[Article publié le dimanche 2 juillet à 13H28 et mis à jour à 16H25] Après une cinquième nuit d'émeutes en France consécutives à la mort du jeune Nahel tué à 17 ans par un policier, la présidence a annoncé qu'Emmanuel Macron ferait un « point de situation », ce dimanche soir à 19H30 au Palais de l'Elysée en présence de la Première ministre Elisabeth Borne, du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et du garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti. En outre, une cellule interministérielle de crise (CIC) est activée « en continu » pour suivre la situation et « prendre les décisions nécessaires », selon Matignon.
Les commerces pris pour cible
La veille, quatre jours après le début des troubles, on recensait une dizaine de centres commerciaux et plus de 200 enseignes de la grande distribution attaquées et pillées - dont 15 incendiées -, 250 débits de tabac mais aussi 250 agences bancaires, des magasins de toutes tailles, des établissements de restauration rapide... « C'est hyper critique et il y a vraiment des dégâts très importants », a réagi auprès de l'AFP Alain Di Crescenzo, président de CCI France (les chambres de commerce et d'industrie). « On en est à plusieurs milliers de commerces », avec une prédilection pour les articles de sport, l'alimentaire et l'optique. Un bilan d'autant plus lourd selon lui que de nombreux vigiles ont fait valoir leur droit de retrait. Pour soutenir les commerces visés, une cellule de crise, y compris psychologique, a été ouverte dans chaque CCI, a précisé le président de CCI France.
A Strasbourg, les autorités locales ont appelé, samedi, les commerçants à fermer leurs établissements après les pillages survenus la veille dans plusieurs magasins du centre-ville. La préfecture du Bas-Rhin et la mairie de Strasbourg ont ainsi diffusé un message à destination des commerçants, les invitant à baisser le rideau l'après-midi, tandis que les transports en commun ont cessé de fonctionner à 13H00.
Transports à l'arrêt le soir en Ile-de-France
Et pour cause, bus et tramways ont été pris pour cible ces dernières nuits notamment en Ile-de-France où 15 bus de la RATP ont été détruits, dont 12 dans la nuit de jeudi à vendredi par cocktails Molotov. Une rame du tramway T6 avait auparavant été détruite à Clamart (Hauts-de-Seine).
Bien qu'aucun nouveau dégât aux véhicules ou installations de la RATP n'ait été à déplorer ce dimanche, selon la Régie, la circulation des bus et tramways reste interrompue « tous les soirs jusqu'à nouvel ordre » selon ce qui a été annoncé, vendredi, par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité chargée d'organiser les transports dans la région.
Si cette règle ne s'applique qu'à partir de 21 heures, deux lignes de transport en commun franciliennes gérées par la RATP étaient néanmoins encore interrompues ce dimanche en journée, a-t-on appris auprès de l'opérateur. « Le T5 reste interrompu, avec 17 bus de substitution qui ont été mis en place », a déclaré un porte-parole à l'AFP. Côté bus, la ligne 159, qui relie normalement Nanterre à La Défense (Hauts-de-Seine) « ne va pas rouler de toute la journée pour des raisons de sécurité », selon la même source. L'interruption prolongée du T5, qui relie Saint-Denis à Sarcelles, est due aux dégâts qui ont touché les infrastructures, des rails ayant été endommagés pendant les émeutes.
Attaque à la voiture-bélier incendiaire
Une attaque à la voiture-bélier incendiaire a été perpétrée au domicile du maire de l'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) dans la nuit de samedi à dimanche. Un acte condamné de manière unanime par la classe politique ce dimanche. Une enquête pour « tentative d'assassinat » a été ouverte par le parquet de Créteil après les faits de L'Haÿ-les-Roses, d'une « gravité extrême » selon le procureur.
Le chancelier allemand « préoccupé » par les émeutes en France
Ces événements ont suscité la réaction du chancelier allemand, Olaf Scholz, qui s'est dit « préoccupé », ce dimanche, par la poursuite des émeutes urbaines en France. « Nous observons bien sûr avec préoccupation » ce qui se déroule en France, « et j'espère beaucoup, je suis totalement persuadé, que le chef de l'Etat français trouvera les moyens de faire en sorte que la situation s'améliore rapidement », a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne de télévision publique ARD. Emmanuel Macron devait se rendre en Allemagne, mais à annulé cette visite d'Etat.
(Avec AFP)