Contrairement à d'autres pays, la France n'est toujours pas sortie de sa « guerre » contre le Covid-19. Elle s'apprête même à dépasser le lourd bilan de 100.000 morts depuis le début de l'épidémie. En cause, une troisième vague qui dure et qui laisse encore en suspens les questions sur une réouverture du pays à partir de la mi-mai.
En franchissant cette barre symbolique, probablement jeudi d'après le décompte quotidien de Santé publique France, le pays rejoint en Europe la Grande-Bretagne (127.000 morts) et l'Italie (115.000 morts), mais d'autres pays (Belgique, Portugal) ont une mortalité plus élevée par habitants.
A date, le pays où la mortalité est la plus élevée est les États-Unis (plus d'un demi million de morts), suivis par le Brésil et le Mexique. Mais la France, juste derrière l'Italie et la Russie, est à la huitième place.
Malgré la violence de la première vague (près de 30.000 morts entre mi-mars et mi-mai 2020), la grande majorité des décès sont survenus depuis fin octobre (environ 65.000), conséquence d'une deuxième vague qui ne s'est jamais échouée, puis d'une nouvelle forte reprise épidémique durant l'hiver, portée par le variant anglais plus contagieux du coronavirus. Et si la vaccination massive dans les Ehpad a porté ses fruits, près de 300 morts s'ajoutent encore chaque jour à l'hôpital en avril.
Le pic des hospitalisations n'est pas encore atteint
Avec plus de 5.900 malades du Covid-19 soignés dans des services de réanimation, au plus haut depuis le printemps 2020, "la troisième vague n'est pas derrière nous", a prévenu Gabriel Attal. "Le pic des hospitalisations n'a pas encore été atteint, cela signifie que nous avons encore devant nous des jours très difficiles", a-t-il ajouté.
Et au moment où les premières 200.000 doses du vaccin Johnson & Johnson viennent juste d'être livrées, l'annonce du fabricant américain de retarder son déploiement en Europe met un point d'interrogation sur les quelque 350.000 autres doses qui devaient être reçues fin avril.
> Dossier : la course à la vaccination
Rare bonne nouvelle, la France va bénéficier d'au moins sept millions de doses de plus du vaccin Pfizer/BioNTech au 2e trimestre, ont annoncé mercredi plusieurs membres du gouvernement, conséquence d'une accélération des livraisons à l'Union européenne.
BioNTech et Pfizer vont en effet augmenter de 50 millions de doses les livraisons de leur vaccin à l'UE au 2e trimestre, pour atteindre 250 millions de doses sur la période, a annoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
La livraison de ces doses, initialement prévue au 4e trimestre, commencera dès avril, a précisé la chef de l'exécutif européen devant la presse.
Dans ce contexte, la France pourra-t-elle suivre à la mi-mai, comme promis par Emmanuel Macron, l'exemple de la Grande Bretagne, qui a rouvert ses terrasses cette semaine, ou de la Belgique, qui a prévu de le faire le 8 mai ?
Les services de psychiatrie pour enfants débordés
Le chef de l'Etat réunit une partie du gouvernement jeudi à 18H00 sur ce sujet. Au menu également, la réouverture progressive des lieux culturels, sous cloche depuis plus de cinq mois.
Restaurants, bars et salles de sports attendent aussi de savoir quand ils pourront accueillir du public en intérieur, alors que l'ensemble de la population vit de nouvelles vacances confinées, avec couvre-feu à 19h et télétravail obligatoire quand c'est possible.
La situation hospitalière tarde à s'améliorer. Mais les services de psychiatrie pour enfants, en manque d'effectifs en temps normal, sont aussi débordés, a pu constater Emmanuel Macron mercredi lors d'une visite au CHU de Reims.
Le chef de l'Etat a annoncé la mise en place d'un "forfait psy", qui permettra le remboursement à 100% de 10 séances de psychologue en ville pour les 3-17 ans.
Avant l'échéance de la mi-mai, une autre se profile le 26 avril, le retour à l'école des enfants dans le primaire, après trois semaines de fermeture.
Dans une pétition en ligne (27.000 signataires mercredi soir), tous les syndicats d'enseignants demandent notamment le maintien du principe de la classe fermée au premier cas de Covid, l'équipement des locaux en capteurs CO2 pour une meilleure aération et la vaccination de tous les personnels volontaires.
"On demande à ce que le ministère nous propose un échange sur la reprise d'ici le 20 avril, il ne faut surtout pas attendre le 23 ou le 24 avril pour sortir du chapeau le nouveau protocole", a expliqué Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.
(Avec AFP)