Ils ont eu beau rajouter des séances de négociation, rien n'y a fait. Malgré les jours de discussion supplémentaires, syndicats et patronat ne sont pas parvenus à trouver un compromis. Mardi, tard dans la soirée, les premiers, unanimes, ont jeté l'éponge, estimant que le second ne proposait aucun nouveau droit pour les salariés. Pourtant, selon plusieurs centrales, une simple ouverture des employeurs sur un droit à la retraite progressive aurait pu changer la donne. Mais la délégation menée par le Medef n'a rien voulu savoir, au motif que cela serait trop coûteux.
Les partenaires sociaux ont donc pris acte de leur mésentente. « C'est un moment raté », a conclu la CFE-CGC.
La convention d'assurance chômage est enterrée
Certes, la négociation entre les partenaires sociaux portait sur un « Pacte de la vie au travail », et notamment l'emploi des seniors, mais elle conditionne aussi la validation de la dernière convention d'assurance chômage. Et sans accord, cette convention qui doit régir la période 2024-2027, - convention issue d'un compromis à minima datant de novembre dernier entre les partenaires sociaux - n'a aucune obligation d'être validée par l'exécutif.
Une nouvelle lettre de cadrage devrait donc être envoyée aux partenaires sociaux pour qu'ils négocient une nouvelle convention. Ce mercredi matin, sur TF1, Catherine Vautrin, la ministre du Travail disait attendre des éléments.
Cet échec redonne la main au gouvernement
Assurément, il laisse le champ libre au gouvernement. Ce dernier ne cache pas son intention de réformer le système d'indemnisation des chômeurs pour les inciter à reprendre plus rapidement un emploi. Alors que le déficit est plus élevé que prévu, il souhaite durcir les droits d'éligibilité des demandeurs d'emploi, mais aussi réduire la durée d'indemnisation. Dans le viseur également, le système spécifique des seniors.
Et, l'exécutif veut aller vite. Gabriel Attal, le locataire de Matignon, comme le Président Emmanuel Macron, souhaitent que la prochaine réforme de l'assurance chômage entre en vigueur à l'automne.
Aussi, il est probable que, dans la lettre de cadrage qu'il enverra aux partenaires sociaux, l'exécutif inscrira des objectifs financiers importants, pour réaliser d'importantes économies. De quoi faire tiquer les syndicats.
Affaiblissement du dialogue social
Pour les syndicats comme pour le patronat, cet échec de la négociation met en valeur leur difficulté - voire leur impossibilité - à dialoguer. Déjà affaiblis, les partenaires sociaux risquent de voir, dans l'opinion, leur image encore écornée.
Plus largement, c'est un coup dur pour le paritarisme. L'assurance chômage est un des derniers bastions où il s'exerce encore, mais sous une contrainte forte du gouvernement.
C'est d'ailleurs, peut être ce qui explique que certains partenaires, justement, n'ont plus vraiment envie de jouer ce jeu. Pour la CFDT, cela a beaucoup pesé sur la position adoptée par le patronat dans cette négociation. Selon le numéro 2 du syndicat réformiste, Yvan Ricordeau, « depuis le début, le patronat de toute façon ne voulait pas d'accord. »
Que vont faire désormais les syndicats et le patronat ? FO et CFDT ont d'ores et déjà annoncé se retourner vers leurs instances pour décider de la conduite à adopter. Idem du côté du patronat, qui s'est montré plutôt divisé - notamment entre Medef et CPME et U2P - dans les échanges.
Au final, ceux qui pourraient être les plus grands perdants sont les demandeurs d'emploi et les salariés, qui risquent de voir leurs conditions d'indemnisation considérablement réduites.