
Jamais la France ne va autant emprunter que l'an prochain pour financer le train de vie de l'Etat. Bercy compte en effet lever 285 milliards d'euros de dette sur les marchés financiers en 2024. Cela dépasse le précédent record de 270 milliards d'euros en 2023, selon une annonce de l'Agence France Trésor mercredi en marge de la présentation du budget de l'an prochain.
En 2024, les besoins de financement sont pourtant censés être moins importants que l'an dernier : l'Etat doit trouver au total 299,7 milliards d'euros, soit une « baisse de 10,6 milliards d'euros comparé au besoin de financement de 2023 actualisé ». Cette économie est notamment possible sous l'effet de la baisse du déficit à financer, qui passe de 172,1 milliards d'euros en 2023 à 144,5 milliards d'euros en 2024.
Cependant, l'Etat compte couvrir ses besoins de financement en se passant des disponibilités du Trésor. « La trésorerie excédentaire qui avait été accumulée en 2020 ayant été utilisée au cours des exercices 2022 et 2023, nous n'avons plus l'intention de mettre à contribution cette ligne », a justifié Cyril Rousseau, directeur général de l'AFT.
Le fardeau de la charge de la dette
L'Etat a en outre pour objectif d'amortir un montant de dette arrivant à échéance plus élevé en 2024 (160,2 milliards contre 149,6 en 2023). La charge budgétaire de la dette en 2024 est prévue en augmentation à 52,2 milliards d'euros en 2024, a indiqué l'AFT, sur fond de remontée des taux souverains sur les marchés.
La lourde dette française constitue un sujet d'inquiétude croissant pour le gouvernement, qui après l'avoir alourdi pour amortir le choc du Covid et de l'inflation peine à l'alléger. Promettant de mettre fin au « quoi qu'il en coûte » des années Covid, l'exécutif promet une baisse du déficit public en deçà de 3% d'ici 2027 et une diminution de la dette rapportée au PIB passant de 112,5% en juin 2023 à 108,1% en 2027. Afin de respecter cette trajectoire, les ministres de Bercy ont promis 12 milliards d'euros d'économies en 2024.
Les prévisions budgétaires du gouvernement étrillées
De son côté, le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a pointé en début de semaine le manque d'économies « documentées » dans les documents budgétaires envoyés par l'exécutif. Résultat, « le HCFP (Haut conseil des finances publiques) a estimé qu'en l'absence de précision sur la nature de ces économies, il ne pouvait juger le réalisme de la trajectoire de dépenses ni en apprécier les conséquences sur le scénario macroéconomique ».
L'autre sujet qui préoccupe l'ancien ministre du Budget sous François Hollande est la hausse spectaculaire de la charge de la dette. « L'État principalement, et les administrations publiques en général, s'apprêtent à verser 57 milliards d'intérêts en 2024 et ce montant atteindrait 84 milliards en 2027 », a-t-il pointé lors d'une réunion avec les journalistes.
(Avec AFP)