RSA  : l'Assemblée nationale vote un nouveau principe de sanction, une « honte » pour la gauche

L'Assemblée nationale a validé ce vendredi un nouveau principe de suspension des droits au RSA en cas de manquement, l'allocataire pouvant ensuite récupérer au moins en partie la somme perdue. L'article a été adopté par 38 voix contre 30, avec le soutien de la majorité et des LR. La gauche et le groupe Liot ont voté contre. Le RN s'est abstenu.
Le ministre du Travail Olivier Dussopt défend le nouveau dispositif comme une sanction plus graduelle que la suspension sans versement rétroactif ou la radiation pure et simple.
Le ministre du Travail Olivier Dussopt défend le nouveau dispositif comme une sanction plus graduelle que la suspension sans versement rétroactif ou la radiation pure et simple. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Les droits et devoirs des allocataires du RSA réactivent le clivage droite-gauche. A l'occasion de l'examen du projet de loi « plein emploi », les députés ont adopté un article instaurant une « suspension-remobilisation », comme l'appelle le camp présidentiel.

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Si un allocataire du RSA n'élabore pas de « contrat d'engagement réciproque » ou ne respecte pas une partie de ses obligations, le conseil départemental - ou France Travail, si le département lui délègue cette compétence - pourra décider d'en suspendre le versement. S'ils se conforme à ses obligations, il pourrait toutefois récupérer rétroactivement les sommes perdues.

Mais il ne pourrait récupérer qu'au maximum trois mois de versement du RSA, un plafond ajouté contre l'avis du gouvernement lors de l'examen du projet de loi au Sénat, mais qu'il a finalement accepté. Il existe déjà une sanction aujourd'hui « qui consiste à amputer le RSA d'un foyer », mais dans la pratique « cette partie n'est jamais restituée », a affirmé le ministre du Travail Olivier Dussopt, défendant le nouveau dispositif comme une sanction plus graduelle que la suspension sans versement rétroactif ou la radiation pure et simple.

La gauche a longuement fustigé un article de « la honte ». « Au cœur de votre projet, ce n'est pas l'accompagnement, c'est le durcissement de la menace et de la sanction », a tancé le communiste Pierre Dharréville. « Tout montre que la sanction conduit à la rue et à la sortie du dispositif, c'est factuel », a martelé le député socialiste Arthur Delaporte. Pour la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot, la mesure va à l'encontre de la Convention internationale des droits de l'enfant, qui dispose que les Etats signataires doivent protéger l'enfant « contre toutes formes de discrimination ou de sanction motivées par la situation juridique (ou) les activités (...) de ses parents ».

« Il y a des gens qui ne peuvent pas se rendre à un rendez-vous Pôle emploi parce qu'ils n'ont pas la possibilité de payer le billet de train », a critiqué Jocelyn Dessigny (RN). L'article a été adopté par 38 voix contre 30 avec le soutien de la majorité et des LR. La gauche et le groupe Liot ont voté contre. Le RN s'est abstenu.

Droite et camp présidentiel avaient déjà trouvé jeudi un compromis à l'Assemblée nationale sur l'un des points les plus décriés du projet de loi « plein emploi », en s'accordant sur un minimum de 15 heures hebdomadaires d'activité obligatoire pour les bénéficiaires du RSA, sauf exceptions. Les députés de la majorité présidentielle ont ainsi voté en faveur d'un amendement déposé par LR pour que ce minimum apparaisse dans la loi, comme l'avait voté le Sénat lors de son examen du texte en première lecture. Ce dernier fixe un minimum de 15 heures par semaine pour les bénéficiaires du RSA, tout en prévoyant des exceptions possibles pour les parents isolés sans solution de garde ou pour les personnes handicapées.

La gauche a fustigé des mesures jugées « stigmatisantes ». Pour l'Insoumise Clémentine Autain, le texte traduit « l'idée que celles et ceux qui sont au RSA sont des fainéants qu'il faut remettre au travail ». Le RN s'est lui aussi opposé à l'obligation de 15 heures d'activités, « ni souhaitable ni réalisable », car « elle risque de priver de leurs droits bon nombre de bénéficiaires du RSA » et « d'accroître la précarité ».

Expérimenté depuis le printemps dans 18 départements, le « contrat d'engagement » des bénéficiaires du RSA, qui prévoit 15 à 20 heures de suivi hebdomadaire et devrait bientôt être généralisé, est salué par les collectivités qui l'ont mis en œuvre, mais laisse encore perplexes certains participants.

(Avec AFP)

Commentaires 12
à écrit le 30/09/2023 à 9:25
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Pourquoi 15h ? ,avec les 35h cela devrait être 14h pour deux jours.

le 30/09/2023 à 13:52
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Peut-être parce qu'il faudrait alors payer un Smic, mais s'ils commencent à mettre un pied dans la porte du public ou du para-public, si ce n'est déjà fait, ce n'est qu'une question de temps avant que la gauche ne leur promette des emplois de fonctio...

à écrit le 30/09/2023 à 8:56
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"L'article a été adopté par 38 voix contre 30" Moribonde notre pseudo démocratie. "Le RN s'est abstenu." LOL ! Quelles mascarades non mais quelles mascarades...

le 30/09/2023 à 17:53
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Oui et c'est probable que ce soit de l'effet d'annonce car les bénéficiaires du RSA, c'est des mères isolées, des cas à problèmes ou des profils complètement largués qu'on occupait avec des emplois artificiels dans la fonction publique jusqu'à ce qu'...

à écrit le 29/09/2023 à 19:14
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Cela a déjà existé par des organismes proches du département pour casser, dévaloriser, humilier les chomeurs :" vous n'êtes pas plus bête que les autres" " c'est oas de votre faute si vous êtes pas très intelligente" " vous devriez aller voir le psy ...

à écrit le 29/09/2023 à 18:24
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Sûr que ce genre d'annonce plaît à des vieux sadiques dont le principal mérite dans la vie est d'avoir eu le temps de partir en retraite juste avant la suppression de leur emploi...

à écrit le 29/09/2023 à 16:25
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Excellente décision du gouvernement il est anormal de toucher des aides quelles qu'elles soient sans contreparties. Certains travaillent au noir et cumulent RSA +APL+CMU+Complémentaire gratuite et bien évidemment sans payer d'IRPP tout cela sur le d...

le 29/09/2023 à 17:44
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Vous semblez jaloux de ces personnes, pourtant ils gagnent très peu et ne cotisent pas pour leur retraite que vous vous aurez droit en travaillant pas au noir... Quand à faire 15 h par semaines pour qu'elle raison toucheraient ils que le rsa, ils do...

à écrit le 29/09/2023 à 15:04
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Ce texte est très bon il y a tellement de gens qui touche le RSA et d'autres aides en ne veulent pas travailler, bravo le gouvernement

le 29/09/2023 à 16:41
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Pas tous : Les prestations sociales ne sont pas réclamées par toutes les personnes qui y auraient droit. Plus d’un foyer sur trois ayant droit au revenu de solidarité active (RSA) ne demandent pas cette prestation, a fait savoir, dans un document ...

à écrit le 29/09/2023 à 14:35
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Pas besoin d'être de gauche ! juste la situation de tous les gens qui depuis 2019 subissent la violence sociétale de lla macronie ! Imaginez ! 2019 vous investissez pour ouvrir une entreprise, grève, puis directement covid, vos investissements dan...

le 29/09/2023 à 19:01
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Et pour cause, Macron s'est fait réélire en captant l'électorat des LR, pour l'essentiel des bureaucrates déjà en retraite à 57/58 ans (merci Fillon) et des professionnels du secteur privé protégé... Dit autrement une belle brochette de planqués...

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