Inflation : Borne met la pression sur les industriels pour faire baisser les prix de l'alimentaire

La Première ministre a rappelé ce jeudi le souhait du gouvernement de voir se rouvrir les négociations entre les industriels et la grande distribution pour répercuter les baisses des matières premières, et ainsi réduire la forte inflation sur les produits alimentaires. Élisabeth Borne veut voir des baisses « concrètes, tangibles » d’ici au début de l’été. Or, d’après Michel-Edouard Leclerc, les négociations ont bien « commencé », mais concernent les achats « pour l'automne ».
Chaque année, les supermarchés négocient avec leurs fournisseurs les conditions auxquelles ils leur achèteront, pour l'année à venir, leur production qui garnira les rayons des magasins.
Chaque année, les supermarchés négocient avec leurs fournisseurs les conditions auxquelles ils leur achèteront, pour l'année à venir, leur production qui garnira les rayons des magasins. (Crédits : ERIC GAILLARD)

[Article publié le jeudi 27 avril 2023 à 10h21 et mis à jour à 18h03] La forte hausse des prix de l'alimentation - +15,9% en mars sur un an après +14,8% en février - est au cœur des discussions ces dernières semaines. Ce matin encore, la Première ministre a été interrogée sur France 2 sur l'inflation de certains produits alimentaires dans les supermarchés, malgré la baisse des matières premières.

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« On a demandé aux distributeurs (...) de protéger le pouvoir d'achat des Français en prenant sur leurs marges. C'est le trimestre anti-inflation. Maintenant, on attend des industriels qu'ils puissent répercuter ces baisses des matières premières dans les prix qu'ils proposent à la grande distribution », a indiqué Élisabeth Borne, tout en rappelant l'enveloppe de « 46 milliards d'euros cette année » débloquée par le gouvernement pour aider les ménages à faire face à la flambée des prix de l'énergie.

L'industrie rejette une renégociation généralisée

Face à une inflation alimentaire galopante, les industriels de l'agroalimentaire « feront leur part », a réagi auprès de l'AFP Jean-Philippe André, président de leur principale organisation, l'Association nationale des industries alimentaires, tout en excluant une renégociation « généralisée ».

« Il ne peut pas y avoir des renégociations sur tous les produits », a toutefois insisté Jean-Philippe André, expliquant que, pour certains produits, les cours des matières premières nécessaires à leur fabrication n'ayant pas baissé sur les marchés mondiaux, une renégociation des prix de vente à la baisse n'était pas envisageable.

Il a également souligné que certains contrats sur les achats de blé ou de gaz souscrits par les industriels courent sur plusieurs mois, voire une année, avec des tarifs fixés à la signature. « Tant que l'on n'arrive pas à l'échéance, on ne peut pas répercuter la baisse », fait-il ainsi valoir.

Nouvelles négociations cruciales

La Première ministre a rappelé le souhait du gouvernement : que les industriels et distributeurs rouvrent les négociations « dès lors que les prix des matières premières ont baissé ». « On attend que dans les prochaines semaines ces négociations se rouvrent entre les industriels et la grande distribution pour effectivement répercuter ces baisses des matières premières », a poursuivi Élisabeth Borne.

Elles ont d'ailleurs « commencé », d'après le président du comité stratégique des centres E.Leclerc. « On a commencé » à renégocier, a affirmé Michel-Edouard Leclerc ce mardi sur BFM.

Chaque année, les supermarchés négocient avec leurs fournisseurs les conditions auxquelles ils leur achèteront, pour l'année à venir, leur production qui garnira les rayons des magasins. Elles se tiennent traditionnellement entre le 1er décembre et le 1er mars. Les dernières en date ont abouti dans la douleur à une hausse moyenne de quelque 10% des prix payés par les supermarchés aux industriels, pour tenir compte de la hausse de leurs coûts de production (énergie, transports, matières premières, emballages...), selon les deux camps.

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Du mieux à l'été ou à l'automne ?

Michel-Edouard Leclerc a précisé que les négociations qui ont démarré concernent les achats « pour l'automne ». Selon lui, la hausse des prix va « continuer jusqu'à l'été, jusqu'aux 20% » d'inflation. Puis une baisse pourrait avoir lieu « au second semestre » notamment « avec ce qu'on est en train de négocier », a-t-il promis.

Or, ce jeudi, la Première ministre s'est montre plus pressée. « Moi, je souhaite que ça se voie dès que possible, d'ici la fin du mois de juin, qu'on puisse avoir des baisses concrètes, tangibles pour les Français », a-t-elle indiqué.

Le week-end dernier, le président Emmanuel Macron a prévenu que « ça va être dur jusqu'à la fin de l'été », concernant les prix alimentaires. « La clé, c'est que le travail paye mieux », a-t-il ajouté dans un entretien avec des lecteurs du Parisien, dimanche.

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(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 27/04/2023 à 16:29
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Pédalons allègrement dans la semoule, on aura l'impression d'avancer, cela sera toujours la faute des autres puisque on ne fait que communiquer ! ;-)

à écrit le 27/04/2023 à 15:59
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La grande distribution et les industriels n ont jamais fait autant de marges et de benefs...Leclerc étant le pire, pour lui les agriculteurs et industriels devraient faire du bénévolat, c est effrayant quand on voit les journalistes et l état qui go...

à écrit le 27/04/2023 à 13:28
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Ce qu'on achète en ce moment c'est produit depuis quelques temps et stocké, y a du décalage (comme pour les carburants) à part les produits frais qui eux n'ont pas besoin de préparation, cuisson, mise sous emballage (boite, bocal, autre sachet) et so...

à écrit le 27/04/2023 à 10:45
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C'est bien connu en économie de marché ce sont les politiques qui décident du prix des denrées alimentaires! Démagogie quand tu nous tiens

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