
Les consommateurs s'en rendent compte chaque jour en réalisant leurs courses dans les supermarchés : la hausse des prix à la consommation demeure persistante en France. L'inflation a atteint 4,5% sur un an, après 5,1% en mai et 5,9% en avril, repassant pour la première fois en plus d'un an sous la barre des 5%, selon les derniers chiffres de l'Insee, publiés le 30 juin dernier. Côté alimentaire, les prix, eux, ont continué à croître : +13,6% au mois de juin. Résultat, le pouvoir d'achat des ménages est grignoté, fragilisant les plus modestes.
« La précarité alimentaire, c'était, avant l'inflation, entre 6 et 8 millions de foyers, selon les associations, maintenant, on est plutôt à dix, voire à douze millions, a indiqué Cécile Beliot-Zind, directrice générale croissance et stratégie du groupe Bel au micro de La Tribune. Qu'est-ce qu'on fait pour cette population-là ? L'alimentation n'est pas un business, c'est un droit humain, comme le fait d'avoir un toit sur la tête et d'avoir accès à la santé et à l'éducation. »
Les industriels sous le feu des critiques
Pour tenter de contenir l'inflation alimentaire, le gouvernement avait annoncé avec plusieurs enseignes - à l'exception notable de E.Leclerc - un trimestre anti-inflation à partir du 15 mars, et prolongé jusqu'à la fin de l'année. Dans le cadre de cette opération commerciale, les supermarchés s'engagent à vendre une sélection de produits au « prix le plus bas possible ». Une mesure jugée insuffisante par certains acteurs, dont l'association Familles rurales.
Fin juin, l'association de défense des consommateurs a relevé une hausse des prix de 3% sur un panier de produits « sains » respectant les préconisations des autorités sanitaires. « Cette promesse a été tenue », a contredit le cabinet de la ministre du Commerce, Olivia Grégoire auprès de l'AFP. La Répression des Fraudes « évalue même, sur 1.700 références, une baisse moyenne de 13% ».
En parallèle, l'exécutif pousse depuis plusieurs semaines à une reprise des négociations commerciales, achevées le 1er mars 2023, avec une hausse moyenne de 9% des prix payés par les enseignes aux distributeurs. Objectif affiché, obtenir une baisse rapide des prix dans les rayons. Les industriels rechignent toutefois, pour certains, à revenir à la table des discussions.
Une marge différenciée pour les plus modestes
« Certaines grandes multinationales industrielles jouent la montre », avait tancé Bruno Le Maire début juin sur France 5. Le ministre de l'Economie avait alors rappelé que les 75 plus gros industriels (Coca-Cola, L'Oréal, Mondelez, Nestlé, Unilever...) s'étaient pourtant engagés mi-mai à rouvrir des négociations avec les distributeurs. « La très large majorité des industriels refuse de renégocier compte tenu des critères définis par leurs soins » mi-mai, « et qui sont, à dessein, largement inapplicables », avait rétorqué auprès de l'AFP le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) Jacques Creyssel.
Quels sont alors les marges de manœuvre dont disposent les industriels ? « Si on me demande à un moment d'avoir une marge qui est différenciée pour ces populations-là, je veux bien en discuter », a annoncé Cécile Beliot-Zind du groupe Bel au micro de La Tribune. Pour les plus aisés, en revanche, la directrice générale stratégie et croissance plaide pour une véritable prise de conscience.
« La classe moyenne dépense 14% de ses revenus dans l'alimentation (...), rappelle-t-elle. L'alimentation est devenue une commodité, car on ne communique pas assez sur ce qu'il y a derrière l'alimentation : la santé, le carbone, la biodiversité (...). Je pense que si on passait autant de temps à parler de la valeur de l'alimentation que de son coût, il y aurait des comportements différents dans les magasins. »
« On est en situation d'illettrisme alimentaire », a acquiescé Laure Verdeau, directrice de l'Agence BIO, au micro de La Tribune. Les deux femmes insistent ainsi sur la nécessité d'éduquer les Français à consommer.
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