
Les signes de fragilité de la reprise apparaissent. Selon le cabinet Markit, l'indice qui synthétise l'activité dans les services ralentit pour le deuxième mois consécutif pour atteindre son plus bas niveau depuis août 2017.
"Cet essoufflement de la croissance reflète une modération de l'expansion du volume des nouvelles affaires tandis que l'emploi progresse à son plus faible rythme depuis six mois" explique l'économiste Alex Gill.
La même tendance est également visible dans l'industrie manufacturière. Ce fléchissement du secteur privé intervient alors le gouvernement traverse une séquence difficile. La grogne sociale s'envenime dans le monde du travail avec la multiplication des grèves dans des secteurs économiques majeurs, comme le transport aérien ou le rail.
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[L'intersyndicale d'Air France réclame une hausse des salaires de 6%. Crédits : Reuters]
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Modération de la demande dans le tertiaire
L'indicateur composite final de l'ensemble de l'activité (PMI) s'est établi à 56,3 points, a détaillé IHS Markit. Ce chiffre est légèrement supérieur à une première estimation publiée le 22 mars, qui évoquait un PMI à 56,2 points. Ce léger ralentissement s'explique principalement par une modération de la demande selon les entreprises interrogées par le cabinet. Celle-ci entraîne "une décélération du rythme des créations d'emplois tandis que la confiance des prestataires de services se replie à son plus bas niveau depuis cinq mois." Malgré ces signes de ralentissement, les entrepreneurs interrogés restent confiants sur les perspectives d'activité.
"En effet, si le degré de confiance recule légèrement par rapport au mois dernier, il demeure toutefois élevé et nettement supérieur à sa moyenne historique."
Cet optimise repose avant tout sur des prévisions de forte croissance économique et de hausse des investissements. À ce sujet, la dernière note de conjoncture de l'Insee vient assombrir ces prévisions. En effet, les économistes de l'institut de statistiques envisagent un ralentissement de la croissance au cours du premier semestre marqué par une baisse du pouvoir d'achat des Français.
L'industrie au ralenti
Du côté de l'industrie, l'activité tourne également au ralenti. Selon le dernier communiqué du cabinet markit publié le 3 avril dernier, "les données de mars signalent un ralentissement de la croissance du secteur manufacturier français à la fin du premier trimestre 2018."
"L'indice PMI recule en effet pour le troisième mois consécutif en mars, et signale le plus faible taux d'expansion du secteur depuis un an", complète Alex Gill.
Ce repli de l'activité repose avant tout sur un affaiblissement des nouvelles commandes à la fois au niveau national et à l'international. Ce qui risque d'accroître les difficultés des entreprises françaises pour exporter.
Les économistes de Markit expliquent également que la baisse de la demande clients pourrait résulter en partie de mauvaises conditions météorologiques "ainsi que de la force de l'euro". La confiance des fabricants français s'amenuise par rapport au niveau record du mois dernier, "mais continue d'afficher un niveau élevé, les entreprises interrogées fondant leurs perspectives de croissance sur le maintien d'une forte demande clients."
"Si la croissance s'est affaiblie par rapport aux taux d'expansion enregistrés au cours de l'année 2017, l'Indice PMI reste cependant fermement ancré en territoire positif. S'établissant à 53,7 en mars, il signale une contribution positive de l'industrie manufacturière à la croissance du PIB au premier trimestre 2018."
Coup de frein en zone euro
Le ralentissement de l'activité ne concerne pas que la France. Le secteur privé de la zone euro enregistre également sa plus faible hausse d'activité depuis le début de l'année. Les experts de Markit avancent plusieurs facteurs d'explication :
"Une légère modération de la hausse des nouvelles affaires, des intempéries dans certaines régions du Nord de l'Europe ainsi que des contraintes d'approvisionnement résultant du rythme de croissance exceptionnel de l'économie récemment observé."
Pour le chef économiste du cabinet Markit Chris Williamson, il est encore difficile "d'évaluer l'ampleur réel du ralentissement actuel de la reprise [...] Les données PMI du mois d'avril seront ainsi déterminantes, dans la mesure où elles donneront une meilleure indication du taux de croissance sous-jacent, et ainsi du calendrier de la BCE en ce qui concerne un éventuel changement de cap de sa politique monétaire."
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