Fraude fiscale : 15,2 milliards d'euros détectés par Bercy en 2023, nouveau record

Les mises en recouvrement de fraudes fiscales ont atteint 15,2 milliards d'euros en 2023, a indiqué ce mercredi le Premier ministre Gabriel Attal, saluant un record et des « résultats historiques ».
Gabriel Attal a annoncé 15,2 milliards d'euros de mises en recouvrement de fraude fiscale pour 2023. (photo d'illustration)
Gabriel Attal a annoncé 15,2 milliards d'euros de mises en recouvrement de fraude fiscale pour 2023. (photo d'illustration) (Crédits : Reuters)

Nouveau record dans le recouvrement de la fraude fiscale. Gabriel Attal a annoncé ce mercredi 20 mars que les mises en recouvrement de fraudes fiscales ont atteint 15,2 milliards d'euros en 2023, saluant un record et des « résultats historiques ». C'est 600 millions d'euros de plus que les sommes recouvrées pour fraude fiscale en 2022.

« Nous avons mis en recouvrement 15,2 milliards d'euros de fraude fiscale, c'est plus que jamais dans notre histoire », a déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse à Bercy mercredi matin. « Ces résultats sont historiques (...) nous n'avons jamais autant traqué la fraude », a affirmé Gabriel Attal.

« Chaque fraude est grave et doit être traquée », a martelé le Premier ministre, estimant qu'elle « fait 70 millions de victimes ». « L'année dernière, nous avons augmenté de 25% les contrôles fiscaux et le nombre de perquisitions fiscales a augmenté de 30% », s'est-il félicité. « Nous préférons augmenter la pression sur les fraudeurs, plutôt qu'augmenter les impôts sur les Français », a lancé Gabriel Attal.

Côté fraude sociale, « pour la première fois, nous avons dépassé la barre des 2 milliards d'euros de fraude sociale détectée en une année », a annoncé le Premier ministre, précisant que « le recouvrement de la fraude aux prestations a dépassé le milliard d'euros et la fraude aux cotisations a elle aussi dépassé le milliard d'euros », « deux records historiques ».

Le gouvernement espère encore augmenter les recouvrements à l'avenir. Pour cela, Gabriel Attal a promis d'une part de « renforcer les moyens humains d'ici à 2027 » dans la fraude fiscale : « 281 agents ont été recrutés l'an dernier, et 350 le seront en 2024 », a-t-il indiqué.

Gabriel Attal parie sur « alourdissement des sanctions »

Côté fraude sociale, le chef du gouvernement veut recruter 1.000 agents d'ici 2027, et a annoncé rehausser les objectifs de redressements Urssaf (qui perçoivent les cotisations sociales) à 5,5 milliards d'euros sur le quinquennat, contre 5 milliards précédemment.

Il parie aussi sur un « alourdissement des sanctions », « grâce à des mesures votées dans le budget 2024 ». Depuis le 1er janvier, « ceux qui incitent à frauder sont punis de deux ans de prison et d'une amende de 30.000 euros », a rappelé Gabriel Attal, « et ceux qui proposent des schémas de fraude en ligne sont punis de cinq ans de prison et 500.000 euros d'amende ».

« Chaque euro fraudé est un euro qui devra d'une façon ou d'une autre être payé pour financer nos services publics, notre modèle social, notre souveraineté », a martelé le ministre, alors que le gouvernement cherche à réduire les dépenses de l'Etat pour tenir son budget.

En 2022, les mises en recouvrement de fraude fiscale avaient atteint 14,6 milliards d'euros. En 2021, l'Etat avait récupéré 11 milliards d'euros sur la fraude fiscale, un niveau équivalent à celui de 2019, après être tombé à 7,8 milliards d'euros en 2020 sur fond de crise sanitaire.

Les montants mis en recouvrement par le fisc après contrôle fiscal ne sont que la partie immergée de l'iceberg. Très difficile à chiffrer, le montant de la fraude fiscale en France ne fait l'objet d'aucune estimation officielle.

La Cour des comptes réclame une stratégie de détection de la fraude

Mi-novembre dernier, la Cour des comptes a appelé le gouvernement à définir, d'ici à fin 2024, une stratégie de détection de la fraude fiscale chez les particuliers, un axe peu développé dans le nouveau plan anti-fraude de l'exécutif. Mesurer l'efficacité de la détection de la fraude chez les particuliers se heurte actuellement à une « carence majeure » : l'absence d'évaluation fiable de la fraude fiscale, constatait la Cour dans un rapport.

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« La France ne dispose d'aucune évaluation rigoureuse de la fraude fiscale », avait noté le premier président de l'institution, Pierre Moscovici, devant la presse. « En l'absence d'estimation de la fraude, (...) il est impossible de dire si la fraude détectée correspond à 20%, 50% ou 80% de la fraude commise ».

Un Conseil d'évaluation des fraudes lancé en octobre

En octobre dernier, le gouvernement a lancé un Conseil d'évaluation des fraudes, qui réunit une trentaine de personnalités chargées « avant l'été » prochain de mettre de premiers chiffres sur ces phénomènes difficilement évaluables.

Alors que le gouvernement a annoncé faire de la lutte contre les fraudes « une priorité » dans un contexte de finances publiques dégradées, « nous avons besoin d'y voir plus clair sur la réalité de la fraude », avait alors déclaré le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, en présentant la nouvelle instance à Bercy.

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Parmi les principaux sujets sur lesquels le gouvernement souhaite avancer figurent l'évaluation de la fraude sur l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés, ainsi que la fraude liée au tabac et les dépenses d'assurance maladie, avait souligné le ministre. Le recours à des méthodes aléatoires de contrôle est par ailleurs jugé nécessaire pour contribuer à les identifier, avait-il précisé.

Le gouvernement a également prévu de renforcer son arsenal de lutte contre les fraudes, avec de nouvelles mesures prévues dans le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Parmi celles-ci la création d'un nouveau délit d'incitation à la fraude fiscale ou sociale, ou d'un régime de sanctions visant les fraudes aux aides publiques.

Commentaires 22
à écrit le 01/04/2024 à 6:09
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Le vrai montant de La fraude fiscale, c’est bien plus que 15.2 milliards d’Euros. Certains se donnent bonne conscience en récupérant cette somme auprès des contribuables. La belle affaire. L’optimisation fiscale des intouchables, c’est là qu’il faut ...

à écrit le 21/03/2024 à 12:22
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Manque une info essentielle. A qui profitent les crimes ? Les plus riches, les classes moyennes, celles juste au dessus du SMIC, des smicards, et dans quelles proportions? Et pour quelles arnaques? Pour les piscines, OK, faut disposer d'un terrain...

le 21/03/2024 à 13:14
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Août 2022 : Les piscines non déclarées vont désormais être traquées dans toute la France. La direction générale des Finances publiques (DGFiP) a annoncé ce lundi que son dispositif de détection par intelligence artificielle des piscines non déclar...

à écrit le 21/03/2024 à 11:13
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15,2 milliards en 2023 après 14,6 milliards en 2022 soit +4,1%. Compte-tenu d'une inflation officielle 2023 à 4,9% (...et le reste...) à laquelle il faut ajouter une croissance du PIB de 0,9%, soit une croissance monétaire de 5,84% en euros courants...

à écrit le 21/03/2024 à 6:40
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Et la lutte contre la fraude à la TVA intra-communautaire? J´ai vu des cas, où il y a eu "fraude" sans que l´acheteur ne s´en rende compte (un particulier achetait dans une autre pays européen). Autre cas : au nom de la simplification de la création ...

à écrit le 20/03/2024 à 22:45
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et ils vont faire quoi avec ? créer de nouvelle dépenses à financer .faire des économies de budget de l' état

à écrit le 20/03/2024 à 22:44
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et ils vont faire quoi avec ? créer de nouvelle dépenses à financer .faire des économies de budget de l' état

à écrit le 20/03/2024 à 15:50
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Ça ne va pas finir par s'assécher, les détections de fraudes ? Une année on verra "pas de fraude détectée cette année", ce qui ne sera pas négatif vu que les sommes devant être réglées le seront, mais ne l'étaient pas avant. Les fraudeurs pris cherch...

à écrit le 20/03/2024 à 15:07
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Pendant ce temps : Il garde son objectif. Le Premier ministre Gabriel Attal a jugé ce mercredi « prioritaire » le projet de fusion entre la carte Vitale et la carte d’identité, qu’il avait lancé lorsqu’il était ministre des Comptes publics pour lu...

à écrit le 20/03/2024 à 14:29
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SI les lois étaient bien faites il serait impossible de frauder ou d'optimiser

à écrit le 20/03/2024 à 14:12
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rétablissons L'EGALITE dans les prélèvements ,les cotisations diminueront la fraude aussi. A travail égal impôts égaux Un exemple simple pourquoi défiscaliser les tickets restaurant puisque tout le monde n'y a pas droit ; en plus c'est une subvent...

à écrit le 20/03/2024 à 12:52
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600 millions d'euros de plus de mise en recouvrement c'est 4% de plus qu'en 2022. C'est plus ou moins comme l'inflation...Pas de quoi pavoiser

à écrit le 20/03/2024 à 12:51
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Pour les fraudes fiscales il faut des controles mais pour la fraude sociale il ya un moyen bien plus performant de la reduire: abrogeons toutes les prestations sociales et i n'y aura plus de fraudes

le 21/03/2024 à 9:00
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On pourrait commencer par les retraites, les dépenses publiques baisseraient de 30% d'un coup :-)

à écrit le 20/03/2024 à 12:11
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Lutter contre l'addiction au fric n'est-ce pas l'essentiel de la bataille à mener ? La cocaine fait des ravages, l'argent aussi, lorsque les gens deviennent hyperarchicupides au point de voler leurs propres concitoyens par la fraude fiscale ou socia...

à écrit le 20/03/2024 à 12:04
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Oui, on parle de la fraude sociale, mais c'est peu comparé au coût pour la collectivité des pratiques perverse de franges entières du privé en matière de gestion RH (ex : Atos qui ne sera pas une bien grande perte si elle est liquidée)

à écrit le 20/03/2024 à 11:44
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Les gars découvrent soudainement la fraude fiscale endémique parce que le budget est à la ramasse (comme la dette explosive) et qu'il faille de l'oseille en urgence; comme les gars ont découvert que les moyens matériels sanitaires (les stocks) en pré...

à écrit le 20/03/2024 à 11:24
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« La France ne dispose d'aucune évaluation rigoureuse de la fraude fiscale », avait noté le premier président de l'institution, Pierre Moscovici, devant la presse. « En l'absence d'estimation de la fraude, (...) il est impossible de dire si la fraude...

le 21/03/2024 à 8:17
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le syndicat des impôts SNUI chiffrait la fraude à 85 milliards, il y a quelques années déjà.

le 21/03/2024 à 9:30
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Ça fait gros quand même pour pas le voir !

à écrit le 20/03/2024 à 11:23
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Et encore une tentative d'apaiser les agences de notation....tout va bien.

le 20/03/2024 à 11:32
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Soupçons de favoritisme à la Caisse des dépôts: procès de six hommes dont le patron d'ADP ! je propose que nous puissions finalement légalisé la corruption, le monsieur de l'élysée kholer lui a pas besoin, faut faire comme lui ! m'enfin c'est ...

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