Réforme des retraites  : la mobilisation s'annonce moins suivie ce jeudi

Pour la cinquième fois en quelques semaines, les Français sont appelés ce jeudi à la mobilisation contre la réforme des retraites. Elle s'annonçait toutefois moins suivie que les précédentes. À la SNCF, le taux de gréviste s'établissait à 14%, selon une source syndicale, contre 46,3% le 19 janvier. Les syndicats regardent déjà vers le 7 mars, date à laquelle ils menacent de mettre le pays « à l'arrêt ». Pendant ce temps, à l'Assemblée nationale, le doute persiste sur la possibilité d'un vote de l'article 7 du projet de loi qui porte sur la mesure d'âge de départ à 64 ans. Ils ont jusqu'à minuit, vendredi.
A la fin de la séance mercredi à minuit, il restait près de 11.000 amendements au compteur au total, alors que l'examen du texte en première lecture doit s'achever vendredi à minuit à l'Assemblée.
A la fin de la séance mercredi à minuit, il restait près de 11.000 amendements au compteur au total, alors que l'examen du texte en première lecture doit s'achever vendredi à minuit à l'Assemblée. (Crédits : Reuters)

[Article publié le 16 février et mis à jour à 14H00]

Pour la cinquième fois depuis le début du mouvement de contestation, les Français étaient appelés à manifester, ce jeudi, contre la réforme des retraites. Mais ils étaient bien moins nombreux à se mobiliser que lors des précédentes journées, notamment du fait des vacances scolaires.

Le taux de grévistes était, ainsi, en forte baisse à la SNCF, s'établissant à 14% selon une source syndicale, contre 25% mardi dernier, 36,5% le 31 janvier, et 46,3% le 19 janvier, première journée de mobilisation contre la réforme. Dans le détail, on comptait 36% de grévistes chez les conducteurs, 20% chez les contrôleurs ou encore 13,5% chez les aiguilleurs, selon des chiffres mi-journée.

Du côté des enseignants, ils étaient deux fois moins à avoir fait grève ce jeudi par rapport au 7 février, selon le ministère de l'Éducation, avec 7,67% de grévistes, un taux calculé pour les seules régions qui ne sont pas encore en vacances, dans la zone C (académies de Paris, Créteil, Versailles, Montpellier et Toulouse), les autres étant en vacances scolaires. Le mardi 7 février, le ministère avait comptabilisé 14,17% de professeurs grévistes.

À Paris, qui n'est pas en vacances, quelques lycées ont été bloqués jeudi matin, comme Janson-de-Sailly (16e) ou Lamartine (9e), sous le slogan « tu nous mets 64, on te re-mai 68 ». En outre, des sites universitaires ont été fermés mercredi à Rennes, Nantes et Paris (Tolbiac-Université Paris 1) en raison de blocages par des étudiants ou de possibles occupations. Dans la capitale, quatre autre sites de Paris 1 sont fermés, dont celui de la Sorbonne et le Panthéon.

De même, FO justice revendiquait des débrayages dans les établissements pénitentiaires à Perpignan, Bastia, Grasse, Orléans et Saint-Maur.

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Concentrer les forces pour le 7 mars

Une fois n'est pas coutume, les numéros un des huit principaux syndicats manifesteront à Albi, symbole de cette France des villes moyennes très mobilisée contre la réforme. « Nous souhaitons braquer le projecteur sur l'un des traits marquants de ce mouvement social. Il y a une France du travail qui veut affirmer qu'elle existe, qu'il n'y a pas que les métropoles », souligne Laurent Berger dans le magazine de la CFDT.

Du côté du front intersyndical, on entend surtout concentrer les forces pour la journée du 7 mars, lors de laquelle il menace de mettre le pays « à l'arrêt » si le gouvernement ne renonce pas à reporter l'âge du départ à la retraite à 64 ans, contre 62 aujourd'hui, brandissant l'hypothèse d'un mouvement reconductible.

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LFI a retiré plus d'un millier d'amendements

L'article 7, dans lequel est inscrite la mesure tant décriée, doit d'ailleurs être examiné d'ici la fin de la semaine par les députés. Ceux de la Nupes ont décidé, mercredi soir, de retirer un grand nombre des amendements qui avaient été déposés par le groupe. Dans le détail, LFI a retiré plus d'un millier d'amendements en fin de soirée et les socialistes 90% des leurs. « L'objectif, c'est de passer au vote, nous espérons le plus vite possible, sur ce fameux article 7 », a expliqué le député PS Philippe Brun, jugeant qu'il y avait « une majorité possible dans l'hémicycle pour voter contre » la mesure d'âge qui cristallise l'opposition à la réforme. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, et son homologue de la CGT, Philippe Martinez, ont tous deux souhaité que le débat et le vote puissent avoir lieu sur cet article 7.

Les députés communistes ont annoncé jeudi matin retirer quelque 350 amendements au projet de réforme des retraites pour pouvoir discuter du report de l'âge légal avant l'échéance de l'examen vendredi soir, appelant tous les autres parlementaires à faire de même. « Que chaque parlementaire prenne ses responsabilités », à une vingtaine d'heures de la fin des échanges à l'Assemblée, a plaidé leur porte-parole Sébastien Jumel devant la presse.

La Nupes a plusieurs fois demandé une prolongation des débats

En outre, la Nupes a plusieurs fois demandé une prolongation des débats au-delà de la limite prévue vendredi à minuit, qui rend incertain un vote sur l'article 7. « Chers collègues, annulez vos vacances au ski et prolongeons nos débats », a appelé l'Insoumis, Louis Boyard. À la fin de la séance mercredi à minuit, il restait en effet près de 11.000 amendements au compteur au total.

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Les débats mercredi se sont longuement attardés sur les pistes de financement de la gauche, présentées comme des alternatives à la mesure d'âge. L'Assemblée a notamment rejeté des amendements de la Nupes (LFI, PS, EELV, PCF) demandant « de rétablir et renforcer » l'impôt sur la fortune ou encore d'augmenter la CSG sur le capital, afin de dégager de nouvelles ressources pour les retraites.

Ces amendements « permettent un certain moment de vérité », a ironisé dans l'hémicycle le ministre des Comptes publics Gabriel Attal. « Vous avez enfin reconnu qu'il y avait un problème de financement après l'avoir nié pendant des mois ». « Personne ici n'a nié le déficit » à venir, « ce que nous contestons, c'est votre vision catastrophiste », a rétorqué la députée écologiste Marie-Charlotte Garin. « Il y a d'autres moyens que les 64 ans » pour apporter de nouvelles ressources, a renchéri sa collègue Eva Sas.

La majorité a aussi plusieurs fois visé le groupe de Marine Le Pen (RN), qui a déposé mercredi une motion de censure. « C'est votre droit » a dit Gabriel Attal, mais « vous, il n'y a pas besoin de vous censurer, vous ne dites rien, vous êtes muets, vous n'avez aucune proposition ». La motion devra être débattue et soumise au vote dans un délai compris entre 48 heures après son dépôt - soit vendredi en fin d'après-midi - et trois jours de séance - soit le mercredi 1er mars, puisque l'Assemblée suspend ses travaux la semaine prochaine.

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« Les oppositions n'ont plus de boussole » (Emmanuel Macron)

En fin de séance, les députés ont adopté un amendement du groupe Renaissance visant à harmoniser le régime social applicable aux indemnités de rupture conventionnelle, afin de « supprimer l'incitation » à y recourir avant l'âge légal du départ en retraite. La veille, ils avaient rejeté l'« Index seniors », porté par l'article 2, qui doit mesurer l'emploi des seniors dans les entreprises de plus de 300 salariés, assorti d'une sanction financière, mais seulement en cas de non-publication.

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Concernant cette mesure, « le gouvernement souhaite que cet article puisse être restauré lors de l'examen du texte au Sénat », a assuré le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. Il estime « en toute logique » que les récentes annonces faites par la Première ministre, Elisabeth Borne, sur les carrières longues « devraient rassembler une large majorité de parlementaires »Les salariés concernés par ce dispositif, c'est-à-dire qui ont commencé à travailler avant 21 ans, n'auront pas à cotiser plus de 43 ans pour partir à la retraite dès lors qu'ils auront atteint l'âge de départ anticipé requis, a, en effet, annoncé mardi la cheffe du gouvernement, dans une nouvelle concession à la droite. Mais le patron des LR Eric Ciotti a soufflé le chaud et le froid. Il a rappelé l'appui de son parti à cette « nécessaire » réforme tout en justifiant le rejet la veille de l'article « alibi » sur l'« index senior ».

« Les oppositions n'ont plus de boussole et sont totalement perdues », a, de son côté, tancé en Conseil des ministres Emmanuel Macron, selon deux participants interrogés par Le Figaro, s'en prenant vigoureusement aux oppositions. Mais le chef de l'Etat reste très discret en public sur le projet-phare de son second quinquennat.

Seul 1 train régional sur 2 circule, ce jeudi, dans les régions et à Paris

Contrairement aux journées de grèves précédentes, les perturbations seront cette fois-ci plus importantes dans l'aérien que dans le ferroviaire. Ainsi, 30% des vols à l'aéroport parisien d'Orly sont annulés et des aéroports en région affectés.

Concernant les transports terrestres, la compagnie ferroviaire nationale a annoncé que 4 trains à grande vitesse (TGV) sur 5 seraient en mesure de rouler.  En revanche, seul 1 train régional sur 2 circulera dans les régions et à Paris. Dans la capitale, les métros rouleront quasi normalement, d'après la régie des transports parisiens.

Dans le secteur de l'énergie, la CGT, en pointe sur les grèves reconductibles à compter du 7 mars, appelle à faire grève jeudi mais « essentiellement » pour assurer la « participation aux manifestations », a indiqué à l'AFP Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la CGT-Energie. Néanmoins, « dès que l'on pourra faire des baisses de production dans les centrales hydrauliques, thermiques et nucléaires, on le fera », a-t-il prévenu. Ces baisses de production, très encadrées par le gestionnaire du réseau de lignes à haute et très haute tension RTE, n'entraînent généralement pas de coupures de courant et affectent principalement les finances d'EDF.

(Avec AFP)

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Commentaires 6
à écrit le 16/02/2023 à 23:55
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Macron n avait qu à faire un référendum .. après tout c est notre avenir dont il s agit . mais comme d’hab en France , Macron finalement qui se voulait disruptif n est pas différent des vieux caciques, ça vient de haut puis quand c’est la chienlit ...

à écrit le 16/02/2023 à 23:10
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Sur les réseaux sociaux ou groupes sociaux il est prévu le «  name and shame  » des députés. Sénateurs qui voteront le texte … ils seront virés par les électeurs aux prochaines élections .. ciotti Pecresse etc certains -certaines envisagent même de...

à écrit le 16/02/2023 à 23:10
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Sur les réseaux sociaux ou groupes sociaux il est prévu le «  name and shame  » des députés. Sénateurs qui voteront le texte … ils seront virés par les électeurs aux prochaines élections .. ciotti Pecresse etc certains -certaines envisagent même de...

à écrit le 16/02/2023 à 23:10
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Sur les réseaux sociaux ou groupes sociaux il est prévu le «  name and shame  » des députés. Sénateurs qui voteront le texte … ils seront virés par les électeurs aux prochaines élections .. ciotti Pecresse etc certains -certaines envisagent même de...

à écrit le 16/02/2023 à 20:22
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La nuées comme le rn font semblant de reformuler cette réforme, ça les arrangent bien que LaRem la fasse avant 2027, si ils voulaient vraiment notre bien et supprimer cette réforme ils s'uniraient pour notre bien en votant la mention de censure et fe...

à écrit le 16/02/2023 à 13:41
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"Passer" par une complexité pour une question simple, c'est vouloir intentionnellement sortir de la légitimité pour s'imposer par la soi-disant légalité ! Cela sent le McKinsey !

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