Fonctionnaires : la CGT et la CFDT réclament de « vraies négociations » sur les salaires, mais pas que

Les syndicats appellent les 5,7 millions d'agents publics à se mobiliser mardi pour défendre leur rémunération. D'autant que le gouvernement et les représentants s'opposent sur l'ampleur de la revalorisation récente dont ont bénéficié les fonctionnaires, l'exécutif assurant que la rémunération moyenne des personnes en place (RMPP) a davantage progressé que l'inflation.
« On est à l'os. Nos services publics vont très mal, ils craquent de partout », a alerté Sophie Binet au micro RMC/BFMTV, prédisant que les fonctionnaires seront « très nombreux » à être en grève mardi (Photo d'illustration).
« On est à l'os. Nos services publics vont très mal, ils craquent de partout », a alerté Sophie Binet au micro RMC/BFMTV, prédisant que les fonctionnaires seront « très nombreux » à être en grève mardi (Photo d'illustration). (Crédits : STEPHANE MAHE)

La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, et son homologue de la CGT, Sophie Binet, ont appelé ce lundi le gouvernement à ouvrir des négociations « immédiates » sur les salaires des fonctionnaires, à la veille d'une journée de mobilisation nationale. Les syndicats de fonctionnaires, réunis en intersyndicale, ont en effet appelé les 5,7 millions d'agents publics à se mobiliser mardi pour défendre leur rémunération. Une manifestation est notamment prévue à Paris.

« On demande des augmentations générales. Et on demande surtout des vraies négociations », a expliqué Marylise Léon, au micro de RTL.

« Aujourd'hui, il y a des fonctionnaires qui ont du mal à boucler les fins de mois. Il y a 10% - 500.000 fonctionnaires - qui gagnent moins de 1.508 euros nets par mois. Ils sont directement frappés par l'inflation, il faut qu'ils puissent vivre de leur travail », a-t-elle plaidé.

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« Nos services publics vont très mal, ils craquent de partout »

« Et quand la CFDT dit qu'il faut de véritables négociations, tout ne se résume pas aux rémunérations », « il y a également la question des conditions de travail, des perspectives de carrière » et « un véritable problème d'attractivité », a poursuivi la responsable.

« Ça nécessite de véritables négociations. Donc j'en appelle à ce qu'elles puissent s'ouvrir le plus vite possible. On sera dans la rue demain (mardi) pour mobiliser l'ensemble des fonctionnaires et les personnes qui veulent les soutenir », a-t-elle achevé.

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Son point de vue est partagé par son homologue de la CGT. « On est à l'os. Nos services publics vont très mal, ils craquent de partout », a alerté de son côté Sophie Binet au micro RMC/BFMTV, prédisant que les fonctionnaires seront « très nombreux » à être en grève mardi « pour enfin se faire entendre et que le gouvernement change ses choix budgétaires ».

L'exécutif doit « ouvrir des négociations immédiates sur la situation dans la fonction publique », a plaidé la leader de la CGT à son tour, jugeant qu'« on sortira de cette crise par des revalorisations collectives ».

Désaccord sur le « diagnostic »

« Ce n'est pas normal que le pouvoir d'achat des fonctionnaires s'érode à ce point », a-t-elle martelé. « Aujourd'hui, les fonctionnaires français sont parmi les moins bien payés - les enseignants, les infirmières, les médecins... - et cela crée un déficit de vocations qui pose un problème pour que nos services publics puissent fonctionner ».

Ces déclarations interviennent alors que, à quelques jours d'une réunion salariale, le gouvernement a envoyé un document aux huit syndicats représentatifs de la fonction publique, censé poser un « diagnostic » sur l'évolution récente des rémunérations des fonctionnaires, selon l'expression de l'exécutif. Un des indicateurs salariaux retenus par le gouvernement est la rémunération moyenne des personnes en place (RMPP). Cet outil mesure l'évolution d'une année sur l'autre de la paie d'un agent public resté au même poste, avec le même temps de travail.

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En se basant sur cet indicateur, le ministère de la Fonction publique se félicite que « le pouvoir d'achat (ait) progressé chaque année depuis 2015 », grâce à une progression de la rémunération supérieure à l'inflation. Alors que l'inflation est de l'ordre de 20% entre 2014 et 2024, les mesures salariales des gouvernements successifs ont dopé la rémunération des fonctionnaires d'Etat de 24,7%, celle des agents publics hospitaliers de 34,2% et celle des agents des collectivités de 20,8%.

Mais le document est « orienté », avait estimé le secrétaire général de la fédération FO des fonctionnaires Christian Grolier, mercredi lors d'une conférence de presse. Son homologue de la CFDT Mylène Jacquot avait aussi « contesté » « le choix de cette statistique-là » (la RMPP) par l'administration.

Un outil au coeur des dissensions

Selon elle, l'indicateur privilégié par le gouvernement « est un diagnostic de l'évolution de la masse salariale » - qui augmente logiquement avec la hausse des effectifs constatée depuis 2015 dans la fonction publique - mais « certainement pas (un diagnostic) de l'évolution des rémunérations ».

« Il y avait un consensus entre les organisations syndicales et l'administration pour ne plus fonder le diagnostic sur cette fameuse RMPP », avait ajouté Mylène Jacquot. Le choix d'y recourir dans le document envoyé aux syndicats a donc été perçu « un peu comme une provocation ».

Du côté du ministère, on certifie que depuis la nomination de Stanislas Guerini à la Fonction publique en 2022, « les données sont constantes sur toute la documentation (salariale) qu'on fournit » aux syndicats.

« La RMPP, ça n'est rien d'autre que la valeur moyenne de la feuille de paie des vrais gens d'une année sur l'autre », tonne l'entourage du ministre.

Ce n'est pas pour autant l'indicateur le plus pertinent, rétorque Benoît Teste, secrétaire général de la FSU. « Si on avait à mettre en avant des données, ce sont celles issues de l'Insee, les comparatifs public-privé, qui montrent un décrochage de beaucoup de professions de la fonction publique par rapport à l'ensemble des salariés », fait-il valoir.

En octobre, l'Institut national de la statistique et des études économiques a publié une étude dans laquelle il compare l'évolution du salaire net moyen en équivalent temps plein dans les entreprises et dans la fonction publique. Entre 2011 et 2021, cet indicateur a progressé de 4,9% dans le privé, plus de deux fois plus vite que les 2,1% constatés dans le public.

Cette donnée « existe », reconnaît pudiquement le ministère, pour qui le salaire moyen n'est cependant pas l'indicateur le plus adéquat pour un « diagnostic » sur l'évolution des rémunérations. En effet, contrairement à la RMPP, la population sur laquelle est mesuré l'indicateur évolue chaque année, au gré des départs en retraite et des recrutements.

« On va mélanger des choux et des carottes en comparant le salaire de gens anciens, qui sont mieux payés, avec le salaire de plus jeunes qui viennent d'entrer », s'agace l'entourage du ministre. Syndicats et gouvernement s'accordent au moins sur un point, mentionné d'ailleurs dans le document litigieux : ces deux dernières années, les augmentations générales du salaire de base des fonctionnaires (+f% en 2022 et +1,5% en 2023) ont été inférieures à l'inflation (+5,2% puis +4,9%).

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 18/03/2024 à 17:26
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Bonjour, pour les fonctionnaires des hausses de salaires pourquoi pas, mais pour 35 heures effective de travail a posté.. ( pas a la maison). Ensuite, je rappelle travail plus pour gagner plus et sa marche aussi dans l'autre sens.. bien sûr, dire q...

à écrit le 18/03/2024 à 17:02
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" Un des indicateurs salariaux retenus par le gouvernement est la rémunération moyenne des personnes en place (RMPP). " Si je comprends bien, on mélange le salaire des cadres de la catégorie A avec les plus petits B et les C ,on touille pour obten...

le 19/03/2024 à 16:36
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Oui, c'est un classique des démagogues de droite de tout mélanger pour laisser sous-entendre que les fonctionnaires seraient surpayés alors que les haut fonctionnaires pantouflent dans le privé à la première occasion venue (comme un certain Emmanuel ...

à écrit le 18/03/2024 à 15:50
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Hein !, Quest-ce qu'ils disent !? La quoi ? On els entend pas...

à écrit le 18/03/2024 à 14:16
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Ces pseudos syndicats étaient où pour denoncer les hausses d’électricité .....bizarre Quand a cette pauvre binet qui insulte bollore et qui fait editer son bouquin chez grasset qui appartient à bollore!

à écrit le 18/03/2024 à 12:29
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On pourrait en profiter pour voir si on doit conserver le statut de fonctionnaire; du temps de l'Ancien Régime, le fonctionnaire est au service du roi; en république, ce n'est qu'un salarié comme un autre.

le 18/03/2024 à 14:09
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A ceci près qu'au temps de l'ancien régime, l'emploi de fonctionnaire s'achetait avec de l'argent et conférait un titre de noblesse transmissible par voie d'héritage alors que de nos jours, le statut de fonctionnaire est un substitut de salaire pour ...

le 18/03/2024 à 14:35
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syndicats vous ne croyez pas avoir oublier le pourquoi de votre fonction défendre ouvriers et employé de leur patron vous ne défendez que ceux qui ont comme patron l'etat et oui dans le prive combien d'entreprise avez vous ferme pour revendicatio...

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