En cas de suppression du télétravail dans leur entreprise, la moitié des cadres seraient prêts à démissionner

Revenir en arrière sur le télétravail ? Pas question pour les cadres, pointe la dernière étude de l'Association pour l'emploi des cadres. Malgré certaines limites reconnues à cette pratique, les avantages seraient plus nombreux que les inconvénients.
Près d'un cadre sur deux (45%) démissionnerait si l'accès au télétravail leur était supprimé.
Près d'un cadre sur deux (45%) démissionnerait si l'accès au télétravail leur était supprimé. (Crédits : © tirachard / Adobe Stock)

Depuis la crise sanitaire, pas question de revenir en arrière sur le télétravail, du moins pour les cadres. C'est ce que montre une étude de l'Association pour l'emploi des cadres publiée ce mardi, qui pointe que près d'un cadre sur deux (45%) démissionnerait si l'accès au télétravail leur était supprimé. Le télétravail régulier est « désormais bien installé dans l'organisation du travail des cadres », affirment les auteurs de l'étude.

L'enquête de l'Apec rapporte qu'aucun « retour en arrière n'est envisageable pour les cadres » et souligne même que 69% seraient mécontents en cas de réduction de celui-ci (82% en cas de suppression).

Dans le détail, l'étude repose sur des enquêtes en ligne réalisées auprès d'un échantillon de 1.000 cadres en novembre 2023 et janvier 2024 et auprès de 2.000 cadres en décembre 2023.

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Au moins un jour par semaine

Au niveau de la fréquence, deux tiers des cadres interrogés télétravaillent au moins un jour par semaine, dont un quart plus de deux jours par semaine, preuve de l'essor considérable du télétravail dans cette catégorie professionnelle depuis quelques années et la pandémie de Covid-19. Cette pratique permet à sept cadres sur dix d'organiser leurs tâches en fonction du lieu de travail, favorisant le travail sur site pour les tâches collectives (61%) et optant davantage pour le travail à domicile pour les tâches individuelles (51%).

Par ailleurs, travailler à distance fait désormais partie de la marque employeur. En effet, un cadre sur deux (51%) considère même que le recours au télétravail n'est plus une option mais un acquis, rejoindre une entreprise sans accès au télétravail étant devenu rédhibitoire.

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Limites du télétravail

Les cadres identifient toutefois certains points de vigilance pour optimiser la pratique du travail hybride : ils pointent notamment une moindre intégration des nouveaux salariés dans l'équipe (48%), un brouillage des frontières entre vie personnelle et professionnelle (40%) ou encore la peur de rater des communications importantes (39%). Des limites davantage ressenties en particulier par les cadres les plus jeunes, particulièrement concernés par les enjeux d'intégration et d'évolution professionnelle selon l'étude.

Néanmoins, la volonté de pérenniser la pratique du télétravail n'est pour autant pas remise en cause et sept cadres sur dix jugent que le télétravail présente plus d'avantages que d'inconvénients.

Vers un retour au bureau ?

Outre les cadres, les Français sont tout de même les champions européens de la présence au bureau, d'après une enquête publiée fin 2023 de JLL, un cabinet de conseil français en immobilier. Dans le détail, les Français sont présents au bureau 3,5 jours par semaine en moyenne. C'est plus que les Suisses (3 jours), les Britanniques (2,6 jours) ou encore les Espagnols (2,5).

D'autant que certains groupes font machine arrière concernant cette pratique. En effet, plus de trois ans après l'apparition massive du télétravail en entreprise, l'heure est au recadrage, certains groupes sonnant même un retour plus large en présentiel, au nom de la « productivité » et du sens du collectif.

Par exemple, en novembre dernier, les salariés de Groupama Immobilier sont revenus travailler tous les jours au bureau, à la Défense. La filiale immobilière de l'assureur teste pour trois mois ce retour au monde d'avant la crise du Covid, après avoir instauré, comme la majorité des entreprises concernées, deux jours de télétravail par semaine.

« Ce qui se joue aujourd'hui, c'est un gros débat sur la notion de productivité », confirme en novembre Flore Pradère, directrice recherche et prospective bureaux chez le spécialiste de l'immobilier d'entreprise JLL, qui a mené deux études à l'échelle internationale sur l'articulation télétravail-bureau. « Au départ, on s'est dit : formidable gain de temps, (on va) optimiser l'espace, les gens vont pouvoir travailler plus et peut-être qu'on va économiser des mètres carrés ». Désormais, « il y a un petit rétropédalage, où on se dit : quid de la transversalité, du sentiment d'appartenance, de la collaboration entre les équipes et des capacités à innover ? », explique-t-elle à l'AFP.

Au niveau mondial, 87% des entreprises interrogées par JLL imposent un retour au bureau au moins une partie du temps, un tiers ont mis en place une obligation de présence certains jours. Malgré tout, « on ne peut pas imaginer un monde où il n'y aurait plus de télétravail », tranche Flore Pradère. Chaque entreprise « va trouver son curseur », et « il y a fort à parier que ce sera un à deux jours dans 80 à 90% des cas ».

Aux Etats-Unis, les bureaux vidés par le télétravail menacent des banques de faillite

Des immeubles de bureaux restent à moitié vides aux Etats-Unis, la faute au télétravail plébiscité depuis la pandémie. Leur valeur a chuté et pourtant les propriétaires vont devoir refinancer les prêts, malgré les taux élevés : ce cocktail explosif, par ricochet, menace certaines petites banques.

« Il y aura des faillites bancaires, mais ce ne seront pas les grandes banques, (...) plutôt les petites et moyennes », a averti le président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, jeudi devant une commission du Sénat.

San Francisco, Washington, New York... les bureaux aux Etats-Unis voient passer moitié moins de personnes qu'avant la pandémie. Car de nombreux cols blancs rechignent à refaire leurs longs trajets quotidiens depuis qu'ils se sont habitués à travailler de chez eux pendant la crise du Covid.

Le taux de vacance, qui était de 9,5% en 2019, a grimpé à 13,5% en 2023, et pourrait aller jusqu'à 16,6% fin 2025, selon l'agence Fitch. Cette désertion a fait perdre au secteur des bureaux un tiers de sa valeur.

« Dans de nombreuses villes, le quartier de bureaux du centre-ville est sous-peuplé », avec « des bâtiments vides », et « tous les commerces qui servaient les milliers de personnes qui travaillent dans ces immeubles sont également sous pression », a souligné Jerome Powell.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 12/03/2024 à 17:05
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"la faute au télétravail plébiscité depuis la pandémie. " Comme quoi, la pandémie a eu du bon pour certain.

à écrit le 12/03/2024 à 12:58
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Pour le cadre lambda de plus de 50 ans je ne suis pas certain que la démission soit un bon plan ,car retrouver un job à cet âge ,je lui souhaite bien du plaisir.

à écrit le 12/03/2024 à 10:26
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Ben vu le prix de la mobilité et du logement, rester dans son très cher chez soi plutôt que parcourir des kilomètres très chers, l'avion est bon marché parce que copieusement subventionné par l'argent public certes mais peu de salariés utilisent ce m...

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