
[Article publié le jeudi 27 avril 2023 à 10h21 et mis à jour à 18h03] La forte hausse des prix de l'alimentation - +15,9% en mars sur un an après +14,8% en février - est au cœur des discussions ces dernières semaines. Ce matin encore, la Première ministre a été interrogée sur France 2 sur l'inflation de certains produits alimentaires dans les supermarchés, malgré la baisse des matières premières.
« On a demandé aux distributeurs (...) de protéger le pouvoir d'achat des Français en prenant sur leurs marges. C'est le trimestre anti-inflation. Maintenant, on attend des industriels qu'ils puissent répercuter ces baisses des matières premières dans les prix qu'ils proposent à la grande distribution », a indiqué Élisabeth Borne, tout en rappelant l'enveloppe de « 46 milliards d'euros cette année » débloquée par le gouvernement pour aider les ménages à faire face à la flambée des prix de l'énergie.
L'industrie rejette une renégociation généralisée
Face à une inflation alimentaire galopante, les industriels de l'agroalimentaire « feront leur part », a réagi auprès de l'AFP Jean-Philippe André, président de leur principale organisation, l'Association nationale des industries alimentaires, tout en excluant une renégociation « généralisée ».
« Il ne peut pas y avoir des renégociations sur tous les produits », a toutefois insisté Jean-Philippe André, expliquant que, pour certains produits, les cours des matières premières nécessaires à leur fabrication n'ayant pas baissé sur les marchés mondiaux, une renégociation des prix de vente à la baisse n'était pas envisageable.
Il a également souligné que certains contrats sur les achats de blé ou de gaz souscrits par les industriels courent sur plusieurs mois, voire une année, avec des tarifs fixés à la signature. « Tant que l'on n'arrive pas à l'échéance, on ne peut pas répercuter la baisse », fait-il ainsi valoir.
Nouvelles négociations cruciales
La Première ministre a rappelé le souhait du gouvernement : que les industriels et distributeurs rouvrent les négociations « dès lors que les prix des matières premières ont baissé ». « On attend que dans les prochaines semaines ces négociations se rouvrent entre les industriels et la grande distribution pour effectivement répercuter ces baisses des matières premières », a poursuivi Élisabeth Borne.
Elles ont d'ailleurs « commencé », d'après le président du comité stratégique des centres E.Leclerc. « On a commencé » à renégocier, a affirmé Michel-Edouard Leclerc ce mardi sur BFM.
Chaque année, les supermarchés négocient avec leurs fournisseurs les conditions auxquelles ils leur achèteront, pour l'année à venir, leur production qui garnira les rayons des magasins. Elles se tiennent traditionnellement entre le 1er décembre et le 1er mars. Les dernières en date ont abouti dans la douleur à une hausse moyenne de quelque 10% des prix payés par les supermarchés aux industriels, pour tenir compte de la hausse de leurs coûts de production (énergie, transports, matières premières, emballages...), selon les deux camps.
Du mieux à l'été ou à l'automne ?
Michel-Edouard Leclerc a précisé que les négociations qui ont démarré concernent les achats « pour l'automne ». Selon lui, la hausse des prix va « continuer jusqu'à l'été, jusqu'aux 20% » d'inflation. Puis une baisse pourrait avoir lieu « au second semestre » notamment « avec ce qu'on est en train de négocier », a-t-il promis.
Or, ce jeudi, la Première ministre s'est montre plus pressée. « Moi, je souhaite que ça se voie dès que possible, d'ici la fin du mois de juin, qu'on puisse avoir des baisses concrètes, tangibles pour les Français », a-t-elle indiqué.
Le week-end dernier, le président Emmanuel Macron a prévenu que « ça va être dur jusqu'à la fin de l'été », concernant les prix alimentaires. « La clé, c'est que le travail paye mieux », a-t-il ajouté dans un entretien avec des lecteurs du Parisien, dimanche.
(Avec AFP)