Sa mission consiste à évaluer, à anticiper, à débattre et à proposer. Institution rattachée au Premier ministre, France Stratégie vient de produire deux notes d'analyse sur les villes moyennes, à la demande de Jacqueline Gourault.
En septembre 2021, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales a ainsi commandé à France Stratégie d'« objectiver les dynamiques territoriales à l'œuvre dans les villes moyennes avant et pendant la pandémie et de resituer leur rôle dans une vision renouvelée du développement et de la cohésion des territoires ».
1/3 de la population, 1/3 de l'emploi salarié privé
Un bilan à mi-parcours du programme « Action Cœur de ville », ce dispositif lancé en mars 2018 et doté de 5 milliards d'euros pour revitaliser 222 villes moyennes ? Pas vraiment, mais deux documents intitulés « la revanche des villes moyennes, vraiment ? » et « les villes moyennes, un pilier durable de l'aménagement du territoire ? ».
Toutes sources confondues, ces communes de 20.000 à 100.000 habitants accueillent en effet près d'un tiers de la population française ainsi qu'un tiers de l'emploi salarié privé. Il n'empêche : elles restent considérées comme des lieux de déclassement, de dépendance à la maison et à la voiture, voire de désindustrialisation.
Des trajectoires « dynamiques » depuis 10 ans
En réalité, en termes de démographie, d'emploi et de prix de l'immobilier, 85 des 202 villes étudiées par France Stratégie connaissent des trajectoires "dynamiques" depuis dix ans. Autrement dit, elles n'ont pas attendu la crise sanitaire pour exister.
« Trois quarts d'entre elles sont des préfectures et des sous-préfectures avec un certain nombre d'équipements et de services - santé, culture, transport - qui en font des pivots de notre système territorial », précise à La Tribune Claire Rais Assa, cheffe de projet au département développement durable et numérique de France Stratégie.
"Les villes moyennes ne sont plus du tout à l'ombre des métropoles"
Malgré des années de métropolisation, notamment due au projet de loi de l'action publique et d'affirmation des métropoles (MAPTAM, 2014) qui a transformé les agglomérations de plus de 400.000 habitants en moteur de développement économique, d'innovation, de transition énergétique et de politique de la ville, les villes moyennes servent de courroie de transmission entre les petites (3.000 à 20.000 résidents) et les grandes (plus de 100.000).
« Elles ne sont pas des îlots, mais servent de relais à l'accès aux services pour des territoires moins denses. Les villes moyennes ne sont plus du tout à l'ombre des métropoles, mais jouent un rôle structurant au niveau local », poursuit Claire Rais Assa, cheffe de projet au département développement durable et numérique de France Stratégie
Une meilleure résistance à l'épreuve de la Covid-19
En termes de travail, les deux notes d'analyse convergent en outre sur le fait que les villes moyennes ont mieux résisté à l'épreuve de la Covid-19 que les métropoles : +2,3% de création d'emplois salariés privés entre le troisième trimestre 2019 et le troisième trimestre 2021, contre seulement +1,9% dans les grandes villes.
Enfin, en termes d'immobilier, France Stratégie relève que « la pandémie n'a pas entraîné de modifications substantielles de la géographie résidentielle ». Seule une hausse de prix est constatée dans les centres villes moyennes.
Autrement dit, comme le relevait déjà le Conseil supérieur du notariat mi-décembre, il n'y a pas eu d'exode urbain depuis deux ans. De même, l'immobilier ancien est en surchauffe entre l'envolée des transactions et l'épuisement des stocks.
En résumé, l'immense majorité des villes moyennes s'affirment comme des communes où la population augmente et où l'emploi progresse plus qu'ailleurs.