Échec des négociations sur l'emploi des seniors : et après ?

Après de longs mois de négociation, patronat et syndicats n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un compromis pour inciter au maintien des seniors dans l'emploi. Que va changer cet échec ? Éléments de réponse.
Fanny Guinochet
Syndicats et patronat ne sont pas parvenus à trouver un compromis lors des négociations sur l'emploi des seniors.
Syndicats et patronat ne sont pas parvenus à trouver un compromis lors des négociations sur l'emploi des seniors. (Crédits : Reuters)

Ils ont eu beau rajouter des séances de négociation, rien n'y a fait. Malgré les jours de discussion supplémentaires, syndicats et patronat ne sont pas parvenus à trouver un compromis. Mardi, tard dans la soirée, les premiers, unanimes, ont jeté l'éponge, estimant que le second ne proposait aucun nouveau droit pour les salariés. Pourtant, selon plusieurs centrales, une simple ouverture des employeurs sur un droit à la retraite progressive aurait pu changer la donne. Mais la délégation menée par le Medef n'a rien voulu savoir, au motif que cela serait trop coûteux.

Les partenaires sociaux ont donc pris acte de leur mésentente. « C'est un moment raté », a conclu la CFE-CGC.

La convention d'assurance chômage est enterrée

Certes, la négociation entre les partenaires sociaux portait sur un « Pacte de la vie au travail », et notamment l'emploi des seniors, mais elle conditionne aussi la validation de la dernière convention d'assurance chômage. Et sans accord, cette convention qui doit régir la période 2024-2027, - convention issue d'un compromis à minima datant de novembre dernier entre les partenaires sociaux - n'a aucune obligation d'être validée par l'exécutif.

Une nouvelle lettre de cadrage devrait donc être envoyée aux partenaires sociaux pour qu'ils négocient une nouvelle convention. Ce mercredi matin, sur TF1, Catherine Vautrin, la ministre du Travail disait attendre des éléments.

Cet échec redonne la main au gouvernement

Assurément, il laisse le champ libre au gouvernement. Ce dernier ne cache pas son intention de réformer le système d'indemnisation des chômeurs pour les inciter à reprendre plus rapidement un emploi. Alors que le déficit est plus élevé que prévu, il souhaite durcir les droits d'éligibilité des demandeurs d'emploi, mais aussi réduire la durée d'indemnisation. Dans le viseur également, le système spécifique des seniors.

Lire aussiDette, déficit : la réforme de l'assurance chômage, un moyen de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat

Et, l'exécutif veut aller vite. Gabriel Attal, le locataire de Matignon, comme le Président Emmanuel Macron, souhaitent que la prochaine réforme de l'assurance chômage entre en vigueur à l'automne.

Aussi, il est probable que, dans la lettre de cadrage qu'il enverra aux partenaires sociaux, l'exécutif inscrira des objectifs financiers importants, pour réaliser d'importantes économies. De quoi faire tiquer les syndicats.

Affaiblissement du dialogue social

Pour les syndicats comme pour le patronat, cet échec de la négociation met en valeur leur difficulté - voire leur impossibilité - à dialoguer. Déjà affaiblis, les partenaires sociaux risquent de voir, dans l'opinion, leur image encore écornée.

Plus largement, c'est un coup dur pour le paritarisme. L'assurance chômage est un des derniers bastions où il s'exerce encore, mais sous une contrainte forte du gouvernement.

C'est d'ailleurs, peut être ce qui explique que certains partenaires, justement, n'ont plus vraiment envie de jouer ce jeu. Pour la CFDT, cela a beaucoup pesé sur la position adoptée par le patronat dans cette négociation. Selon le numéro 2 du syndicat réformiste, Yvan Ricordeau, « depuis le début, le patronat de toute façon ne voulait pas d'accord.  »

Lire aussiEmploi des seniors : le compte épargne temps universel (Cetu) écarté de la négociation de la dernière chance

Que vont faire désormais les syndicats et le patronat ? FO et CFDT ont d'ores et déjà annoncé se retourner vers leurs instances pour décider de la conduite à adopter. Idem du côté du patronat, qui s'est montré plutôt divisé - notamment entre Medef et CPME et U2P - dans les échanges.

Au final, ceux qui pourraient être les plus grands perdants sont les demandeurs d'emploi et les salariés, qui risquent de voir leurs conditions d'indemnisation considérablement réduites.

Fanny Guinochet
Commentaires 14
à écrit le 11/04/2024 à 7:56
Signaler
Les patronats préfèrent se faire imposer des mesures par la loi que s'engager dans un accord. Au moins, ils obtiennent toujours des contreparties.

à écrit le 10/04/2024 à 19:53
Signaler
Avec la retraite à 55 ans pas de problèmes !

le 10/04/2024 à 22:47
Signaler
Quelle retraite à 55 ans ? A part les danseurs - ses de l opera personne part à 55 ans en France .. si vous faites allusion aux salariés ratp ou sncf vous avez 2 ou 3 trains / métros de retard et je vous invite à lire les articles de capital ou de...

à écrit le 10/04/2024 à 13:58
Signaler
Doit on vraiment croire la mésentente entre syndicat sachant que le pouvoir en place n'attend que cela pour imposer sa version ?;-)

à écrit le 10/04/2024 à 13:15
Signaler
"Et après ?" Rien .

à écrit le 10/04/2024 à 13:03
Signaler
Chronique d'un échec courru d'avance, mais ouf les apparences sont préservées. La suite est déjà écrite. Chaque partie va se prévaloir de ses propositions constructives et bla bala. In fine, l'état va reprendre la main et tailler sec puisque ce gou...

à écrit le 10/04/2024 à 12:49
Signaler
Pourquoi, vous pensiez que le patronat allait changer la situation? sincèrement, il ne faut pas être benêt pour avoir compris que le gouvernement passait le message de faire capoter la négo pour ensuite ne rien faire, voir comme c'est le cas réduire ...

le 10/04/2024 à 13:59
Signaler
...vous avez tout dit, bravo.

le 10/04/2024 à 14:37
Signaler
L'électorat du gouvernement est à présent essentiellement constitué d'inactifs retraités.

à écrit le 10/04/2024 à 12:21
Signaler
C'est sûr qu'avec un patronat n'ayant à proposer pour l'emploi des séniors que de faciliter leur licenciement, il ne faudra pas s'étonner si à un moment, on finit par créer des "emplois vieux" dans le public, ce qu'on fait d'ailleurs dans certains pa...

le 10/04/2024 à 13:00
Signaler
mais ou sont les syndicats dans les entreprise prive en france il y a longtemps qu'il ont saborder leur presence pour eux seul les fonctionnaires ont des droits quand ont voit ce qu'ils ont fait du secteur livre qu'ils ont vendu en piece idem...

le 10/04/2024 à 14:11
Signaler
@ludwig : un patronat a généralement les syndicats qu'il mérite...

le 10/04/2024 à 14:25
Signaler
Ludwig : le patronat à longtemps bénéficié d'un cadre légal lui permettant à un patron de gérer en monarque absolu, c'est de ce substrat que vient la future CGT formée dans la clandestinité et donc vous pourrez l'interdire, elle repassera dans la cla...

à écrit le 10/04/2024 à 11:43
Signaler
Commet politiciens, hommes d'affaires et syndicats qui pourtant mangent tous à la même gamelle n'arrivent pas à se mettre d'accord ? Le restaurant était trop bon ils veulent y revenir c'est ça ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.