Retraites : tensions au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer après de premières réquisitions

Le ministère de la Transition énergétique a annoncé mardi la réquisition de trois salariés par relève au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer face à l'aggravation des tensions d'approvisionnement dans les Bouches-du-Rhône, conséquence des grèves contre la réforme des retraites. D'autres réquisitions, selon Olivier Véran, porte-parole du gouvernement sont à l'étude. Une décision qui n'a pas manqué de provoquer des tensions au sein du site situé près de Marseille et un face-à-face tendu entre CRS et manifestants.
En France, 6% des stations-service manquent au moins d'un carburant. En cause : le bocage de dépôts et les grèves dans les raffineries.
En France, 6% des stations-service manquent au moins d'un carburant. En cause : le bocage de dépôts et les grèves dans les raffineries. (Crédits : Reuters)

[Article publié le 21 mars et mis à jour à 15H50 ]

De nombreux automobilistes vont avoir toutes les peines du monde à faire le plein aujourd'hui et dans les prochains jours, principalement dans le Sud-Est, en raison du blocages de dépôts pétroliers et de grèves dans les raffineries.

La moitié des stations-service des Bouches-du-Rhône manquaient en effet ce lundi d'un type de carburant, et 37% étaient à sec, selon des données publiques analysées par l'AFP. Tant et si bien que dans le Vaucluse (Provence-Alpes-Côte d'Azur) et le Gard (Occitanie) les préfectures ont décidé de limiter les ventes de carburants dans les stations du département, jusqu'à jeudi inclus, notamment à 30 litres par véhicule tout en interdisant la vente d'essence dans des jerricans afin d'éviter des phénomènes « d'achats préventifs préjudiciables au bon fonctionnement » de ces stations. Une mesure qui durera jusqu'à vendredi 18H00 dans les Alpes-de-Haute-Provence. Le Var de son côté n'interdit que la vente en jerricans jusqu'à jeudi.

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Des mesures de précaution en réponse une situation qui n'est pas sans rappeler la grève géante pour une revalorisation salariale chez TotalEnergies et Esso-ExxonMobil qui a paralysé l'activité des raffineries et dépôts pendant trois semaines en octobre dernier. Mais cette fois, les 200 dépôts pétroliers avaient pris les devants. « Les dépôts fonctionnent quasiment tous normalement », a ainsi assuré Olivier Gantois, président de l'Ufip, syndicat professionnel des entreprises pétrolières, qui a évoqué entre « cinq et huit dépôts de carburants bloqués ».

Réquisitions et tensions au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer

En outre, pour éviter tout risque de pénurie et les files interminables de voitures aux stations-service comme observées six mois plus tôt, le ministère de la Transition énergétique a annoncé ce mardi la réquisition de trois salariés par relève au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, près de Marseille. « La réquisition est valable pendant 48h en tant que de besoin, à compter du 21 mars » et concerne « des personnels indispensables au fonctionnement du dépôt » qui approvisionne la région PACA et l'est de la région Occitanie en carburants, a précisé le ministère dans un communiqué. Le dépôt expédie également du carburant par oléoduc vers la région lyonnaise.

Ce qui n'a pas manqué de susciter des tensions au sein du site devant lequel plusieurs centaines de syndicalistes, principalement de la CGT, se sont rassemblés « en soutien » aux grévistes réquisitionnés, bloquant un des accès du site et allumant des feux de palettes, ont constaté des journalistes de l'AFP. En fin de matinée, les protestataires ont voulu se diriger vers un autre accès, par lequel des camions-citernes étaient en train de pénétrer dans le dépôt. Mais celui-ci était protégé par des CRS et un face-à-face tendu s'en est suivi, avec des échanges de jets de projectiles et tirs de grenades lacrymogènes qui ont fait reculer les protestataires. À la mi-journée, ce face à face tendu se poursuivait. Selon la Préfecture de police, trois des CRS sur place ont été « sérieusement blessés », dont deux au moins ont été transférés à l'hôpital de Martigues.

Vers des pénuries en Ile-de-France ?

D'autres réquisitions pourraient intervenir selon Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, qui s'exprimait sur RTL. Et pour cause, si selon Francis Pousse, président du syndicat professionnel Mobilians, le phénomène est « essentiellement concentré dans la région Paca », il pourrait s'étendre, à en croire la GGT. Cette dernière assure que le dépôt de Gennevilliers, qui alimente une grosse partie de la région parisienne, « n'a quasiment plus de produits ». De son côté, la direction de TotalEnergies reconnaît que les approvisionnements sont « perturbés », mais assure que les tensions générées sont « temporaires ».

Près de Rennes, le dépôt pétrolier de Vern-sur-Seiche est bloqué depuis lundi matin par des manifestants. La préfecture a menacé de les évacuer.

Le port pétrolier de Donges évacué par la gendarmerie

Au-delà des dépôts, la grève contre la réforme se durcit dans les raffineries. « Il n'y a plus aucun produit qui sort à cette heure » de l'ensemble des raffineries de France, que ce soit des six raffineries conventionnelles ou de la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), a affirmé lundi à l'AFP Eric Sellini, élu national de la CGT Chimie.

Dans ce contexte, le port pétrolier de Donges a été évacué en moins de 2 heures cette nuit pour faciliter un déchargement d'une cargaison de gasoil. Les gendarmes mobiles ont démarré leur intervention vers 02H00 du matin, selon le témoignage d'un photographe de l'AFP. Vers 04H30, plus aucun manifestant n'était présent sur le site, selon le photographe. Une source proche des grévistes jointe par l'AFP avant la fin de l'intervention a fait état « d'affrontements » dans la nuit. La préfecture a prévu un point presse sur la situation dans la matinée.

Les expéditions de carburants vers les dépôts qui alimentent les stations-service étaient déjà bloquées ce week-end dans la plupart des raffineries. Depuis lundi, la raffinerie TotalEnergies à Feyzin (Rhône) et celle d'Esso-ExxonMobil à Fos-sur-Mer ont de nouveau cessé les expéditions, selon la CGT, ce que confirment les directions des deux groupes. « Jusqu'à jeudi soir, il n'y aura aucune sortie de carburant, que ce soit par wagon ou par camion », a indiqué Lionel Arbiol, délégué CGT à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer.

Jusqu'à très récemment, les raffineries continuaient à produire du carburant, même si celui-ci n'était pas expédié. Mais cela a changé avec l'arrêt ce week-end d'une première raffinerie, la plus grande de France, celle de TotalEnergies en Normandie.

D'autres raffineries ont suivi comme Pétroineos à Lavéra (Bouches-du-Rhône), où « la procédure d'arrêt » a été lancée lundi après-midi, selon la CGT. Près de Lyon, l'heure n'est plus à reprendre le travail. D'après Jeff Vapillon, syndicaliste FO et salarié du site de Feyzin, l'équipe de 06H00 du matin n'est pas venue relever l'équipe de nuit lundi, contraignant celle-ci à prolonger son travail, afin de pousser la direction à prendre des « consignes d'arrêt ».

La raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime) s'est aussi arrêtée de produire de pétrole brut à raffiner, conséquence d'une grève au port pétrolier du Havre, selon la CGT.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 22/03/2023 à 15:48
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Merci la bande des macroniste beau travail qu elle bordel ce pays et bravo pour le discours de 1heures parler dans le vide je me demande si ces gens ont vraiment fait des études de Mitterrand a Macron qu elle fiasco

à écrit le 21/03/2023 à 23:11
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Qu ils distribuent l essence gratuitement .. aux automobilistes et ont les soutiendra . Les CRS-ss ne pouvant être partout à la fois !! Qu ils envoient en recommander les clés / badges et. des accès à Matignon et l Élysées - chaque cléf étant disso...

à écrit le 21/03/2023 à 18:05
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Ah ça ira ça ira les privilégier polico- financier .. que Macron aille donc se lever à 3h du mat pour 1 h de route de voiture jusqu à son travail pour charger les poubelles , ses belles odeurs et pdts chimiques sans masque avec des gestes répétitifs...

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