Hausse des faillites d'entreprises : la Banque de France y voit une simple « normalisation » après la pandémie

La hausse des faillites est un « rattrapage » selon la Banque de France, après la période de la crise sanitaire où redressements et liquidations judiciaires avaient été limités par les aides publiques massives versées aux entreprises. Mais certaines comme les ETI souffrent plus que d'autres.
Sur les douze mois écoulés entre août 2022 et 2023, 50.441 entreprises ont été concernées, selon les chiffres publiés par la Banque de France ce mercredi 13 septembre. Soit une hausse de +41,5% par rapport à août 2022.
Sur les douze mois écoulés entre août 2022 et 2023, 50.441 entreprises ont été concernées, selon les chiffres publiés par la Banque de France ce mercredi 13 septembre. Soit une hausse de +41,5% par rapport à août 2022. (Crédits : Reuters)

Le « quoiqu'il en coûte » n'aurait-il fait que reporter dans le temps d'inévitables faillites ? Alors que les défaillances d'entreprises sont en hausse continue depuis près de deux ans, la Banque de France (BdF) n'y voit qu'« une normalisation » après leur diminution pendant la pandémie du fait du « quoiqu'il en coûte ». La Banque de France se félicite en parallèle du nombre de créations d'entreprises « historique ».

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Dans un document titré « Quel est l'impact économique des défaillances d'entreprises? », la BdF note vendredi que le nombre total de défaillances sur 12 mois à fin juillet 2023 reste de 16% inférieur à la moyenne de la décennie 2010-2019, et souligne qu'il y a eu 26 fois plus de créations d'entreprises que de défaillances en 2022.

+41,5% par rapport à août 2022

Le nombre d'entreprises placées en liquidation ou en redressement judiciaire s'accroît pourtant nettement. Sur les douze mois écoulés entre août 2022 et 2023, 50.441 entreprises ont été concernées, selon les chiffres publiés par la Banque de France ce mercredi 13 septembre. Soit une hausse de +41,5% par rapport à août 2022.

En effet, les défaillances dépassent de 61,9% leur niveau de 2019 pour les très petites entreprises (TPE, moins de 10 salariés), de 79,1% pour les petites entreprises (10 à 49 salariés), de 55% pour les moyennes entreprises (50 à 249 salariés) et de 92,6% pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grands groupes. Dans cette dernière catégorie, 52 entreprises ont fait faillite au cours des douze derniers mois, contre 27 en 2019. Une tendance forte qui ne préoccupe pas spécialement la Banque de France.

Cette hausse des faillites constitue un « rattrapage » selon la BdF après la période de la crise sanitaire où redressements et liquidations judiciaires avaient été limités par l'abondance d'aides publiques versées aux entreprises. Face à la presse, Emilie Quema, directrice des entreprises de la BdF, se veut rassurante : « la remontée du nombre de défaillances est d'autant plus forte que la baisse » avait « été forte en 2020 ». Emilie Quema rappelle aussi que les entreprises défaillantes en 2022 avaient déjà subi en 2020 « un choc d'activité bien supérieur » aux autres.

Les ETI en souffrance

Elles avaient vu leur activité reculer de près de 20% en 2020, contre environ 6% pour les autres. Les entreprises ayant été soutenues pendant le Covid par un PGE (prêt garanti par l'Etat), puis défaillantes, avaient connu une baisse de quelque 24% de leur chiffre d'affaires en 2020, contre 9% pour les autres.

La dirigeante de la BdF a également déclaré que « les problèmes de remboursement de PGE sont très ponctuels », puisque sur les 143 milliards prêtés, 46% avaient été remboursés fin juin, soit 65,8 milliards d'euros. La BdF s'attend à « un plateau » des défaillances, « un peu en dessous de la moyenne pré-pandémique », selon Guillaume Richet-Bourbousse, chef de l'observatoire des entreprises de la BdF.

Emilie Quema a noté cependant un « point d'alerte » sur les ETI (entreprises de taille intermédiaire - jusqu'à 5.000 salariés) où la progression des défaillances est plus forte : +67,7% par rapport à la moyenne de 2010-2019, sur les 12 mois achevés en juillet. Etant donné leur taille, « ce sont davantage d'emplois qui sont menacés », a-t-elle noté. Mais la BdF considère à ce stade à 1% de l'emploi total le nombre d'emplois menacés.

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Pour l'instant, la BdF exclut un prochain « scénario noir » économique par le voix d'Emilie Quema, et assure ne pas se contenter « d'étudier les statistiques » des défaillances, mais de remplir un rôle « d'accompagnement » des entreprises.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 07/10/2023 à 12:32
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Il faut avouer que les aides versées durant la pandémie ont permis à certaines entreprises moribondes de survivre, au frais du contribuable. Et ceci en a enrichi certains d'une manière scandaleuse.

à écrit le 07/10/2023 à 8:42
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TOUT VA BIEN

à écrit le 07/10/2023 à 8:33
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Non mais ce qui compte le plus sont là coupe du monde de rugby et les JO 2024. Que la gloire rayonne sur la France.

à écrit le 07/10/2023 à 1:11
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A lire l'article, tout va bien. Pauvre pays livre aux charognards et aux affairistes.

à écrit le 06/10/2023 à 21:55
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Le gouvernement peut-il nous rappeler la définition économique et financière d'une "entreprise zombie"? Puisqu'on vient nous parler à présent de "normalisation", après quelques tombereaux d'aides publiques à fond perdu.

le 07/10/2023 à 3:03
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On considère habituellement comme "zombie" une entreprise dont le dernier résultat bénéficiaire remonte au moins à une bonne dizaine d'années.

le 07/10/2023 à 11:24
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@o. Faut-il comprendre par là que les critères français sont plus souples que les critères de l'OCDE (?), pour qui les entreprises zombies sont définies "comme les entreprises matures (au moins dix ans d’existence) qui se caractérisent par des diffic...

le 07/10/2023 à 22:30
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J'avais grossièrement repris les critères de l'OCDE, mais d'une manière générale, si l'Etat est dispendieux, c'est qu'il fallait gérer des chocs démographique à répétition tout en restructurant une industrie sentant la naphtaline et une agriculture e...

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