Feux orange pour l'activité du secteur privé tricolore. Selon le dernier indice PMI Flash du cabinet S&P Global, dévoilé ce mardi 24 octobre, celui-ci enregistre une « forte contraction » en octobre, mais sur un rythme légèrement moins soutenu qu'en septembre.
Selon cette première estimation, l'indicateur s'est ainsi établi à 45,3 en octobre, après 44,1 en septembre qui marquait son plus bas niveau en près de trois ans. Pour rappel, un indice supérieur à 50 montre une expansion de l'activité tandis qu'un chiffre inférieur à ce seuil indique une contraction. L'indice relève aussi une première baisse de l'emploi en France depuis 2020.
Une tendance baissière qui se confirme
Même si l'indice ressort légèrement supérieur à septembre, « il met toutefois en évidence le deuxième plus fort recul de l'activité globale depuis presque trois ans » et se situe en zone de contraction pour le cinquième mois consécutif, note le cabinet dans un communiqué.
« Cette tendance reflète la très grande faiblesse de la demande », estime S&P Global. Avant d'ajouter que le volume des nouvelles affaires a « fortement diminué pour un sixième mois consécutif » et « les nouvelles affaires en provenance de l'étranger ont enregistré leur plus fort repli depuis mai 2020 ».
Les services plus résilients
Le repli de l'activité a ralenti du côté des services, alors qu'il s'est accentué pour le secteur manufacturier. « L'enquête d'octobre indique également un retour à la baisse de l'emploi, les entreprises privées françaises ayant réduit leurs effectifs pour la première fois depuis novembre 2020 », détaille le cabinet S&P Global.
« La baisse de l'emploi signalée en octobre n'a toutefois été que marginale, celle-ci reflétant exclusivement une réduction des effectifs dans le secteur manufacturier, les créations de postes s'étant en effet poursuivies dans le secteur des services », souligne par ailleurs le cabinet.
Le climat des affaires mesuré par l'Insee s'est également assombri en octobre, tombant à 98, ce qui traduisait déjà, selon Charlotte de Montpellier, économiste à ING, « une perte généralisée du dynamisme économique » français. Le ministère français de l'Economie prévoit cette année une croissance économique de 1%. Bercy mise ensuite sur 1,4% en 2024, un chiffre jugé « élevé » par le Haut conseil des finances publiques.
L'activité se contracte aussi dans la zone euro
Ce mardi, le cabinet d'analyse financière a également publié l'indice PMI sur l'activité du secteur privé en zone euro. Celui-ci a subi en octobre son plus fort recul en trois ans, avec un risque de récession au deuxième semestre. L'indice est ainsi tombé à 46,5 en octobre, contre 47,2 en septembre (chiffre révisé).
Dans le détail, l'indicateur révèle « la plus forte contraction » de l'activité dans les 20 pays partageant la monnaie unique « depuis novembre 2020 », précise S&P Global dans son communiqué. « Abstraction faite des mois de pandémie », il s'agit même de la plus forte chute « depuis mars 2013 ».
Partenaire commercial et diplomatique indispensable de la France, l'Allemagne voit en octobre son activité globale reculer de nouveau. Ce, en raison d'un « retour à la contraction dans le secteur des services, conjugué à une nouvelle chute de la production industrielle », selon S&P.
Pas de hausse du chômage en vue
La chute de l'indice PMI en zone euro reflète « principalement une accélération de la baisse de l'activité dans le secteur des services », résume Cyrus de la Rubia, économiste de la Hamburg Commercial Bank, dans le communiqué de S&P.
D'après lui, l'accélération des suppressions de postes dans l'industrie manufacturière a entraîné « un recul de l'emploi » dans l'ensemble du secteur privé pour la première fois depuis janvier 2021. Mais la baisse des effectifs reste pour l'instant « marginale ». « Compte tenu des pénuries de main d'œuvre structurelles » dans la zone euro, « on ne devrait pas observer de fortes hausses des chiffres du chômage au cours des prochains mois », ajoute l'économiste.
Du côté de l'inflation des tarifs payés dans le secteur privé, celle-ci ne s'est que légèrement repliée en octobre, avec une « baisse soutenue » des prix de vente dans le secteur manufacturier et un « ralentissement de la hausse » dans les services. Cela devrait inciter la Banque centrale européenne (BCE) à maintenir ses taux d'intérêt inchangés et à ne pas envisager pour l'instant d'assouplissement de sa politique monétaire, selon l'économiste de la Hamburg Commercial Bank. La BCE doit se prononcer ce jeudi.
Après l'OFCE il y a un mois, c'est autour du conseil français de la productivité (CNP) de tirer la sonnette d'alarme. Dans un épais rapport de plus de 200 pages dévoilé lundi 23 octobre, les économistes ont passé au peigne fin les facteurs d'essoufflement des gains de productivité dans l'Hexagone. « La productivité par tête a dramatiquement chuté depuis la crise Covid. Il y a un manque à gagner de la productivité alors que le taux d'emploi est resté stable tout au long de la crise », a alerté lors d'un point presse Natacha Valla, présidente du CNP, hébergée par France Stratégie. Plusieurs causes ont été identifiés par les économistes : la désindustrialisation du tissu productif tricolore depuis les années 1970, l'essor vertigineux des embauches d'apprentis, la flambée des prix de l'énergie suite au déclenchement de la guerre en Ukraine, et les stratégies agressives de délocalisation des bénéfices de certaines entreprises, dans des paradis fiscaux.La productivité en chute libre dans l'Hexagone
(Avec AFP)