Les syndicats de la Banque de France réclament une enquête après un nouveau suicide de salarié la semaine dernière, indiquent à l'AFP des sources concordantes. Il s'agit du troisième en quelques mois. Même si pour l'instant, rien ne suggère qu'une raison professionnelle a pu motiver ce geste, ajoutent ces mêmes sources.
Dans un communiqué, la CGT, premier syndicat de l'institution, appelle à étendre les investigations et « demande une enquête concernant tous les suicides de collègues depuis 2019 ». Sur ce dernier cas, « on compte demander une enquête pour éclaircir les causes », a expliqué auprès de l'AFP Frédéric Pianet, élu du Syndicat national autonome du personnel de la Banque de France (SNABF-Solidaires), deuxième syndicat de la banque.
« Aucune alerte professionnelle relevée » sur ce dernier drame (Bdf)
« Les informations dont nous disposons à ce stade semblent montrer qu'aucune alerte professionnelle n'avait été relevée », affirme une note interne de la Banque de France communiquée mardi aux salariés, consultée par l'AFP. « On peut parfois avoir des doutes, là, cela semble uniquement être pour des raisons personnelles », a ainsi estimé Yannick Guillemaud, membre du SNABF-Solidaires et représentant du personnel au Conseil général de la Banque, l'équivalent d'un conseil d'administration.
Il y a trois semaines auparavant, les syndicats avaient déjà décidé de lancer une expertise après deux suicides de salariés en juin. L'un pointait dans une lettre la part de responsabilité de son employeur. Le gouverneur avait au même moment annoncé le lancement d'un programme dit d'action « Bien-être au travail », selon lui « plus utile que le vote d'une alerte syndicale sur l'ensemble de la Banque ».
Crispation autour du climat social
Ce plan, qui doit associer l'encadrement, les agents et les élus du personnel, est censé débuter par des enquêtes dans tous les métiers du groupe et notamment la question de la charge de travail. La CGT a dénoncé dans son communiqué ce plan, qu'elle considère comme « une contre-expertise à la main de la direction », tandis que Frédéric Pianet, du SNABF-Solidaires, espère qu'il y aura une « complémentarité » entre les deux expertises et que ce plan « débouchera sur des choses concrètes ».
Le sujet n'est pas totalement nouveau à la Banque de France. « Une alerte sur les risques psychosociaux avait été lancée, dès 2017, et une enquête menée par le cabinet Altéo avait conclu, en 2019, à un "risque de suicide avéré". Les syndicats réclament aujourd'hui "de faire une pause dans les réformes et de cesser l'instabilité permanente" », avance un article du Monde.
L'enquête sur le climat social à la Banque de France évoque notamment la réorganisation de l'institution menée par le gouverneur François Villeroy de Galhau de 2016 à 2020. De 2015 à 2022, « les efforts de productivité menés par la Banque ont permis de réduire le coût des services qu'elle rend à l'Etat de 22 % », vante ainsi le rapport annuel de la Banque de France. Selon le syndicat SNABF-Solidaires, la Banque a ainsi vu le quart des postes disparaître dans cette vague de réformes.
(avec AFP)