mardi 22 mai, le fonctionnement des écoles et collèges sera donc perturbé, de même que l'accueil des tout-petits dans les crèches. Des avions seront cloués au sol et des coupures de courant sont à prévoir. La mobilisation unitaire mardi dans la fonction publique entraînera des perturbations dans les crèches ou les écoles mais aussi dans le transport, l'énergie, la santé ou à Pôle emploi.
Éducation (crèches, écoles maternelles et primaires, collèges et lycées)
L'accueil des tout-petits dans les crèches - un service municipal ou départemental hormis les établissements privés - sera perturbé avec des horaires d'ouverture restreints, comme dans une crèche du XVIIIe à Paris, ou des fermetures partielles ou totales, comme à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).
Côté maternelles et écoles primaires, le principal syndicat du secteur, le Snuipp-FSU, table sur une participation équivalente à celle de la précédente journée de mobilisation, le 22 mars, à savoir quelque 20 % de grévistes.
Que les professeurs fassent cours ou non, accueils périscolaires et cantines seront chahutés.
Dans les collèges et lycées, le mouvement "devrait être suivi mais il y a une petite interrogation au lycée car plusieurs mardis ont déjà sauté et il y a un programme à terminer avant les révisions du bac", souligne Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU.
Transports ferroviaire, aérien, routier (passagers et marchandises)
Dans le transport ferroviaire de passagers, le prochain épisode de grève à la SNCF à l'appel des syndicats CGT, Unsa et CFDT ne débute que mardi soir. Mais SUD-Rail, qui a déposé un préavis de grève illimitée, appelle ses troupes à se mobiliser mardi avec les fonctionnaires. Localement, des cheminots se joindront aux cortèges.
Dans le transport aérien, des syndicats de contrôleurs aériens appellent à la grève sur des revendications d'effectifs, face à un trafic en hausse, de conditions de travail et de pouvoir d'achat. La Direction générale de l'aviation civile a recommandé aux compagnies aériennes de réduire de 20 % leur programme de vols à Orly, Lyon et Marseille.
Dans le transport routier, la fédération FO transports et logistique, qui menace par ailleurs d'un conflit à partir du 3 juin pour des sujets propres aux routiers, appelle à la mobilisation pour un soutenir "sans réserve les luttes" des fonctionnaires et cheminots.
Énergie (coupures de courant électrique)
Des turbulences sont à attendre dans le secteur où les quatre fédérations représentatives - CGT, CFE-CGC, CFDT et FO - appellent toutes à la grève pour la défense du service public de l'électricité. Elles citent par exemple les menaces qui pèsent sur le statut des salariés des industries électriques et gazières ou les barrages hydrauliques.
Un appel qui pourra se traduire par des baisses de la production électrique, le passage en heures creuses pour les usagers ou... des coupures de courant.
Santé, action sociale (hôpitaux et services sociaux)
Les personnels des hôpitaux et des services sociaux seront sans doute encore nombreux dans les défilés pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Mais la "continuité des soins" sera assurée du fait de la possibilité d'assigner les grévistes.
Autres services de l'État au ralenti
Pôle Emploi : sur fond de rumeurs autour de l'éventuelle réduction de 4.000 postes dans les trois prochaines années, les conseillers sont appelés à faire grève par huit syndicats qui jugent "inconcevable de supprimer des postes alors même que nous n'arrivons pas à accompagner tous les demandeurs d'emploi".
Prévisions maussades à Météo France : les personnels de ce service public qui a pour mission première la sécurité des personnes et des biens seront mobilisés eux aussi contre les suppressions de postes.
Postiers, salariés de la culture et de l'audiovisuel public, personnels territoriaux dans les médiathèques battront aussi le pavé.
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(*) Un graphique de notre partenaire Statista.
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INFO-SERVICE > SNCF : le calendrier des prochains jours de grève :
MAI
- Mercredi 23 mai et jeudi 24 mai
- Lundi 28 et mardi 29 mai
JUIN
- Samedi 2 et dimanche 3 juin
- Jeudi 7 et vendredi 8 juin
- Mardi 12 et mercredi 13 juin
- Dimanche 17 et lundi 18 juin
- Vendredi 22 et samedi 23 juin
- Mercredi 27 et jeudi 28 juin
(Avec AFP)