Télétravail-bureau : les salariés franciliens veulent une organisation sur-mesure

Si les Franciliens télétravaillent 2,3 jours par semaine pour concilier vies professionnelle et personnelle, ils ne sont pas pour autant prêts à lâcher le bureau comme lieu de socialisation. C'est ce qui ressort du dixième baromètre « Workplace », réalisé par la foncière francilienne de bureaux SFL et l'institut de sondage Ifop. Décryptage.
Des travailleurs dans un open space - (Image d'illustration)

La France est championne d'Europe. Pas dans une discipline sportive, mais dans la présence au bureau. Selon une étude menée par le cabinet de conseil en immobilier JLL, les Français sont largement au-dessus de leurs voisins avec une moyenne de 3,5 jours de présence au bureau par semaine. Pour autant, les mêmes ne sont pas prêts de lâcher le télétravail, étant désormais attachés à cette organisation hybride, qui leur confère une véritable liberté. « Dans toutes nos recherches sur le sujet ces dernières années, nous avons constaté que le télétravail était quasiment devenu un acquis social », constate Flore Pradère, directrice de recherche sur les nouveaux modes de travail chez JLL. La région parisienne semble suivre cette tendance nationale au regard de la dernière étude « Workplace » réalisée par l'institut de sondage Ifop pour la foncière de bureaux 100% francilienne SFL (73 employés, 400.000 m² d'actifs), dévoilée ce jeudi.

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Concilier vies professionnelle et personnelle

Les 1.300 salariés d'Île-de-France interrogés considèrent en effet que 2,3 jours de télétravail et 2,6 jours de présence au bureau par semaine constituent le partage idéal. Une flexibilité qui leur permet de concilier leurs vies professionnelle et personnelle. « La fin du bureau, personne n'y croit », affirme ainsi à La Tribune Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop et auteur du sondage.

« Les salariés ont intégré le caractère pernicieux du télétravail. Il y a un véritable impact sur l'efficacité et sur la santé mentale. Ils n'acceptent plus le 100% télétravail ou 100% bureau, mais veulent construire leur rythme de travail à la carte. Ce qu'ils demandent, c'est un bureau Netflix », poursuit Frédéric Dabi.

Un bureau Netflix ou un bureau à la carte. 79% des sondés - contre 66% en 2020 - déclarent que la possibilité de faire du télétravail est devenue un critère de choix pour leur prochain poste. 66% estiment aussi que les entreprises auront toujours besoin de  bureaux, contre 57% en 2020.

« Ce qu'ils recherchent, c'est la liberté. Les salariés veulent pouvoir travailler quand ils veulent, et d'où ils veulent », décrypte Dimitri Boulte, directeur général de SFL et commanditaire de l'étude.

« La Covid-19 a accéléré l'évincement de la frontière entre la vie professionnelle et la vie personnelle », poursuit ce professionnel de l'immobilier de bureaux. Ces deux sphères ont même « éclaté », acquiesce le sondeur Frédéric Dabi. 59% des sondés franciliens demandent ainsi un accès à leur lieu de travail 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 de même que 58% d'entre eux plaident pour l'accès à de nouveaux services au sein de leur entreprise, comme la coiffure, les massages ou le débit de boissons.

Une place de socialisation

A défaut d'équipements, les employés prennent du temps pendant la journée pour leur vie personnelle. 62% du panel fait une course dans le quartier (contre 61% en 2019) et 53% se rendent à un rendez-vous médical (contre 40%)... C'est pourquoi s'ils en avaient la possibilité, ils préféraient à travailler à 80% dans des quartiers comprenant des bureaux, des commerces et des logements.

De fait, le lieu de travail n'est plus seulement un endroit de production, mais une place de socialisation, en particulier chez les jeunes. Parmi les moins de 25 ans, qui représentent moins de 10% du panel, 70% considèrent qu'avec le temps libéré par la technologie type intelligence artificielle, il faudra prendre davantage de temps pour se parler au travail. Le directeur général de l'Ifop Frédéric Dabi qualifie d'ailleurs le bureau de « lieu de vie ». Malgré l'avènement des réseaux sociaux et de la visioconférence, l'intérêt premier du bureau reste la création de lien social.

« Les jeunes semblent avoir mieux intégré l'idée qu'il va y avoir des changements forts », ajoute Frédéric Dabi à La Tribune.

La même étude Workplace de 2019 ne disait pas autre chose : 25% des employés de bureaux déclaraient avoir besoin de davantage d'interactions au bureau.

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L'intelligence artificielle : une menace pour l'emploi ?

C'est la première fois que le baromètre aborde la question de l'intelligence artificielle. Les résultats démontrent qu'un jeune sur deux (53%) considère que l'IA aura remplacé la majorité des emplois d'ici à dix ans, contre 40 % pour le reste des sondés.

« Cette nouvelle technologie n'en est qu'à ses débuts », estime Dimitri Boulte. « Il est encore trop tôt pour appréhender toutes les conséquences de son utilisation. Mais les jeunes semblent plus familiers avec les nouvelles technologies et davantage lucides sur l'impact qu'elles peuvent avoir sur leur quotidien », poursuit le patron de la foncière SFL.

Malgré une crainte que peuvent ressentir les salariés vis-à-vis de cette innovation, il n'y a pas de « sentiment de panique », abonde Frédéric Dabi.

« Nous assistons à une révolution qui va changer le bureau, certes, mais les travailleurs semblent anticiper les transformations profondes engendrées par cette technologie », conclut le sondeur de l'IFOP.

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Commentaire 1
à écrit le 17/11/2023 à 8:59
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Vu l'enfer de la vie surpeuplée parisienne on les comprend.

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