Emploi, population : les villes moyennes prennent leur revanche sur les métropoles

Quatre mois après été missionné par la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, France Stratégie vient de publier deux notes d'analyse sur les villes moyennes. Depuis dix ans, ces villes se révèlent plus résilientes que les grandes villes en termes d'emploi, de démographie et de prix de l'immobilier. Explications.
César Armand
85% des 202 villes étudiées par France Stratégie connaissent des trajectoires dites dynamiques depuis dix ans.
85% des 202 villes étudiées par France Stratégie connaissent des trajectoires dites dynamiques depuis dix ans. (Crédits : Vincent Kessler)

Sa mission consiste à évaluer, à anticiper, à débattre et à proposer. Institution rattachée au Premier ministre, France Stratégie vient de produire deux notes d'analyse sur les villes moyennes, à la demande de Jacqueline Gourault.

En septembre 2021, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales a ainsi commandé à France Stratégie d'« objectiver les dynamiques territoriales à l'œuvre dans les villes moyennes avant et pendant la pandémie et de resituer leur rôle dans une vision renouvelée du développement et de la cohésion des territoires ».

1/3 de la population, 1/3 de l'emploi salarié privé

Un bilan à mi-parcours du programme « Action Cœur de ville », ce dispositif lancé en mars 2018 et doté de 5 milliards d'euros pour revitaliser 222 villes moyennes ? Pas vraiment, mais deux documents intitulés « la revanche des villes moyennes, vraiment ? » et « les villes moyennes, un pilier durable de l'aménagement du territoire ? ».

Toutes sources confondues, ces communes de 20.000 à 100.000 habitants accueillent en effet près d'un tiers de la population française ainsi qu'un tiers de l'emploi salarié privé. Il n'empêche : elles restent considérées comme des lieux de déclassement, de dépendance à la maison et à la voiture, voire de désindustrialisation.

Des trajectoires « dynamiques » depuis 10 ans

En réalité, en termes de démographie, d'emploi et de prix de l'immobilier, 85 des 202 villes étudiées par France Stratégie connaissent des trajectoires "dynamiques" depuis dix ans. Autrement dit, elles n'ont pas attendu la crise sanitaire pour exister.

« Trois quarts d'entre elles sont des préfectures et des sous-préfectures avec un certain nombre d'équipements et de services - santé, culture, transport - qui en font des pivots de notre système territorial », précise à La Tribune Claire Rais Assa, cheffe de projet au département développement durable et numérique de France Stratégie.

"Les villes moyennes ne sont plus du tout à l'ombre des métropoles"

Malgré des années de métropolisation, notamment due au projet de loi de l'action publique et d'affirmation des métropoles (MAPTAM, 2014) qui a transformé les agglomérations de plus de 400.000 habitants en moteur de développement économique, d'innovation, de transition énergétique et de politique de la ville, les villes moyennes servent de courroie de transmission entre les petites (3.000 à 20.000 résidents) et les grandes (plus de 100.000).

« Elles ne sont pas des îlots, mais servent de relais à l'accès aux services pour des territoires moins denses. Les villes moyennes ne sont plus du tout à l'ombre des métropoles, mais jouent un rôle structurant au niveau local », poursuit Claire Rais Assa, cheffe de projet au département développement durable et numérique de France Stratégie

Une meilleure résistance à l'épreuve de la Covid-19

En termes de travail, les deux notes d'analyse convergent en outre sur le fait que les villes moyennes ont mieux résisté à l'épreuve de la Covid-19 que les métropoles : +2,3% de création d'emplois salariés privés entre le troisième trimestre 2019 et le troisième trimestre 2021, contre seulement +1,9% dans les grandes villes.

Enfin, en termes d'immobilier, France Stratégie relève que « la pandémie n'a pas entraîné de modifications substantielles de la géographie résidentielle ». Seule une hausse de prix est constatée dans les centres villes moyennes.

Autrement dit, comme le relevait déjà le Conseil supérieur du notariat mi-décembre, il n'y a pas eu d'exode urbain depuis deux ans. De même, l'immobilier ancien est en surchauffe entre l'envolée des transactions et l'épuisement des stocks.

Lire aussi 5 mnLes transactions s'envolent, les stocks s'épuisent : l'immobilier ancien en surchauffe

En résumé, l'immense majorité des villes moyennes s'affirment comme des communes où la population augmente et où l'emploi progresse plus qu'ailleurs.

César Armand
Commentaires 4
à écrit le 01/02/2022 à 10:50
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Les villes moyennes sont attrayantes à condition que les services publics suivent : hôpital poste gare ainsi que le corps médical : médecin , ophtalmo pharmacie … Perso : 4 semaines d attentes pour un rdv chez un médecin - qui ne prend plus de pat...

à écrit le 01/02/2022 à 9:56
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Pour ma génération de plus de 60 ans, aller à la ville c'était une garantie de trouver un bon boulot stable et bien rémunéré dans un bureau, au lieu d'être condamné à vivre dans la boue des fermes, ou le vivotement des petits commerces voués à mourir...

à écrit le 01/02/2022 à 8:02
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Si on regarde Hidalgo faire on voit bien que même les élus se rendent compte que les villes ne peuvent pas devenir toujours plus grosse car au final ce qu’elle fait c'est la sélection par le pognon, ceux qui peuvent habiter au centre ville sont privi...

à écrit le 31/01/2022 à 19:15
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On pourrait dire de manière plus prosaïque que la bétonisation des métropoles commence à montrer ses limites. La densification, corollaire de la logique du "il manque des logements à ...", aboutit à des villes qui deviennent des repoussoirs, où plus ...

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